Mercredi 2 avril 3 02 /04 /Avr 17:25
CHAPITRE 2

Michel n'alla pas au réveillon et ne ferma pas l'œil de la nuit.

Au petit matin, il se dirigea vers la petite église. Il entra, s'agenouilla et pria. Il sentait que le secret de Marion était important et grave. Il pria longtemps. Une main sur son épaule, le sortit de sa méditation.

- Tout va bien, Michel ? demanda le prêtre.
- Non, rien ne va, Paul, je ne savais pas ou me réfugier, mes pas m'ont dirigé vers ici.
- Tu veux parler ?
Michel ne savait même pas quoi dire. Finalement, il raconta au jeune ecclésiastique qui était aussi son ami, sa discussion avec Marion.

- Elle porte un lourd secret, Michel, tu ne dois pas la brusquer. Peut-être ne te dira-t-elle jamais rien, mais si vous vous aimez vraiment, elle finira par se confier. Laisse-lui le temps.
- Tu sais quelque chose que j'ignore ? demanda Michel, soupçonneux.
- Peut-être, mais ce n'est pas à moi, d'en parler. Tu dois beaucoup l'aimer , si tu veux l'aider.
- Mais, comment puis-je l'aider si je ne sais rien ? demanda Michel.
- Prie pour elle, dit Paul.

Après sa conversation avec Paul, Michel était encore plus perturbé. Il se dirigea néanmoins vers la maison de Marion.
Les volets étaient clos et aucun bruit ne lui parvenait. Il s'assit, comme la veille et attendit.

Ce n'est qu'en fin de matinée que la jeune femme, ouvrant sa porte, le trouva sur le seuil.

- Michel ! Mais qu'est ce que tu fais là ?
- Je t'attendais. As-tu bien dormi ?
Marion sourit gentiment.
- Viens, entre.
Michel, étonné, obtempéra. Il comprenait de moins en moins. Marion était redevenue la même qu'avant, souriante et gentille.

- Est-ce que je peux te parler ? demanda-t-il.
- Oui, mais ...
Puis se reprenant :
- Je t'écoute dit-elle, mais pas de questions.
- Je sais que beaucoup de mystères t'entourent, commença Michel. Mais ce que je veux c'est ton bonheur. Je t'aime, Marion, et je veux te rendre heureuse. Si tu ne veux pas me parler de toi, j'en serai très triste, mais je l'accepte si tel est ton désir. Si un jour tu veux te confier, je serai là. Je te promets d'essayer de ne plus te poser de questions sur toi, mais cela va m'être très difficile.
Il l'attira dans ses bras.

- Je veux que tu deviennes ma femme, dit-il.
Marion ne répondit pas tout de suite. Ses yeux virèrent au bleu foncé, mais Michel ne s'en aperçut pas. Ils se remplirent de larmes et elle les essuya avec sa manche.

- Ne pleure pas, ma chérie.
Michel ne savait plus à quel saint se vouer. Il était complètement désemparé. Soudain, il eut froid, comme si la température avait brusquement chuté.
Marion parvint à se ressaisir.

- Je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà. Il y a des événements dans ma vie et de lourds secrets qui ne m'appartiennent pas. Je ne peux ni répondre à tes questions, ni t'épouser, Michel ajouta-t-elle doucement.

- Pourquoi ?
- C'est une question !
- Marion ! Tu me rends cinglé, je ne sais plus ce que je dois faire.
- Alors, ne fais rien.
- Je pourrai continuer à te voir ? On pourra sortir de temps en temps ?
- Bien sûr !

Il voulut l'embrasser, mais elle le gifla.
Il la regarda, sidéré.

- Excuse-moi dit-elle. Viens sortons d'ici.
Ils descendirent vers le village. Michel prit la main de Marion, s'attendant à une autre gifle qui ne vint pas.

- Allons chez toi, dit-elle.
Michel se dit qu'il était en train de devenir fou.
Le facteur les voyant passer, leur cria : « Salut les amoureux » !
Ils se regardèrent, chacun sondant l'autre.

Une fois chez le jeune homme, Marion se détendit un peu. Elle s'assit sur le canapé et Michel fit du café. Puis ils discutèrent de tout et de rien. Michel s'approcha d'elle, lui prenant la main. Il la caressa lentement, remontant le long de son bras.

