Une porte sur ailleurs

Dimanche 6 avril 7 06 /04 /Avr 15:32
Chapitre 9 (fin)

Michel s'éveilla pour sentir les premières gouttes de sang couler sur ses joues. Il était très fatigué. Son corps s'épuisait comme s'il se vidait réellement de son sang. Il avait l'impression de se trouver dans un espace légèrement décalé du monde réel et se sentait léger.

Marion posa ses mains sur ses joues et le sang à nouveau se tarit. Elle le caressa tendrement, le câlina.
-Est-ce que je guérirai ? demanda Michel.
- Je ne peux pas répondre dit Marion. Ta guérison ne dépend pas de moi.
- Et de qui ? De ton maître ?
- Ce n'est pas mon maître, répondit-elle doucement. Il est beaucoup plus que cela.
- Parle-moi, Marion. Je t'en prie. Je veux bien mourir, si c'est ta volonté, mais je voudrais savoir, avant.
- Je te répondrai demain.

Paul rendit visite à Michel dans l'après-midi et lui dit son inquiétude au sujet de Gabriel.
- Il n'est pas revenu ce matin dit-il.
- Peut-être est-il rentré chez lui ? dit Michel.
- Sans me dire au revoir ? Non, ce n'est pas son style. Je suis sûr qu'il lui est arrivé malheur.
- Il a sûrement été se promener ou prier !
- Non. Je les ai suivis hier soir. Il n'est pas ressorti de chez Marion. Je vais appeler la police.
- Ils ne le trouveront pas, dit Marion en entrant.
- Où est-il ? hurla Paul.
- Il a choisi son destin Paul. Tu ne peux faire qu'une seule chose pour lui, c'est prier.
Paul la regarda avec des yeux ronds.
Marion s'occupa de Michel et comme la veille, elle l'embrassa et il s'endormit jusqu'au lendemain.
Elle passa devant Paul en souriant, poussant l'audace jusqu'à lui caresser le visage.
- Veille sur lui, dit-elle.

Le démon l'attendait de l'autre côté de la porte. Il la serra contre lui, la posséda et jouit d'elle.
- Fais quelque chose pour Michel, demanda-t-elle.
- J'aime le voir souffrir.
- Oui, je sais, mais il va mourir s'il continue à saigner.
- Et bien qu'il meure ! jeta-t-il.
- Luc ! Je t'en prie ! Je te donnerai ce que tu voudras !
- Vraiment ? Tu es sérieuse ?
- Oui.
- Ce que je voudrai ? Sans concession ?

La jeune femme savait qu'en répondant par l'affirmative, elle s'engagerait dans quelque chose qu'elle regretterait peut-être, mais c'était le seul moyen de sauver Michel.
- Oui, dit-elle.
- Bien.
Il marqua un temps, puis continua :
- Tu vas l'amener chez toi, demain soir, face à la porte et je te permets de le préparer à ma vue dit-il.
- Que désires-tu en échange ?
- Toi.
- Mais tu m'as déjà !
- Oui, mais je romps notre pacte.
- Non ! supplia-t-elle. Je ne pourrai jamais me passer de la souffrance physique. Je ne peux la ressentir que dans un corps humain !
- Tu redeviendras un démon, continua-t-il imperturbable et tu resteras à mes côtés éternellement. Mais rassure-toi je continuerai à profiter de ton corps. Nos ébats seront différents c'est tout. Mais peut-être y gagneras-tu, ajouta-t-il souriant.

Marion était bouleversée. Mais elle savait que de toute façon aucun humain ne pouvait faire jouir son corps, alors à quoi bon ! Elle était persuadée que Luc trouverait le moyen de transformer ses sensations d'une autre manière. Il était profondément sadique et pour qu'il puisse jouir il lui faudrait bien une victime !
Elle rentra au petit matin et se rendit tout de suite chez Michel.

Paul était à son chevet. Michel dormait toujours mais le sang coulait abondamment de son visage. Marion se précipita et sans un mot et y posa ses mains. Mais il n'y eut aucun changement. Elle fit des passes, le magnétisa, souffla doucement, mais sans succès.
- Il faut l'amener chez moi, tout de suite ! dit-elle à Paul.
Ils le portèrent jusqu'à la voiture. Paul conduisait et Marion tentait d'éponger le sang.
- Dépêche-toi Paul !
Ils montèrent le petit perron et Paul s'arrêta.
- Je ne peux pas entrer, gémit-il.
- Si, viens ! Tu ne risques rien, je te le promets dit Marion.

Paul tremblait comme une feuille agitée par le vent, en franchissant le seuil, mais rien ne se passa.
- Mettons le sur mon lit, dit-elle. Et maintenant attends-moi dans la cuisine Paul.
Le prêtre obéit sans demander son reste.
La jeune femme se dirigea vers la porte du mur mais ne l'ouvrit pas.

- Donne-moi le pouvoir, aujourd'hui encore, et ma vie sera tienne dit-elle les paumes dirigées vers le mur, la tête renversée en arrière et les jambes légèrement écartées.
Un vent doux passa à travers le mur et l'enveloppa. Elle se retourna et s'approcha de Michel. Elle tendit ses mains au-dessus de son visage et le sang s'arrêta.
- Il va mieux, dit-elle en revenant dans le salon, près de Paul.
- Tu ne vas pas me prendre aussi, celui-là ? demanda-t-il.
- Non. Il te sera rendu sain et sauf demain. Mais tu dois nous laisser, à présent.
Elle le raccompagna jusqu'au seuil.
- Adieu, Paul dit-elle. Ne cherche pas les réponses, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir.

Elle retourna près de Michel.
- Réveille-toi ! ordonna-t-elle.
Le jeune homme ouvrit les yeux et regarda Marion.
- Mais, nous sommes chez toi ! s'exclama-t-il.
- Oui, il n'y a qu'ici que tu pourras guérir.
- Tu m'as dit hier, que tu ne pouvais pas.
- C'est vrai. Mais ce n'est pas moi qui vais le faire.
- Qui ? Vas-tu enfin me parler, Marion ?
- Ce n'est pas facile. Vois-tu, je ne suis pas la jeune fille que tu crois. Tu me vois sous une certaine apparence, mais ce n'est pas moi. En réalité, je suis une entité invisible, un ange déchu, chassé jadis avec mon maître. Il m'a permis de prendre forme humaine, avec la liberté d'en faire ce que je veux, sauf de me donner à un homme. J'ai pu ainsi faire le bien et guérir des tas de gens. Mais toutes les nuits je dois lui revenir, avec cette apparence-là et me soumettre à tous ses instincts même les plus cruels.
- Mais..
- Non, ne dis rien, laisse-moi continuer. Cet arrangement, je l'ai accepté librement et avec joie, car j'aime la souffrance. La possession d'un corps humain me donne la possibilité de ressentir la douleur et d'en jouir indéfiniment tant que dure le supplice.
- Je ne peux pas le croire ! C'est impossible !
- C'est vrai, Michel. J'ai obtenu de vivre avec un corps magnifique et toujours jeune. Paul a entrevu la vérité et Gabriel l'a payé de sa vie.
- Mon Dieu ! dit Michel. Où est-il ?
- Là-bas dit-elle en montrant le mur. Près de mon maître.
- C'est un démon, n'est ce pas ? demanda Michel.
- Il est plus que ça, répondit Marion. Il est Lucifer, ange de lumière, Prince des Enfers et des Démons, chassé par Dieu et exilé avec d'autres, dans le monde des ténèbres.
Michel la regarda les yeux exorbités.
- Que va-t-il se passer, maintenant ? demanda-t-il enfin.
- Il va venir te guérir, car lui seul, en a le pouvoir.
Soudain, il réalisait tout ce que Marion venait de lui apprendre, qu'il avait tant voulu savoir et qu'à présent il regrettait de connaître. Comment, un simple mortel, pourrait-il supporter la vue d'une telle monstrueuse entité ?
Il se mit à trembler de terreur.

Marion le caressa tendrement, comprenant sa peur. Elle ne lui dit plus rien, car elle n'était pas certaine de la suite. Allait-il se contenter de soigner Michel et de repartir ?
Elle était loin d'en être persuadée.
Ils restèrent sans parler très longtemps. Marion étanchait le sang toutes les heures.

En fin d'après-midi, un léger souffle se leva dans la pièce. Il était doux.
- C'est lui ? demanda Michel.
Marion acquiesça et posa ses lèvres sur la bouche du jeune homme. Leur baiser fut déchirant et bref, comme un baiser d'adieu.

Elle se dirigea vers la porte dans le mur et l'ouvrit. La lumière était aveuglante. Michel chercha à y plonger son regard, mais il fut ébloui par tant de clarté. Une ombre gigantesque s'avança. Le jeune homme déglutit. Tout ce qu'il savait sur le diable lui revenait en mémoire : l'aspect du bouc, l'odeur infâme, le feu de l'enfer, etc.... Toutes ses croyances terrifiantes d'enfant.
Mais il n'était rien de tel.
Face à lui, apparut un homme d'une beauté inimaginable. Son visage était fin, ses lèvres rouges, son regard intelligent et perçant. Ses longs cheveux noirs étaient retenus sur sa nuque. Il était grand avec de larges épaules. Il était entièrement vêtu de noir.
Il sourit en s'approchant de Michel qui était tellement terrifié qu'il faisait un effort incroyable pour ne pas s'évanouir. Mais il se sentait irrésistiblement attiré par cet être diabolique.
Il eut envie de s'offrir à lui. Il eut envie de lui donner son âme pour l'éternité. Il eut envie de lui offrir son corps en cadeau, pour son seul plaisir, pour qu'il en jouisse à tout jamais.
Il en était ainsi du pouvoir du diable.
Michel s'abandonna et ferma les yeux.

Le Prince des Enfers approcha sa main du visage mutilé. Ses ongles se posèrent sur chacune des stries qui s'étaient remises à saigner, et s'y plantèrent profondément. Michel frémit et se tendit, mais ne cria pas. Avec une lenteur exaspérante, les ongles de démon descendirent le long des entailles, semblant vouloir les creuser davantage. Mais après leur passage, la peau se refermait à vue d'œil. Michel souffrait bien plus que lorsque Marion l'avait blessé. La douleur s'était répandue dans tout son être comme une jouissance. Il la sentait, la respirait. Il aurait voulu que jamais, elle ne cessât.
Il comprenait, maintenant, ce que ressentait Marion lorsqu'elle s'abandonnait à la souffrance pour son plaisir mais aussi pour celui de cet être infernal et diabolique.
Puis tout fut fini. Michel ouvrit les yeux. Satan le regardait de ses yeux de braises.
- Prends-moi ! supplia le jeune homme.
- Non, Michel. C'est Marion que je veux. Elle s'est offerte pour toi, pour que tu guérisses. Aujourd'hui, je te laisse à la vie, je te laisse loin de moi. C'est ton prix à payer.
- NON ! hurla Michel.


Il voulut se lever, mais il était engourdi. Il vit partir Marion, la main dans celle de son amant infernal.
La porte lumineuse disparut et le mur se referma à jamais.


 


 

FIN

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Samedi 5 avril 6 05 /04 /Avr 19:33
Chapitre 8

Marion referma la porte d'entrée. Elle était épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir. Elle avait mis toute son énergie et sa rage dans son action contre Michel. A présent, elle regrettait. Il devait beaucoup souffrir.
Elle attendit le soir et traversa la porte sur l'autre monde.

La pièce où elle arriva n'était pas la même, mais Luc aimait les farces. Il la prit dans ses bras. Son baiser fut gourmand et possessif. Il lui arracha sa robe, la renversa à terre. Il lui écarta les cuisses brutalement, les plaquant au sol. Elle hurla lorsque ses deux fémurs se déboîtèrent de leur logement. Luc se laissa tomber sur elle de toute sa force et la prit sauvagement, déchirant son sexe. Le sang coula se mélangeant au sperme.
Elle ne put supporter une telle souffrance et perdit connaissance.
Il la frappa en plein visage.

Elle bredouilla :
- Pourquoi ?
- Je suis en colère et j'avais besoin de me défouler ! Tes humains me fatiguent ! explosa Luc. En paiement de la fillette, je veux le prêtre !
- Paul ?
- Non. Celui-là n'est pas dangereux, l'autre celui qui s'appelle Gabriel. Ah ! Il a bien choisi son nom !
- Je t'en prie Luc, j'ai mal ! supplia-t-elle.
- Je croyais que tu aimais ça ! dit-il en souriant. J'ai envie que tu souffres, pour me faire plaisir.

Marion regarda son amant, les yeux pleins de larmes. Elle ne dit plus rien et supporta puisque tel était son plaisir.
Luc posa ses lèvres sur son sexe et la lécha tendrement, puis il prit son visage dans ses mains et lécha aussi ses larmes tout le temps qu'elles coulèrent. Lorsqu'il en eut assez, il prit les cuisses de sa maîtresse et d'un coup sec les remit en place. Elle hurla à nouveau, mais un long baiser l'empêcha de s'évanouir.

- Tu vas m'amener Gabriel, ici, dit enfin Luc
- Ici ! mais tu vas devoir le tuer !
- C'est bien ce que j'ai l'intention de faire, mais avant je veux m'amuser un peu avec lui. Il veut savoir ce qui se passe dans ta maison et si le diable s'y trouve ? Et bien nous allons répondre à ses questions !
- Luc ! s'exclama Marion.
- Obéis ! En échange, je te permets de soulager ton Michel qui est en train de mourir.
- Comment ça ? interrogea-t-elle.
- Oui, je ne te l'avais pas dit, mais les blessures que tu lui as faites ne cicatriseront jamais !
- Luc ! Tu ne peux pas faire ça, supplia Marion.
- Tu sais très bien que je fais ce que je veux ! Va ! Retourne là-bas et sers-moi !

Marion se leva et se dirigea en tremblant vers la porte scintillante.
Elle se laissa tomber sur son lit après avoir fait disparaître toutes les traces de son étreinte nocturne.

Chez Michel, les deux prêtres étaient à court de compresses. Ils priaient à tour de rôle pour tenter de trouver un secours dans les cieux. Mais, il leur vint des enfers !
- Gabriel, il saigne à nouveau ! dit Paul. Qu'allons-nous faire ?
- Michel ! Réveille-toi, le stimula Gabriel.
- J'appelle l'hôpital dit Paul.
- Ça ne servirait à rien, dit Marion.
Elle venait d'apparaître comme par magie, dans la pièce.
- Comment es-tu entrée ! s'exclama Paul.

Puis se reprenant :
- Sors d'ici ! Tu as fait suffisamment de mal, sorcière !
- Je suis peut-être une sorcière, mais je suis la seule à pouvoir le soulager. Ecarte-toi ordonna-t-elle.

Le ton de sa voix était sans réplique. Paul la laissa s'approcher de Michel.
Elle regarda son amant d'un jour, presque tendrement. Elle posa ses paumes sur le visage sanguinolent. Le sang s'arrêta de couler immédiatement. Elle souffla doucement.
- Réveille-toi Michel dit-elle doucement.
Le jeune homme ouvrit les yeux et immédiatement la souffrance et la terreur les remplirent.
- J'ai mal, implora-t-il.
- Je sais. Calme-toi et respire profondément.

Marion fit de grands gestes amples au-dessus du visage de Michel et au bout de quelques instants, la douleur avait totalement disparu.

Paul et Gabriel regardaient, sidérés. La puissance de guérison que dégageait Marion était extraordinaire.
- Tu l'as guéri ! s'étonna Gabriel.
- Pas tout à fait, dit Marion en se retournant vers lui. Simplement, il ne souffrira plus. Mais je ne peux pas arrêter le saignement.
- Mais, il ne saigne plus ! dit Paul.
- Pour l'instant, mais ce n'est qu'une accalmie, dans une heure environ cela recommencera.
- Mais pourquoi ne l'arrêtes-tu pas définitivement ? demanda Gabriel.
- Parce que la décision ne m'appartient pas, dit Marion lentement.
- Et à qui appartient-elle ? demanda Gabriel.
- Tu poses beaucoup trop de questions, mais si tu veux les réponses, viens chez moi, ce soir ! répondit-elle avec un air de défi dans la voix.

Avant de partir Marion se retourna vers Michel.
- Je te demande pardon dit-elle, je ne voulais pas aller si loin. Appelle-moi chaque fois que le saignement recommencera.

Les trois hommes se regardèrent. Michel se redressa et voulut aller se regarder dans la glace.
- Reste allongé Michel dit Paul.
- Mais je ne vais pas rester couché le restant de mes jours !
- Non, dit Gabriel. Ce soir j'irai là-bas et je ramènerai de quoi te guérir.
- Si tu y vas, tu n'en reviendras pas dit Paul. Et tu le sais très bien.
- Peut-être, mais cela vaut la peine d'essayer.

Maintenant, je vais vous laisser et aller prier.
Le saignement reprenait toutes les heures avec une régularité diabolique. Chaque fois, Marion magnétisait le visage du jeune homme et l'hémorragie s'arrêtait.
Au coucher du soleil, Michel demanda :
- Tu viendras cette nuit ?
- Non, tu sais bien que je ne peux pas. Mais ne t'inquiète pas. Tu n'auras pas besoin de moi avant demain matin. Je serai à tes côtés lorsque les premières gouttes de sang apparaîtront, je te le promets.
Elle se pencha sur son visage et posa tendrement ses lèvres sur sa bouche, puis elle sortit rapidement. Michel sentit ses paupières se fermer et il s'endormit.

Marion passa devant la petite église. La porte était ouverte et elle vit Gabriel à genoux devant l'autel. Elle s'avança dans la nef. Le prêtre sentit sa présence et se retourna.
- C'est l'heure, dit-elle simplement.
- Je suis prêt répondit Gabriel. Puis-je te poser une question ?
- Dis toujours.
- Comment fais-tu pour entrer dans cette église, car tu es bien d'essence démoniaque n'est ce pas ?
- Là, où tu te rends ce soir, il sera répondu à toutes tes questions. Mais sache qu'il y a des tas d'humains et d'esprits dans les églises et pas seulement des bons ou des purs. Ne retarde pas l'échéance. Viens, Gabriel.
Marion lui tendit la main, souriante. Il la prit et la suivit.