- Tu n'as pas trop chaud, lui demanda-t-il ?
Marion leva les bras pour passer son gros pull sur sa tête et en même temps, sans le vouloir, tira son tee-shirt. La peau nue de son ventre apparut. Deux grandes stries rouge foncé le traversaient de part en part. Elle rabaissa le polo et sourit à Michel.

- Qu'est ce que c'est que ça ? demanda-t-il.
- Quoi ? dit-elle étonnée.
- Ce que tu as sur le ventre.
- Ce ....

Elle releva le polo, regarda et le rabaissa aussitôt. Son visage pâlit brusquement. Elle regarda Michel, ses yeux avaient la couleur de l'acier.

- Rien, dit-elle.
- Marion !
- Je t'en prie, Michel, pas de questions dit-elle sèchement.
- Très bien, dit-il.

Il l'attira brusquement à lui, passa ses mains sous le tee-shirt et la caressa. Elle ne répondit pas, mais se laissa faire, contre toute attente. Michel lui fit mal, lorsque ses mains passèrent sur les plaies, les rouvrant. Seule l'accélération de sa respiration montrait au jeune homme que ses blessures la faisaient souffrir. Il insista dans ses caresses pour voir jusqu'où elle irait dans le mutisme. Mais à ce jeu, elle était beaucoup plus entraînée et beaucoup plus maligne que lui.

Il céda le premier. Ses mains étaient rouges du sang de la jeune femme. Il se leva du canapé et se précipita dans la salle de bain.
Il laissa couler l'eau sur ses doigts, puis sur son visage la mêlant à ses larmes
Marion s'approcha de lui et lui caressa les cheveux.

- Je crois que nous ferions bien d'en rester là, dit-elle. Je ne peux pas te laisser m'aimer et je ne veux pas te voir souffrir. Il y a des tas de choses qui vont avec moi, que tu ne pourras jamais supporter.
- Dis m'en un minimum, ma chérie. J'ai tellement besoin de toi.

Son visage dégoulinait de larmes. Marion posa ses lèvres sur les siennes, sa bouche s'entrouvrit et leurs langues se touchèrent. Ils étaient tous les deux très excités par la situation pour le moins ambiguë. Et Marion, à ce moment-là fit une grosse bêtise. Elle se colla contre le jeune homme, lui caressa le visage, le cou, la poitrine. Leurs cœurs s'emballèrent, leurs esprits s'échauffèrent.

Michel la prit contre lui et commença à la déshabiller. Elle se leva brusquement. Il la rattrapa et la caressa. Elle était très excitée, mais elle ne voulait pas aller trop loin.

- Arrête, Michel, je ne veux pas.
Michel se domina et n'insista pas. Ils restèrent allongés, silencieux. Puis, Michel montra son polo.
- Je veux voir, dit-il.

Il voulut l'attirer à lui, Marion se débattit et essaya de s'échapper, mais Michel était plus fort qu'elle. Ils luttèrent encore, puis elle abandonna, résignée. Le jeune homme lui enleva son polo complètement.
Son ventre et sa poitrine étaient traversés de deux longs sillons qui saignaient. Il l'obligea à se retourner, et ne put retenir une exclamation horrifiée en voyant l'état de son dos.

- Es-tu satisfait ? demanda-t-elle, narquoise. J'aurai préféré que tu ne vois pas cela.

- Je veux que tu m'expliques dit Michel en lui caressant le visage. Je t'en prie, Marion.
- Je ne peux rien te dire, dit-elle le visage impénétrable.
- Mais Marion quelqu'un te fait du mal ! Je ne peux pas le laisser faire.
La jeune femme le regarda bien dans les yeux, comme si elle voulait l'hypnotiser.
- Très bien, dit-elle. Tu veux savoir un de mes secrets ? Je vais te le dire, mais tu vas jurer de n'en parler à personne.

- Je le jure, dit le jeune homme.
Marion s'assit au bord du lit, lui tournant le dos.
- C'est très simple, Michel. Personne ne me fait du mal. Je suis consentante.
Elle attendit un peu que les mots pénètrent bien puis ajouta :
- La douleur est pour moi, source de plaisir intense. Je ne peux pas jouir d'un homme sans douleur, la souffrance m'est aussi vitale que boire et manger. Tout à l'heure j'ai ressenti un grand plaisir, car tes mains ont rouvert toutes mes blessures. Savoir que mon sang mouillait tes doigts m'a procuré beaucoup de volupté. A présent tu vas me prendre pour un monstre, et c'est sans doute ce que je suis.

Marion voulut se lever et partir. Michel la retint par le bras.
- Reste ici ! ordonna-t-il.
Le ton de sa voix, envoya un frisson agréable dans le dos de la jeune femme. Elle se rassit.
- Ces marques de fouet, sont fraîches. Elles datent au plus de cette nuit. Où étais-tu ?
- Ce n'est pas un fouet et tu me demandes un autre secret, répondit Marion.
- Si ce n'est pas un fouet qui a fait ces profonds sillons, qu'est ce que c'est ?
Marion le regarda, les yeux légèrement humides. Puis lentement, elle fit non, avec la tête.
- Jamais, tu ne le sauras dit-elle la voix chevrotante.

Michel était sous le choc. Il se leva et revint avec un tube de pommade.
- Allonge-toi dit-il. C'est une pommade apaisante et cicatrisante très efficace.
- Non. Je n'en veux pas dit Marion.
- Mais, tu vas garder les marques ! Elles sont tellement profondes !
- Non, rassure-toi. Elles disparaîtront toutes seules.
- Mais, c'est impossible.
- Ça suffit, Michel !. Tu m'ennuies avec toutes tes questions. Laisse-moi partir.

Michel n'en était qu'au début d'un parcours compliqué et douloureux.
Il la raccompagna sur le pas de la porte.
- Tu reviendras ?
Elle ne lui répondit pas et s'en alla sans se retourner.

Dans la maison, le froid glacial la surprit, en entrant. La porte lui échappa des doigts et claqua violemment. Les autres portes de la maison s'ouvraient et se refermaient bruyamment. Des tourbillons de vent faisaient tout voler et il y avait un incroyable désordre.
Marion frissonna, mais pas de froid.

- Je t'en prie, dit-elle à voix haute, calme-toi.

Le vent redoubla et lui cingla le visage. L'ombre noire d'un homme très grand apparut sur le mur. Elle leva le bras et une gifle d'une violence inouïe s'abattit sur la joue de la jeune femme. Marion releva la tête d'un air de défi, malgré sa peur. L'ombre se matérialisa un peu et frappa la jeune femme à plusieurs reprises. Marion suffoqua et perdit son souffle. Elle tomba à genoux. Un coup de genou sur son menton l'envoya à terre et elle perdit connaissance.

Lorsqu'elle revint à elle, l'après-midi se terminait et tout était rentré dans l'ordre, dans la maison. Elle alla dans la salle de bain. Son visage était couvert de grosses ecchymoses. Les larmes coulèrent sur ses joues. Ce qu'Il venait de lui faire n'était pas grave, Il avait fait bien pire, mais Marion était paniquée à l'idée qu'Il s'en prenne à Michel. Et pour qu'Il se manifeste de jour, il fallait qu'Il soit très en colère.

Elle plaça ses mains de chaque côté de son visage et ferma les yeux. Les ecchymoses s'estompèrent et disparurent. Elles fit de même avec les marques sur son ventre et son dos.

Le téléphone sonna :
- Marion, tu viens manger avec moi, ce soir ? demanda Michel.
- Non ! cria-t-elle. Laisse-moi tranquille, Michel, je ne veux plus te voir, plus jamais !
Et elle raccrocha.

Marion regrettait de le faire souffrir. Parfois ses deux natures se mélangeaient et elle était un peu perdue. Elle ressentait une profonde amitié pour le jeune homme, mais pas suffisamment pour oublier ce qu'elle était, ni qui elle aimait réellement. Elle eut soudain peur de jouer avec Michel, entraînée par ses instincts et de ne pas se maîtriser.

Michel se précipita chez elle, assailli d'un lourd pressentiment. Il sonna, frappa, mais Marion ne répondit pas.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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