Paul essaya de le retenir, mais Gabriel leva la main.
- Laisse-moi, Paul. Je dois y aller.
Le calme régnait dans la petite maison,. Marion amena Gabriel dans sa chambre et fit apparaître la porte dans le mur. Elle scintillait. Les bords en étaient toujours flous, mais cette fois des flammes s'en échappaient. La chaleur qu'elle dégageait était suffocante. Gabriel recula.
- Déshabille-toi ! ordonna Marion. Tu dois laisser derrière toi, ce que fut ta vie et tous les objets qui représentent ton ministère.
- Non, Marion, je ne peux pas, dit Gabriel soudain paniqué.
- Mais, si tu peux. Tu dois aller à Satan, Maître des Enfers, dans le même état que tu es venu au monde humain ; entièrement nu. Tu vas lui offrir ton corps pour qu'il en jouisse et ton esprit pour qu'il en soit le maître. Tu vas lui donner tout ce que tu offris jadis à Dieu.

Elle se mit face à lui et plongea ses yeux bleu foncé dans les siens. Son regard le prit, imposant sa volonté. Elle l'aida à se dévêtir.
Il s'approcha de la porte malgré la fournaise. Ses cheveux commencèrent à se consumer, son corps rougit, son sexe se dressa.
- Avance, dit-elle.

Et Gabriel traversa la porte de feu, suivi de Marion.
Paul et Michel ne le revirent jamais.

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Samedi 5 avril 6 05 /04 /Avr 19:15
Chapitre 7

Un après-midi, elle fut appelée à l'école car une fillette était tombée d'un mur sur lequel elle s'était réfugiée poursuivie par un garçonnet.
La petite fille souffrait beaucoup et pleurait bruyamment. Elle était allongée sur une table et s'accrochait désespérément à Michel. Marion, sans regarder le jeune homme, examina rapidement l'enfant.

- Sa jambe est brisée en plusieurs endroits, dit-elle. Il faut l'emmener à l'hôpital.
- Ce n'est pas possible dit Michel. Il y a eu un éboulement sur la route et elle est coupée. Nous sommes isolés du monde pour un jour ou deux, peut-être plus. Tu dois la soigner Marion, ici.
- Mais ce sont des fractures ! Il faut les réduire chirurgicalement, je ne suis pas médecin.
- Tu es beaucoup plus et je suis sûr que tu peux, si tu le veux dit-il l'air narquois. Tes pouvoirs ne sont-ils pas immenses ?
Marion ne releva pas l'ironie tout juste aimable de Michel.

- Je vais voir ce que je peux faire dit-elle. Mais il faut la transporter chez moi.
Le père de la fillette la prit dans ses bras. Michel les accompagna.

L'enfant fut allongée sur le lit de Marion. La jeune femme fit quelques passes avec ses mains au-dessus de la fillette qui s'endormit aussitôt.
- Maintenant, sortez dit-elle. Toi aussi, Michel.
- Non.
Il la regarda bien dans les yeux, la défiant.
- Ne me provoque pas, Michel, s'il te plaît, dit-elle, soudain nerveuse.
- Je reste là, répondit-il. Je veux te voir à l'œuvre.
- Venez Michel, dit le père de la fillette.
- Sors ! ordonna-t-elle. Tout de suite ! Cet enfant a besoin de soins et je n'ai pas le temps de m'occuper de toi.
- Il n'en est pas question ! cria-t-il.
- Très bien. Si tu le prends comme ça tu vas voir une partie de mes pouvoirs qui t'intéresse tant.
Marion était furibonde. Pourquoi Michel était-il aussi têtu ? Il la poussait dans ses limites, sans se rendre du compte du danger. Alors, elle fit quelque chose d'irrémédiable. Elle se dirigea vers la porte du mur, mais ne l'ouvrit pas. Elle ferma les yeux.
- Luc ! dit-elle simplement, en présentant les paumes de ses mains, à la porte.

Il était très rare qu'elle utilise ce prénom. Il lui servait uniquement dans les cas extrêmes.
Michel regarda la jeune femme.
Elle sembla grandir, devenir lumineuse. Puis, elle se retourna. L'éclat sombre de ses yeux, le terrifia.
Un instant, il regretta, mais c'était trop tard. Le vent se leva dans la pièce faisant voler les longs cheveux de Marion. Elle tendit les bras vers lui et souffla. Il fut projeté à travers la pièce, manqua de peu l'ouverture de la porte de la chambre et se retrouva à terre, au milieu de la cuisine. Elle s'approcha de lui et leva la main vers le visage du jeune homme, écartant légèrement les doigts. Michel vit nettement ses ongles et frémit. Ils étaient pointus, légèrement recourbés et mesuraient au moins cinq centimètres. La main droite de Marion lui cingla le visage et ses ongles creusèrent cinq profondes ornières sur sa joue. Il hurla, posa sa main sur son visage et vit le sang. Il gémit de douleur et recula jusqu'à la porte.
- Sors ! Ou je continue dit-elle avec une voix entourée d'écho.
Cette fois le jeune homme, paniqué, obéit.
Il sortit hébété et s'évanouit sur le perron.
Paul qui avait été averti, se précipita et l'emmena rapidement.


Une fois seule, Marion ouvrit la porte dans le mur et Luc entra. Il ressemblait à un humain comme tous les autres, juste un peu plus grand et avec un regard fascinant.
- Je vais t'aider, dit-il. Mais c'est exceptionnel et je veux quelque chose en échange.
- Tout ce que tu voudras, mon aimé, mais guéris cette petite fille, elle souffre beaucoup.
- Je te dirai mon souhait ce soir, répondit-il.

Il s'approcha de l'enfant et posa ses mains sur sa jambe, quelques secondes. Les os se remirent en place instantanément. La petite fille soupira dans son sommeil.
L'être se tourna vers Marion, lui caressa la joue, puis il franchit la porte lumineuse qui se referma derrière lui.
Marion prit la fillette dans ses bras et la rendit à son père qui la remercia sans poser de questions.

Le village, un peu reculé dans une campagne oubliée, avait depuis longtemps accepté Marion. On la prenait pour une fée, plutôt que pour une sorcière. Même si parfois, comme avec la fillette de l'école, ses guérisons étaient pour le moins extraordinaires, personne ne posait de questions, ni ne cherchait d'explication.

Seuls, Paul et Michel étaient trop curieux. Marion pensait qu'en ce qui concernait le premier, l'avertissement avait porté ses fruits, mais Michel ne s'avouerait pas battu, malgré la douleur et la peur qu'elle lui avait faites, elle en était certaine. L'autre homme l'inquiétait aussi. Celui-là était plus subtil que les deux autres et ne mettrait pas longtemps à découvrir son secret, elle en avait bien peur.

Michel n'avait pas repris connaissance. Paul était penché sur lui. Il avait lavé les sillons profonds. Mais le sang coulait toujours malgré les compresses hémostatiques. Il les avait déjà changées plusieurs fois, mais rien n'y faisait.
- Ecarte-toi, une seconde dit Gabriel.
Il tendit ses deux mains à quelques centimètres du visage de Michel et ferma les yeux. Il se concentra. Tout à coup, il respira plus vite et se mit à trembler. Paul l'observait mais ne fit rien jusqu'au moment où Gabriel fut agité de secousses violentes. Il ouvrit les yeux. Ils étaient écarquillés et brouillés de larmes. La terreur se lisait dans son regard. Et pendant une seconde, Paul eut l'impression que quelqu'un d'autre regardait par ses yeux. Quelque chose de noir et de puissant. Il frissonna.
Gabriel bredouilla quelque chose que Paul ne comprit pas. Celui-ci le prit par les épaules et le secoua quand il s'aperçut qu'il était ailleurs.
- Gabriel ! Reviens avec nous ! Réveille-toi !
Il le gifla.
Gabriel le regarda avec étonnement puis réalisa.
- C'est un démon, qui a fait ça, Paul et pas n'importe lequel. Il est extrêmement puissant.
- Ce n'est pas Marion ?
- Non, elle n'a été que le bras. Mais elle est très forte, elle aussi.
- Il faut que je te dise quelque chose, dit Paul.
Et il raconta l'épisode qu'il avait vécu, chez Marion, peu après son arrivée.
- Alors, il n'y a plus de doute dit-il. Nous nous trouvons devant un phénomène satanique très important.
- Qu'allons-nous faire ? demanda Paul.
- Tout d'abord, trouver le moyen de soigner Michel, car s'il continue à saigner, il n'en a pas pour bien longtemps.

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Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 19:16

Chapitre 6


Un mois plus tard, Paul accueillit son ami Gabriel, à la descente du bus. Après leur conversation téléphonique, ce dernier avait expédié ses affaires en cours et il était venu se rendre compte sur place.
Les deux prêtres entrèrent à l'église, se recueillir quelques minutes.

Puis, ils allèrent chercher Michel à l'école et décidèrent de profiter de l'absence de Marion pour visiter sa maison.
Paul refusa de pénétrer dans la maison. Gabriel précéda Michel qui resta prudemment dans la cuisine.
Le prêtre posa sa main sur le radiateur. Il était chaud. Il s'avança vers la chambre, mais ne put en franchir la porte.
- Michel ? appela-t-il.
- Que se passe-t-il ?
- Je ne peux pas entrer ! On dirait un champ de forces.
- Laisse-moi essayer, dit Michel.
Mais ils eurent beau faire. La porte était ouverte, ils voyaient le givre sur les meubles, ils sentaient le froid, mais un mur invisible et impénétrable se dressait devant eux.
Gabriel promenait ses mains sur la surface dure, cherchant un point plus souple. Il les immobilisa bien au centre.
- Pose tes mains à côté des miennes dit-il à Michel.
Il se concentra et tenta de percer le mur par la pensée.
Une violente bourrasque, venue de la chambre, s'engouffra soudainement dans le salon, renversant les deux hommes, sur son passage. Le froid glacial gagna le reste de la maison, gelant tout sur son passage. L'odeur de souffre se répandit, lourde, entêtante. Un mini tornade s'enroula autour de Gabriel, le lançant dans les airs. Il retomba durement sur le plancher. Michel fut poussé brutalement contre le mur de la cuisine et reçu la table sur le bras, qu'elle faillit bien lui briser.

- Foutons le camp ! hurla Paul depuis le seuil.
Les trois hommes sortirent en courant. Ils se retournèrent vers la maison, où le calme était déjà revenu.
- Mais ce n'est pas possible ! dit Michel. Nous n'avons pourtant pas rêvé !
- Non, mon ami, dit Gabriel. Mais si tout ceci n'est pas l'œuvre du démon, cela y ressemble fortement.
- Qu'en penses-tu ? demanda Paul.
- Je ne suis pas resté assez longtemps répondit Gabriel, mais je pense qu'il s'agit d'entités, dont une est extrêmement puissante. Elle protège la maison, c'est indéniable.

- Comment cela ? Il y en a plusieurs ? demanda Michel.
- Oui, il y a deux. Et votre amie est l'une d'entre elle, ajouta-t-il.
- Que veux-tu dire ? demanda Paul éberlué.
- Je ne sais pas au juste, il faudrait que je retourne dans la maison, mais je sens deux présences distinctes et elles ne sont pas humaines.
- Tout ça n'est pas sérieux ! s'écria Michel. Marion est une jeune femme, en chair et en os, victime d'un sadique et d'un fou et vous me parlez d'entités démoniaques !
- C'est très sérieux Michel, dit Gabriel. Mais je n'ai pas dit qu'elles étaient démoniaques, du moins pas encore.
- Vous êtes aussi fous l'un que l'autre dit Michel.
Et, il tourna les talons.
Gabriel fit le tour de la maison pour chercher un détail pouvant appuyer sa théorie mais ne trouva rien. Il décida de rester encore quelques jours afin d'attendre le retour éventuel de Marion.

Le lendemain, Michel s'apprêtait à partir pour l'école lorsque la sonnette retentit. Il fut cloué sur place en voyant Marion.
- Toi ?
- Je suis revenue, dit-elle simplement.
- Mais j'étais fou d'inquiétude dit Michel. Où étais-tu ?
- J'ai été malade, répondit-elle. Tu me laisses entrer ?
- Bien sûr, excuse-moi, mais je ne m'attendais vraiment pas à toi.

Il la prit par les épaules et l'emmena sur le canapé. Il lui prit les mains et les caressa, mais Marion se dégagea.
- Non ! dit-elle. Je ne veux plus te voir, Michel, ajouta-t-elle doucement.
- Mais pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fait ?
- Rien. Justement. Tu n'as rien fait. Mais nous en avions déjà discuté et je crois que cette fois, nous en resterons là. Je veux bien rester ton amie, mais rien de plus.
- Mais, Marion, je t'aime.
- Je sais, Michel, mais rien n'est possible entre nous.
Le jeune homme voulut la prendre dans ses bras, pour la faire changer d'avis, mais elle se déroba et s'enfuit en claquant la porte.

Michel ivre de tristesse, la laissa partir. Il ne savait plus que penser, ni que faire. Ses amis auraient-ils raison ?
Il décida d'élucider le mystère de Marion.
Accompagné de Gabriel, il se rendit tous les soirs observer le rectangle lumineux dans le mur de la maison. Ils voulurent plusieurs fois approcher tout près pour voir à l'intérieur mais le même champ de forces que dans la maison les en empêchèrent.
Marion les avait vus mais ne les avait pas chassés. Elle en avait parlé à son amant gigantesque qui avait simplement sourit énigmatiquement. Il aurait pu effacer la lumière sur le mur, mais il n'en avait rien fait et Marion ne lui en avait pas demandé la raison.

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Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 18:20

Chapitre 5


L’être mystérieux attendait Marion, à la porte lumineuse. Contrairement aux autres fois, il avait repris sa forme véritable. Il paraissait encore plus grand dans sa nudité. Ses longs cheveux noirs couvraient ses épaules. Ses oreilles étaient beaucoup plus grandes que celles des humains et pointues. Il avait un large front, au-dessus d’orbites noires, profondes et vides. Son nez était mince, ses narines pincées. Ses lèvres rouges étaient épaisses et pulpeuses. Il avait un torse lisse, sans poil et un sexe démesuré, en érection. Son apparence était presque humaine, si ce n’est les deux grandes ailes repliées, qu’il avait dans le dos. La surprise laissa Marion sans réaction.

 - Ce soir, je veux que tu te transformes lui dit-il. Reprends pour moi, ton aspect, mais garde tes sensations humaines. Viens ma reine. La jeune femme se laissa faire et ferma les yeux pendant que son corps se modifiait. Ses vêtements disparurent. Des ailes refermées apparurent dans son dos et ses pieds s’étalèrent se transformant en serres puissantes. Elle garda sa poitrine humaine mais ses seins se gonflèrent et grossirent. Son visage ne fut que très peu modifié sauf ses yeux dont les orbites apparurent, sans les yeux. Ses cheveux s’allongèrent et prirent un beau roux foncé. Au bout de ses doigts, ses ongles s’étirèrent et devinrent tranchants comme des rasoirs. L’ange saisit tendrement son visage dans ses mains et prit sa bouche. Elle se serra contre lui, touchant sa langue avec la sienne, lui rendant son baiser passionnément. Son cœur battit plus vite, sa respiration s’accéléra.
 - J’ai envie de toi, lui murmura-t-il. Marion était redevenue elle-même. Leur étreinte fut violente, leur orgasme continu, douloureux et passionné à outrance. Ils s’accouplèrent encore et encore, leur corps d’ange ne ressentant pas la fatigue. Leurs caresses furent précises et leurs ongles trop longs lacérèrent leurs corps. Souffrance et volupté intenses se mélangèrent dans une jouissance démesurée et indescriptible. Ils se prirent et se reprirent mutuellement, s’offrant et se possédant, tout à tour. Leurs ébats durèrent si longtemps que Marion ne put rentrer ce matin-là, le soleil s’étant déjà levé. - Ne retourne pas là-bas dit-il, reste avec moi, mon aimée. - Non, pas encore, accorde-moi un peu plus de temps. - Bien. Mais à une condition répondit l’ange en reprenant forme humaine. - Laquelle ?
- Je veux que tu séduises ton petit humain et qu’il te fasse l’amour.
 -Mais, tu ne voulais pas !
- Eh bien disons que j’ai changé d’avis. Tu vas l’amener dans ta chambre, pour que je ne perde rien du spectacle. - Comme tu voudras, répondit Marion, soumise, en reprenant elle aussi, sa forme humaine. A l’aube du jour suivant, Marion referma la porte dans le mur et partit dans le village en quête de Michel. Elle fit semblant de le rencontrer fortuitement.
- Bonjour, Michel lui dit-elle gentiment.
 - Marion ! Tu n’es plus fâchée ? Pourquoi m’as-tu évité ? Tu me manques tant !
 - Michel ! Tes questions, toujours. Viens je t’invite à manger chez moi, nous discuterons.
Et elle le tira par la main jusque devant sa maison. Elle se fit tendre et douce et insidieusement tenta le jeune homme. Lorsqu’ils eurent mangé, elle l’attira sur le divan, s’approchant de lui. Il ne comprenait pas ce revirement mais tout à son bonheur, il ne vit pas le danger. Elle troubla et excita Michel jusqu'à ce que celui-ci s’enhardisse et commence à la caresser. Elle se laissa faire. Ils étaient allés bien loin, lorsque Michel brusquement la lâcha et se recula.
 - Non ! dit-il, pas comme ça. Marion ! Que se passe-t-il ? Tu me fuis depuis plus de quinze jours et tout d’un coup tu t’offres à moi !

 - Je ne te plais plus ? 
 - Là n’est pas la question, Marion et tu le sais !
- Que veux-tu savoir ? demanda-t-elle.
La question le prit au dépourvu. Il mit quelques instants à réagir. Il reprit ses caresses, glissant sa main sous la jupe de Marion. Elle sourit.
- Où vas-tu chaque soir ? demanda-t-il doucement tandis que sa main progressait. - Nulle part, je vais me coucher dans ma chambre comme tout le monde, répondit-elle. - Qui te fait ces marques sur le corps ? - Quelles marques ? Je n’ai aucune marque ! - Soulève ton polo ! Elle obéit. Sa poitrine était blanche, sans aucune cicatrice. - Où sont-elles ? Elles n’ont pas pu disparaître en quinze jours ! - Mais, Michel, je n’ai jamais eu de marques ! Elle niait avec une telle conviction que Michel fut assaillit de doutes.
- Mais tu m’as dit l’autre jour que tu aimais la souffrance. Il y a bien quelqu’un qui ... Elle l’interrompit. - Caresse-moi dit-elle. Continue ! Michel ne savait plus que penser. Sa main se fit plus précise, comme douée d’une vie propre et pénétra le sexe mouillé de Marion. Elle frissonna de plaisir.
- D’où vient cette lumière vive sur le mur de ta chambre, chaque nuit demanda-t-il, au moment où Marion s’y attendait le moins.
 - ... Quelle lumière ?
 - Marion, je t’en prie répond à mes questions !
- Non, je ne peux pas Michel. Il faut que tu m’acceptes comme je suis, sinon vas-t’en ! dit-elle, en se dégageant brutalement. Elle se précipita dans sa chambre, simulant les larmes et s’effondra sur son lit. Michel la suivit, regrettant son attitude.
 - Pardonne-moi, ma chérie, dit-il. Tu me parleras quand tu le désireras. Viens contre-moi.
Leur étreinte fut classique et sans surprise. Marion, excitée par les caresses trop sages, était loin d’être satisfaite. Elle se rendit compte à ce moment-là que son amant ailé avait raison. Michel était trop gentil et trop sage. Il ne pourrait jamais lui offrir un millième des sensations qu’elle éprouvait avec son amant de l’autre monde. Elle ne pourrait pas non plus attendre la nuit pour être satisfaite.
 - Fais-moi mal, Michel, demanda-t-elle doucement.
 - Non ! Marion, je ne peux pas faire une chose pareille.
 - Je t’en prie insista-t-elle.
En quelque secondes, elle se mit à trembler, à suffoquer. Elle se roula sur le lit en bavant. Puis elle se mit à hurler en le suppliant de la frapper. Les tremblements s’accentuèrent comme si elle avait une crise d’épilepsie. Michel lui caressa le visage et lui parla doucement pour la calmer. Sans le savoir, il faisait tout le contraire de ce qu’il fallait faire. Au bout de quelques minutes, elle prit une belle teinte bleutée et commença à s’étouffer. Michel ne s’en rendit pas compte, mais une légère excroissance apparut dans son dos. Il se précipita dans le salon pour téléphoner. A ce moment-là, la porte de la chambre se referma en claquant violemment. Michel voulut la rouvrir mais rien n’y fit.
 - Marion !
 -  Ouvre-moi, dit-il inutilement. Il secoua la poignée mais il ne put ouvrir la porte. Il décrocha le combiné et appela Paul et une ambulance. Pendant ce temps-là, dans la chambre, malgré la lumière du jour, une ombre apparut, gigantesque. Le vent s’était levé et tous les objets s’envolaient dans tout les sens. Le fracas était épouvantable. La silhouette s’approcha de Marion et la gifla. Elle ouvrit les yeux. 
- Calme-toi ! ordonna son amant, prenant forme.
 - Je ...
 - Ne parle pas ! Ferme les yeux. I
Il prit Marion dans ses bras et l’emporta. Paul et Michel enfoncèrent la porte de la chambre. Le désordre était inouï. La fenêtre était grande ouverte et Marion avait disparu. Le froid régnait dans la chambre et il y avait du givre sur les meubles et une profonde odeur de souffre imprégnait la pièce. Les deux hommes se regardèrent.
 - Mais, où est-elle ? demanda Michel, je n’ai pas quitté la maison.
 - Elle a dû partir par la fenêtre.
 - Dans l’état où elle était ? C’est impossible.
Paul entraîna Michel dehors.
 - Viens, dit-il. Renvoie l’ambulance et partons d’ici.
 - Je crois que j’ai raison dit Paul au bout d’un moment. Tu as vu l’état de sa chambre ? Tu as senti l’odeur de souffre ? J’en tremble encore. Cette fois, j’en suis sur, il y a un être démoniaque là-dessous.
 - Tu es bien comme tous les curés ! Dès que quelque chose est bizarre c’est l’œuvre du diable ! Je t’accorde que ce qui vient de ce passer n’est pas très normal, mais ce n’est pas une raison pour y voir une manifestation démoniaque ! D’ailleurs je ne crois pas au diable !
- Evidemment ! Tu ne crois pas non plus en Dieu, malgré tes visites à l’église. Comment expliques-tu ce froid ?
- Nous sommes en janvier, c’est normal, répliqua Michel.
- Il y avait du chauffage, le radiateur était chaud, la fenêtre a dû rester ouverte au plus cinq minutes et il ne gèle pas dehors ! - Il y a sûrement une explication ! Son amant a du venir la chercher.
 - Tu l’aurais vu ! s’exclama Paul.
 - Peut-être pas, dit Michel qui commençait à être à court d’arguments.
- J’ai un ami qui est spécialisé dans les possessions et tout ce qui touche aux démons et au surnaturel, veux-tu que je l’appelle ? demanda Paul.
 - C’est un exorciste ?
 - Pas tout à fait dit Paul. Il est médium.
- Si tu veux., acquiesça Michel de la lassitude dans la voix.
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Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 00:00

Chapitre 4


Dans les jours qui suivirent, elle évita soigneusement Michel. Elle était très froide quand il la croisait et elle refusait obstinément de lui parler. Inquiet, Michel se rendit chez Paul et lui raconta en partie ce qu’il s’était passé, lors de leur dernière rencontre. Il ne pouvait plus garder ce secret pour lui.
- Va la voir, lui demanda Michel, peut être qu’elle t’ouvrira. 
- Non, c’est impossible dit Paul, un peu trop rapidement. Michel fixa son ami, étonné. Paul fuit son regard. Il était embarrassé.
- Pourquoi ? demanda Michel
- C’est difficile. Je ... Ecoute, je suis désolé, mais.... Je ne peux pas aller chez Marion.
- Mais pourquoi ? répéta Michel. J’en ai assez de tous ces mystères. Paul, je l’aime comme un fou, aide-moi, je t’en prie. Paul prit une profonde inspiration.
- Assieds-toi, dit-il écoute-moi et ne m’interromps pas. Paul prit place en face de lui et lui tendit un verre de whisky en lui disant qu’il allait en avoir besoin.


- Lorsque je suis arrivé au village, il y a une dizaine d’années, Marion était là depuis bien longtemps. Le vieux curé que j’ai remplacé, m’a raconté des choses troublantes à son sujet. Il avait pris son poste quarante ans auparavant et elle était déjà là.
 - Et alors ? l’interrompit Michel, sur la défensive.
 - Tu oublies qu’elle a environ vingt-cinq et que je te parle de cinquante ans en arrière ! Attends ! poursuivit-il, laisse-moi parler. Ceci n’est qu’un des mystère et je lui laisse le bénéfice du doute. C’est peut-être sa sœur ou sa mère, avec une incroyable ressemblance, ce dont je doute fort. Déjà à cette époque, elle avait ce pouvoir de guérison qui fait le bonheur de tous. Il n’a jamais changé, ni baissé, depuis toutes ces années. Mais, laissons cela. Quand je me suis établi, je l’ai rencontré, comme tous les autres. Elle était gentille, agréable et si je n’avais pas été prêtre, tu peux croire que je lui aurais fait la cour. Mais, un jour j’ai voulu aller lui rendre visite, chez elle. C’était en été, en début de soirée, il commençait à faire sombre. J’ai frappé et quand elle m’a vu, sa première réaction a été de refermer la porte. J’ai frappé à nouveau et elle m’a dit de m’en aller, à travers la porte. Je ne comprenais pas son attitude. J’ai insisté, mal m’en prit. Elle m’ouvrit, le visage pâle et défait. « Allez-vous en, je vous en supplie, me dit-elle ». Elle n’avait pas fini de parler que toute la maison se mit à trembler. Les cadres tombèrent des murs, les meubles se renversèrent. Il y avait un vent violent et glacé qui tourbillonnait dans la pièce et une odeur indéfinissable, un peu comme du souffre. Marion se tenait face à moi, tremblante, une main sur sa bouche comme pour s’empêcher de hurler. Elle avait manifestement peur, et je t’assure que je n’étais guère rassuré non plus. Le vent devint encore plus violent et il se mit soudainement à geler. Tout se recouvrit d’une pellicule blanche, glacée, moi également, mais pas Marion. Je commençais à avoir très froid. Je ne pouvais pas parler et je me mis à grelotter. Il faisait de plus en plus froid, je pense que le thermomètre devait être à moins vingt, si pas davantage. J’étais en chemisette et j’ai pensé « tu vas mourir de froid en plein été ».
Marion s’est approché de moi et a voulu me tirer vers la porte, mais celle-ci était bloquée. Elle a pris une couverture sur le canapé, mais elle était gelée aussi. Alors elle a crié « Laisse-le » mais le froid augmentait de plus en plus. Marion s’est laissée tombée à genoux, elle a levé les bras et a dit : « Arrête, tu vas le tuer ! Arrête ! et je ferai tout ce que tu voudras ». Quelques secondes plus tard, la température était remontée et toutes les traces de ce qui venait de se passer avaient disparues. Les cadres étaient de nouveau au mur et tout était redevenu normal. J’étais choqué. Marion m’a enveloppé dans une couverture, m’a frictionné, m’a fait boire un breuvage de sa composition. Ses mains m’ont caressé et elle m’a guéri de mes gelures. Quand j’ai été mieux, elle m’a accompagné jusqu'à la porte, qui s’est ouverte. « Ne revenez jamais, m’a-t-elle dit. La prochaine fois, je ne pourrai pas l’arrêter et il vous tuera ». Voilà, je t’ai tout dit. Michel avait écouté son ami. Il aurait voulu ne pas le croire mais il savait bien que Paul lui disait la vérité.

 - Tu me crois ? demanda Paul.
 - Oui, bien sûr. Quelle est ton explication ?
 - J’en ai deux. Ou bien elle a des pouvoirs qu’elle ne contrôle pas et qui prennent le dessus sur sa propre personnalité, mais j’en doute. Ou bien elle est liée d’une manière ou d’une autre à une entité quelconque, peut-être bien démoniaque, ajouta-t-il.
 - Paul ! Tu n’es pas sérieux ! - Si, hélas. Les forces du mal existent et sous bien des formes. Marion est jeune, toujours jeune. Elle n’a pas de soucis financier. Elle a des pouvoirs extraordinaires et pas seulement de guérison. - Qu’est ce que je dois faire ?
 - C’est à toi de décider. Mais si cette entité a une telle puissance et si Marion lui appartient, je pense que tu n’as aucune chance. Et en plus, tu es peut-être en danger, ajouta Paul.
 - Et si c’était la maison ? demanda Michel.
 - Il est sûr qu’elle est partie prenante, car je n’ai jamais entendu parler de ce genre de phénomène ailleurs dans le village.
- Si on parlait à Marion, ici ?
 - Je ne sais pas, Michel. Il est possible que cet être voit ce qui la touche, même si ce n’est pas dans la maison. Mais il y a une chose dont je suis sûr. Nous ne devons pas les approcher, ni elle, ni la maison après la tombée de la nuit. Rentre chez toi et demain, on avisera. Michel repartit, mais ne put s’empêcher de faire un crochet par chez la jeune femme. La nuit était noire et aucune lumière ne filtrait de la maison. Elle doit dormir, se dit-il. Il allait faire demi-tour quand il vit une lueur à l’arrière de la maison. Il s’approcha. Un grand rectangle de lumière, comme un porte ouverte sur une pièce brillamment éclairée, se dessinait sur le mur. Les bords étaient flous et il ne vit rien qu’une clarté aveuglante. C’est alors qu’il remarqua l’odeur de soufre.
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Jeudi 3 avril 4 03 /04 /Avr 18:44
Marion avait laissé Michel, l'appeler et n'avait pas ouvert, car elle se rappelait l'incident avec Paul.

Elle avait attendu la nuit et avait ouvert la porte. La porte sur ailleurs, le passage vers un autre lieu, un lieu magique et infernal.

Elle fut absorbée par la lumière et se retrouva au centre d'une grande pièce, sans fenêtre, drapée de velours rouge.
Un homme d'une beauté diabolique était allongé sur un immense lit, au centre de la pièce. Il se leva souriant et vint à sa rencontre. Il était plus grand qu'elle, entièrement vêtu de noir, le regard sombre et perçant. Ses longs cheveux étaient retenus dans un ruban de satin rouge.

Marion se précipita dans ses bras et un baiser passionnée les réunit. Il lui caressa la poitrine en la pinçant légèrement. Sa main était incroyablement chaude. Un frisson descendit le long de l'échine de la jeune femme. Elle s'abandonna dans l'étreinte. Elle se colla contre lui, frottant son ventre contre son pubis. Son érection fut rapide.
Il la souleva et la posa sur le lit.
- Tu m'as contrarié, aujourd'hui lui dit-il à l'oreille d'une voix suave et tendre, tout en continuant à la caresser.

Son haleine était brûlante.
- Je ne te satisfait plus ? Tu as besoin d'un humain fade ?
- Tu sais très bien que je ne pourrais pas vivre sans toi, dit la jeune femme. Tu es mon souffle vital et ma force. Sans toi, je ne suis rien. Mon cœur et mon corps sont tiens. Rien n'a d'importance que toi, mais il est gentil, ajouta-t-elle.

- Est ce que je dois t'interdire de le voir ?
- Non !
- Oh ! mais dis-moi, tu ne serais pas amoureuse ?
- Bien sûr que non ! protesta Marion.
- J'espère que tu n'as pas oublié notre pacte ? Ni ta promesse ?

Ses ongles étaient très longs. Il enleva la robe de Marion et planta un de ses ongles, juste sous sa clavicule et ses yeux fixés dans les siens, il descendit lentement, très lentement. Marion prit une très profonde inspiration. Elle ne baissa par son regard, n'émit aucune plainte, respira juste un peu plus vite, à mesure que l'ongle aiguisé comme un couteau, fendait sa poitrine puis son ventre. Lorsqu'il toucha son pubis, les larmes avaient envahi ses yeux et son cœur battait bien plus vite. L'être surnaturel l'embrassa. Elle lui rendit son baiser, s'accrochant à lui. Ses lèvres tremblaient, sa salive était salée. La douleur s'était engouffrée en elle, rapidement. Il enfonça son ongle un peu plus. Marion se tordit, mordant sa lèvre inférieure. Elle gémit.

- Chut ! Tais-toi, lui murmura son amant. Aspire la souffrance, mon amour, laisse-la te posséder.
- Je continue ? demanda-t-il encore.
- Non.
Lorsque l'ongle sortit de son ventre, elle cria et son vagin fut inondé.
- Reprenons, dit-il, en s'allongeant à côté d'elle pendant qu'elle récupérait un peu. Je vais te rafraîchir ta mémoire. Je te rappelle que tu es identique, à moi. Que je t'ai permis de vivre dans un corps humain, pour que tu puisses en ressentir les satisfactions, à commencer par la souffrance que tu affectionnes tant. Je t'ai donné de grands pouvoirs et la jeunesse éternelle. Mais il y avait deux conditions. Tu t'en souviens ?
- Oui. Que je ne fasse jamais l'amour avec un homme et que chaque soir, je revienne ici, livrer mon corps d'humaine, à tous tes désirs.
- Tu as désobéi ! cria-t-il. Tu m'as trahi.
- Non ! Je n'ai rien fait. Il a juste voulu cicatriser mes blessures avec une pommade.
Il éclata de rire.
- L'imbécile ! s'exclama-t-il.
- Il voulait juste me soulager, dit Marion.
- Pourquoi n'avais-tu pas effacer les marques en revenant chez toi ? demanda-t-il.
- Parce que j'étais fatiguée. Je voulais le faire en me levant. Au matin, il était devant ma porte et comme je n'avais plus mal, j'ai oublié.
- Et lorsqu'il t'a caressé et tu t'en es souvenu, continua le démon.
- Comment le sais-tu ?
- Je sais tout Marion, même quand tu n'es pas chez toi, je sais ce que tu fais.

Il se leva prit le long fouet posé contre le lit et la frappa. Les premiers coups lui arrachèrent un gémissement. Marion respira profondément. A chaque inspiration elle avait l'impression d'aspirer la souffrance infligée par la lanière. Lorsqu'elle fut sur le point de s'évanouir, le corps humain ayant ses limites, il posa le fouet et s'allongea sur elle, accentuant sa douleur.

Marion était dans un état second :
- Prends-moi supplia-t-elle, fort !
Le membre énorme la pénétra brutalement lui arrachant un hurlement. Il la déchira. Elle gémit et se débattit, mais son amant la maintenait fermement et il accentua sa pénétration. La souffrance intense déclencha son plaisir et elle jouit en criant d'extase.
Il lui mordit le cou, jusqu'au sang en se répandant dans son ventre.
Un long baiser les réunit.
- Tu m'appartiens, tu m'entends ? Ne l'oublie pas, lui dit-il.

Marion savait très bien qu'elle ne pourrait jamais se passer de son étreinte monstrueuse, ni de sa violence. Il était le seul à pouvoir la faire jouir.
Marion se dirigea vers la porte lumineuse qui venait d'apparaître au milieu de la pièce.
- Reviens Marion, ordonna-t-il.
Il la serra contre lui et prit sa bouche.
- Je t'aime lui dit-il. Je ne peux me passer de toi. Mais n'oublie pas mon amour, s'il t'arrivait de succomber aux charmes de ton petit humain, rappelle-toi que c'est lui qui serait puni.
Marion regagna sa chambre et effaça les marques sur son corps.

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Mercredi 2 avril 3 02 /04 /Avr 17:25
CHAPITRE 2

Michel n'alla pas au réveillon et ne ferma pas l'œil de la nuit.

Au petit matin, il se dirigea vers la petite église. Il entra, s'agenouilla et pria. Il sentait que le secret de Marion était important et grave. Il pria longtemps. Une main sur son épaule, le sortit de sa méditation.

- Tout va bien, Michel ? demanda le prêtre.
- Non, rien ne va, Paul, je ne savais pas ou me réfugier, mes pas m'ont dirigé vers ici.
- Tu veux parler ?
Michel ne savait même pas quoi dire. Finalement, il raconta au jeune ecclésiastique qui était aussi son ami, sa discussion avec Marion.

- Elle porte un lourd secret, Michel, tu ne dois pas la brusquer. Peut-être ne te dira-t-elle jamais rien, mais si vous vous aimez vraiment, elle finira par se confier. Laisse-lui le temps.
- Tu sais quelque chose que j'ignore ? demanda Michel, soupçonneux.
- Peut-être, mais ce n'est pas à moi, d'en parler. Tu dois beaucoup l'aimer , si tu veux l'aider.
- Mais, comment puis-je l'aider si je ne sais rien ? demanda Michel.
- Prie pour elle, dit Paul.

Après sa conversation avec Paul, Michel était encore plus perturbé. Il se dirigea néanmoins vers la maison de Marion.
Les volets étaient clos et aucun bruit ne lui parvenait. Il s'assit, comme la veille et attendit.

Ce n'est qu'en fin de matinée que la jeune femme, ouvrant sa porte, le trouva sur le seuil.

- Michel ! Mais qu'est ce que tu fais là ?
- Je t'attendais. As-tu bien dormi ?
Marion sourit gentiment.
- Viens, entre.
Michel, étonné, obtempéra. Il comprenait de moins en moins. Marion était redevenue la même qu'avant, souriante et gentille.

- Est-ce que je peux te parler ? demanda-t-il.
- Oui, mais ...
Puis se reprenant :
- Je t'écoute dit-elle, mais pas de questions.
- Je sais que beaucoup de mystères t'entourent, commença Michel. Mais ce que je veux c'est ton bonheur. Je t'aime, Marion, et je veux te rendre heureuse. Si tu ne veux pas me parler de toi, j'en serai très triste, mais je l'accepte si tel est ton désir. Si un jour tu veux te confier, je serai là. Je te promets d'essayer de ne plus te poser de questions sur toi, mais cela va m'être très difficile.
Il l'attira dans ses bras.

- Je veux que tu deviennes ma femme, dit-il.
Marion ne répondit pas tout de suite. Ses yeux virèrent au bleu foncé, mais Michel ne s'en aperçut pas. Ils se remplirent de larmes et elle les essuya avec sa manche.

- Ne pleure pas, ma chérie.
Michel ne savait plus à quel saint se vouer. Il était complètement désemparé. Soudain, il eut froid, comme si la température avait brusquement chuté.
Marion parvint à se ressaisir.

- Je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà. Il y a des événements dans ma vie et de lourds secrets qui ne m'appartiennent pas. Je ne peux ni répondre à tes questions, ni t'épouser, Michel ajouta-t-elle doucement.

- Pourquoi ?
- C'est une question !
- Marion ! Tu me rends cinglé, je ne sais plus ce que je dois faire.
- Alors, ne fais rien.
- Je pourrai continuer à te voir ? On pourra sortir de temps en temps ?
- Bien sûr !

Il voulut l'embrasser, mais elle le gifla.
Il la regarda, sidéré.

- Excuse-moi dit-elle. Viens sortons d'ici.
Ils descendirent vers le village. Michel prit la main de Marion, s'attendant à une autre gifle qui ne vint pas.

- Allons chez toi, dit-elle.
Michel se dit qu'il était en train de devenir fou.
Le facteur les voyant passer, leur cria : « Salut les amoureux » !
Ils se regardèrent, chacun sondant l'autre.

Une fois chez le jeune homme, Marion se détendit un peu. Elle s'assit sur le canapé et Michel fit du café. Puis ils discutèrent de tout et de rien. Michel s'approcha d'elle, lui prenant la main. Il la caressa lentement, remontant le long de son bras.

- Tu n'as pas trop chaud, lui demanda-t-il ?
Marion leva les bras pour passer son gros pull sur sa tête et en même temps, sans le vouloir, tira son tee-shirt. La peau nue de son ventre apparut. Deux grandes stries rouge foncé le traversaient de part en part. Elle rabaissa le polo et sourit à Michel.

- Qu'est ce que c'est que ça ? demanda-t-il.
- Quoi ? dit-elle étonnée.
- Ce que tu as sur le ventre.
- Ce ....

Elle releva le polo, regarda et le rabaissa aussitôt. Son visage pâlit brusquement. Elle regarda Michel, ses yeux avaient la couleur de l'acier.

- Rien, dit-elle.
- Marion !
- Je t'en prie, Michel, pas de questions dit-elle sèchement.
- Très bien, dit-il.

Il l'attira brusquement à lui, passa ses mains sous le tee-shirt et la caressa. Elle ne répondit pas, mais se laissa faire, contre toute attente. Michel lui fit mal, lorsque ses mains passèrent sur les plaies, les rouvrant. Seule l'accélération de sa respiration montrait au jeune homme que ses blessures la faisaient souffrir. Il insista dans ses caresses pour voir jusqu'où elle irait dans le mutisme. Mais à ce jeu, elle était beaucoup plus entraînée et beaucoup plus maligne que lui.

Il céda le premier. Ses mains étaient rouges du sang de la jeune femme. Il se leva du canapé et se précipita dans la salle de bain.
Il laissa couler l'eau sur ses doigts, puis sur son visage la mêlant à ses larmes
Marion s'approcha de lui et lui caressa les cheveux.

- Je crois que nous ferions bien d'en rester là, dit-elle. Je ne peux pas te laisser m'aimer et je ne veux pas te voir souffrir. Il y a des tas de choses qui vont avec moi, que tu ne pourras jamais supporter.
- Dis m'en un minimum, ma chérie. J'ai tellement besoin de toi.

Son visage dégoulinait de larmes. Marion posa ses lèvres sur les siennes, sa bouche s'entrouvrit et leurs langues se touchèrent. Ils étaient tous les deux très excités par la situation pour le moins ambiguë. Et Marion, à ce moment-là fit une grosse bêtise. Elle se colla contre le jeune homme, lui caressa le visage, le cou, la poitrine. Leurs cœurs s'emballèrent, leurs esprits s'échauffèrent.

Michel la prit contre lui et commença à la déshabiller. Elle se leva brusquement. Il la rattrapa et la caressa. Elle était très excitée, mais elle ne voulait pas aller trop loin.

- Arrête, Michel, je ne veux pas.
Michel se domina et n'insista pas. Ils restèrent allongés, silencieux. Puis, Michel montra son polo.
- Je veux voir, dit-il.

Il voulut l'attirer à lui, Marion se débattit et essaya de s'échapper, mais Michel était plus fort qu'elle. Ils luttèrent encore, puis elle abandonna, résignée. Le jeune homme lui enleva son polo complètement.
Son ventre et sa poitrine étaient traversés de deux longs sillons qui saignaient. Il l'obligea à se retourner, et ne put retenir une exclamation horrifiée en voyant l'état de son dos.

- Es-tu satisfait ? demanda-t-elle, narquoise. J'aurai préféré que tu ne vois pas cela.

- Je veux que tu m'expliques dit Michel en lui caressant le visage. Je t'en prie, Marion.
- Je ne peux rien te dire, dit-elle le visage impénétrable.
- Mais Marion quelqu'un te fait du mal ! Je ne peux pas le laisser faire.
La jeune femme le regarda bien dans les yeux, comme si elle voulait l'hypnotiser.
- Très bien, dit-elle. Tu veux savoir un de mes secrets ? Je vais te le dire, mais tu vas jurer de n'en parler à personne.

- Je le jure, dit le jeune homme.
Marion s'assit au bord du lit, lui tournant le dos.
- C'est très simple, Michel. Personne ne me fait du mal. Je suis consentante.
Elle attendit un peu que les mots pénètrent bien puis ajouta :
- La douleur est pour moi, source de plaisir intense. Je ne peux pas jouir d'un homme sans douleur, la souffrance m'est aussi vitale que boire et manger. Tout à l'heure j'ai ressenti un grand plaisir, car tes mains ont rouvert toutes mes blessures. Savoir que mon sang mouillait tes doigts m'a procuré beaucoup de volupté. A présent tu vas me prendre pour un monstre, et c'est sans doute ce que je suis.

Marion voulut se lever et partir. Michel la retint par le bras.
- Reste ici ! ordonna-t-il.
Le ton de sa voix, envoya un frisson agréable dans le dos de la jeune femme. Elle se rassit.
- Ces marques de fouet, sont fraîches. Elles datent au plus de cette nuit. Où étais-tu ?
- Ce n'est pas un fouet et tu me demandes un autre secret, répondit Marion.
- Si ce n'est pas un fouet qui a fait ces profonds sillons, qu'est ce que c'est ?
Marion le regarda, les yeux légèrement humides. Puis lentement, elle fit non, avec la tête.
- Jamais, tu ne le sauras dit-elle la voix chevrotante.

Michel était sous le choc. Il se leva et revint avec un tube de pommade.
- Allonge-toi dit-il. C'est une pommade apaisante et cicatrisante très efficace.
- Non. Je n'en veux pas dit Marion.
- Mais, tu vas garder les marques ! Elles sont tellement profondes !
- Non, rassure-toi. Elles disparaîtront toutes seules.
- Mais, c'est impossible.
- Ça suffit, Michel !. Tu m'ennuies avec toutes tes questions. Laisse-moi partir.

Michel n'en était qu'au début d'un parcours compliqué et douloureux.
Il la raccompagna sur le pas de la porte.
- Tu reviendras ?
Elle ne lui répondit pas et s'en alla sans se retourner.

Dans la maison, le froid glacial la surprit, en entrant. La porte lui échappa des doigts et claqua violemment. Les autres portes de la maison s'ouvraient et se refermaient bruyamment. Des tourbillons de vent faisaient tout voler et il y avait un incroyable désordre.
Marion frissonna, mais pas de froid.

- Je t'en prie, dit-elle à voix haute, calme-toi.

Le vent redoubla et lui cingla le visage. L'ombre noire d'un homme très grand apparut sur le mur. Elle leva le bras et une gifle d'une violence inouïe s'abattit sur la joue de la jeune femme. Marion releva la tête d'un air de défi, malgré sa peur. L'ombre se matérialisa un peu et frappa la jeune femme à plusieurs reprises. Marion suffoqua et perdit son souffle. Elle tomba à genoux. Un coup de genou sur son menton l'envoya à terre et elle perdit connaissance.

Lorsqu'elle revint à elle, l'après-midi se terminait et tout était rentré dans l'ordre, dans la maison. Elle alla dans la salle de bain. Son visage était couvert de grosses ecchymoses. Les larmes coulèrent sur ses joues. Ce qu'Il venait de lui faire n'était pas grave, Il avait fait bien pire, mais Marion était paniquée à l'idée qu'Il s'en prenne à Michel. Et pour qu'Il se manifeste de jour, il fallait qu'Il soit très en colère.

Elle plaça ses mains de chaque côté de son visage et ferma les yeux. Les ecchymoses s'estompèrent et disparurent. Elles fit de même avec les marques sur son ventre et son dos.

Le téléphone sonna :
- Marion, tu viens manger avec moi, ce soir ? demanda Michel.
- Non ! cria-t-elle. Laisse-moi tranquille, Michel, je ne veux plus te voir, plus jamais !
Et elle raccrocha.

Marion regrettait de le faire souffrir. Parfois ses deux natures se mélangeaient et elle était un peu perdue. Elle ressentait une profonde amitié pour le jeune homme, mais pas suffisamment pour oublier ce qu'elle était, ni qui elle aimait réellement. Elle eut soudain peur de jouer avec Michel, entraînée par ses instincts et de ne pas se maîtriser.

Michel se précipita chez elle, assailli d'un lourd pressentiment. Il sonna, frappa, mais Marion ne répondit pas.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mardi 1 avril 2 01 /04 /Avr 17:08
CHAPITRE 1


Marion habitait une jolie petite maison, aux pierres apparentes, entourée d'un jardinet rempli de fleurs. Personne n'aurait pu dire, quel jour, quel mois ou quelle année, elle s'était établie dans le petit village. Il semblait qu'elle avait toujours été là, ravissante et sans âge.

Elle quittait rarement le petit bourg, sauf le samedi pour se rendre au marché de la ville voisine. Elle passait la plupart de son temps à se promener dans les bois ou à rendre visite aux nécessiteux.
Tous les habitants la considéraient comme une bonne fée. Elle avait un fantastique don de guérison. Elle avait soulagé et guéri plus d'un voisin. Les enfants l'adoraient. Elle était gentille, agréable et toujours prête à rendre service. Si bien, que le mystère qui l'entourait ne préoccupait plus beaucoup les villageois, ils s'étaient fait une raison depuis bien longtemps.
Elle était très jolie, avec un beau visage entouré de cheveux châtains et des yeux d'un bleu très clair. Parfois son regard plongeait au fond de vous et ses yeux fonçaient brusquement. Elle pouvait lire dans les corps et les soulager, mais elle lisait aussi dans les pensées.

A la rentrée de septembre, Michel, le nouvel instituteur arriva au village. Toutes les jeunes filles s'accordaient à le trouver séduisant. Il était élancé, sportif, le visage rieur, avec une tignasse blonde et de grands yeux noirs. Marion et lui se rencontrèrent à la fête du village. Ils passèrent un moment ensemble et se sentirent attirés l'un par l'autre.
Elle le seconda de tant à autre pendant la classe et des liens affectifs se tissèrent rapidement entre eux. Les jours de congé, ils partaient se promener dans la campagne vallonnée, main dans la main.

Michel se confia à elle, lui raconta les raisons de sa venue dans la région et lui dit tout sur sa vie. Il avait beaucoup de mal à contrôler ses élans pour Marion, mais ne pouvait se résoudre à lui déclarer sa flamme. Quelque chose dans l'attitude de la jeune femme le retenait. Elle avait un côté mystérieux qu'il ne comprenait pas, parfois un regard triste. Elle ne s'était pas livrée contrairement à lui et il ne savait absolument rien d'elle. Le mystère de sa vie restait entier.

Avec décembre, le froid arriva. Noël était proche. Les préparatifs de la fête allaient bon train. Les sapins se couvraient de guirlandes et le village s'exila sous la neige. Les communications étant pour ainsi dire nulles, on décida de fêter Noël dans la salle des fêtes, tous ensemble. Marion et Michel aidèrent à tout installer. Mais Michel était contrarié car il sentait Marion de plus en plus nerveuse au fur et à mesure que la journée s'avançait.

Elle ne souriait plus et de temps en temps son visage se fermait. Il l'attira à l'écart des autres.

-  Marion, tu veux bien me dire, ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il.

 - Mais, tout va bien lui dit-elle avec un sourire qu'elle voulait rassurant.

Il la prit par la main et leva son menton vers lui. Elle détourna la tête.

-  Regarde-moi ! dit-il.
L'éclat de ses yeux, le glaça. Ils étaient bleu foncé, et un instant il vit quelque chose d'indéfinissable et de terrifiant, les traverser.

- Je vais bien, Michel répondit-elle d'une voix qui n'était pas la sienne, une voix sourde, comme entourée d'écho.
Je suis juste un peu fatiguée. Laisse-moi, ajouta-t-elle un peu plus sèchement qu'elle n'aurait voulu.

Elle se dégagea et repartit dans la salle. Michel était perplexe.
Il savait bien que par moment, elle se fermait, s'isolait, devenait encore plus secrète, mais cette réaction ne lui ressemblait pas.
Il retourna dans la salle, et ne l'y trouva pas. Il la chercha en vain et décida d'aller chez elle.
Il craignait de la mécontenter davantage, mais il devait savoir. Peut-être était-elle souffrante ?

Un long silence lui répondit. Il insista.
 - Je t'en prie, Marion, ouvre-moi !
Il frappa, longtemps et ne reçut aucune réponse. Il savait qu'elle était là. Il l'entendait et la sentait derrière la porte. Elle n'ouvrit pas.
Il s'assit sur le petit perron, prit sa tête dans ses mains, soupira et attendit.
Juste avant que le soir tombe, elle entrebâilla la porte.

 - Va t'en Michel, dit-elle simplement.
 - Mais Marion, qu'y a-t-il ? dit-il en se relevant. Tout allait bien et puis tout à coup tu t'en vas, explique-moi !
Elle voulut refermer la porte, mais le jeune homme la coinça avec son pied. Il la repoussa et entra.
Il prit Marion par les épaules et la retint fermement.

 - Maintenant, tu vas me répondre !
La jeune femme éclata en sanglot.
 - Je ... , laisse-moi, supplia-t-elle, s'il te plaît. Tu ne dois pas venir ici. Pars, tout de suite.
 - Marion, je t'aime, lui dit-il.

Ses sanglots redoublèrent, et elle se blottit dans ses bras.

Il la serra contre lui, lui caressant les cheveux, puis avec une infinie douceur approcha ses lèvres de sa bouche. Il s'attendait à un refus, mais elle se laissa faire et lui rendit son baiser. Leurs lèvres se prirent, se soudèrent et ne voulurent plus se quitter.

Une fenêtre s'ouvrit laissant entrer le vent glacial.
Marion se dégagea, brusquement.
 - Michel, il y a des tas de choses que je ne peux pas te dire. Maintenant, si tu m'aimes réellement, tu dois partir. On se verra demain.
 - Comment cela, demain ? Et le réveillon ?
 - Je suis désolée, dit-elle, je ne peux pas sortir le soir. Je te demande pardon, mais je ne savais pas comment te le dire.
Les larmes inondèrent à nouveau son beau visage. Elle le prit par la main et le poussa dehors.
Michel partit chez lui, complètement abasourdi.

Marion referma la porte et s'appuya dessus. Elle était bouleversée. Elle avait du faire un effort énorme pour repousser son ami. Sa déclaration l'avait prise au dépourvu, même si elle s'y attendait. Elle avait eu un instant d'égarement et s'en voulait terriblement. En répondant à l'étreinte de Michel, elle l'avait encouragé, et elle n'avait ni le droit de l'aimer, ni celui de le laisser espérer.

Elle alla dans sa chambre et se prépara, l'heure approchait. Ce soir c'était la nuit de Noël et ce qu'elle s'apprêtait à faire, prenait encore plus de signification. Pendant, juste un instant, Marion faillit tout abandonner pour rejoindre Michel, puis elle se reprit et ouvrit la porte encastrée dans le mur de sa chambre.

Derrière l'ouverture, un rectangle lumineux d'un mètre cinquante de haut se dessinait sur le mur. Les contours étaient un peu flous et il semblait flotter à quelques centimètres du sol. C'était une porte. Une porte sur ailleurs.
Marion prit une profonde inspiration, fit un pas, puis deux et franchit le passage rayonnant qui l'absorba. Elle disparut et la porte s'effaça. Il ne restait plus que le mur lisse.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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