Mercredi 9 avril 3 09 /04 /Avr 09:54
L'affiche


Le rideau de satin bleu s'écarte de lui-même, découvrant la porte dissimulée. Elle s'ouvre sans bruit, glissant sur le tapis, tandis que derrière elle, le rideau retombe lourdement.

La pièce est très claire. La moquette qui recouvre le sol est épaisse et moelleuse. Quelques nuages blancs parsèment ça et là, le plafond bleu ciel. Le calme et la quiétude règnent dans la petite chambre. L'éclairage semble venir de nulle part. Aucun plafonnier, aucune lampe n'est visible. Pourtant c'est la lumière du jour qui l'envahit, on peut sentir la chaleur des rayons du soleil.
Un subtil parfum de pot pourri imprègne la pièce, émanant des fleurs peintes avec délicatesse sur la soie tendue couvrant les murs. Sur celui face à la porte, s'étend une immense affiche qui le recouvre entièrement.
Un lit rond est suspendu à un mètre du sol, au centre de la pièce. Aucun socle ne le soutient, aucun fil ne le supporte. Il flotte là, immobile, une épaisse peau d'ourse jetée dessus. Le pelage de l'ourson enveloppe l'unique oreiller.

On est irrésistiblement attiré par le grand panneau mural. Un jeune homme, au teint extrêmement pâle et d'une beauté invraisemblable, semble vous fixer de son regard perçant. Un léger sourire figé, laisse entrevoir ses petites dents pointues. Son corps est mince et svelte. Ses longues jambes sont recouvertes d'un collant blanc. Une grande cape rouge tombe de ses épaules. Son port de tête est royal et fier.
Autour de lui, la forêt s'étend, faite de sapins centenaires. Elle est très sombre. Seule, la pleine lune que l'on aperçoit à travers les arbres, éclaire le visage du jeune vampire. Son cheval blanc est attaché non loin de lui.

Dans la chambre, la luminosité s'atténue insensiblement, au fur et à mesure que le soleil baisse vers l'horizon. Elle s'assombrit peu à peu, le plafond perd son bleu ciel pour un bleu plus foncé.
Curieusement, l'immense affiche se trouve maintenant à gauche de l'oreiller, mais toujours face à la porte.
Est ce le lit qui tourne sur lui-même ou bien est-ce la pièce qui tourne autour du lit ?
A mesure que le temps s'écoule, et que le soir tombe, de petits points brillants apparaissent sur le plafond. Lentement, imperceptiblement, un disque lumineux monte du coin supérieur de la petite chambre, juste au-dessus de l'affiche.

Il fait de plus en plus sombre et seule la lune illumine la pièce.
La porte s'ouvre laissant entrer une ravissante adolescente. De longs cheveux blonds recouvrent ses épaules, ne cachant que partiellement la nudité de sa poitrine. Ses yeux sont bleus, légèrement bridés, sa bouche aux lèvres pulpeuses donne envie de l'embrasser, sa fragilité apparente donne envie de la protéger. Sa peau est d'une blancheur extrême et de petites veines bleues parsèment son corps parfait.

Elle se dirige vers son lit. Celui-ci descend jusqu'au sol, lui permettant de monter, puis reprend sa position initiale, à un mètre du sol. La jeune fille rejette la couverture, et s'allonge. Elle se tourne et se retourne en s'étirant lascivement. Elle ne semble nullement étonnée par les va-et-vient de son lit.
Maintenant l'affiche est presque derrière elle. Là-haut, l'astre remplit une bonne moitié du plafond donnant à la pièce sa clarté de pleine lune.

L'adolescente s'endort, plongeant rapidement dans les hautes terres du rêve. Elle sait que c'est pour cette nuit. Elle le sent depuis plusieurs jours et elle est prête.
Elle s'enfonce dans le pays onirique, passe le portail magique.

Alors qu'au loin sonnent les douze coups de minuit, la chambre est baignée d'une lumière blanche et froide. L'affiche, imperceptiblement s'anime. Les yeux du jeune homme s'ouvrent, inspectent la pièce et se posent sur l'adolescente endormie devant lui. Peu à peu, son corps se met en mouvement, respire. Il tourne la tête, s'étire, reprend vie. Son visage est éclairé par la lune, ce qui lui donne un aspect un peu effrayant. Il sourit, un sourire de convoitise. Sa langue exsangue, passe et repasse sur ses lèvres pâles. Son sourire s'accentue laissant apercevoir ses petites canines, très effilées, très pointues comme deux petites aiguilles affûtées.

Lentement, il s'avance au bord de l'affiche, puis d'un bond léger, rapide et sans bruit, se laisse retomber derrière le lit et s'agenouille près de la jeune fille. Lentement, tendrement, avec des gestes d'une douceur diabolique, il commence à caresser l'enfant endormie.
Sa main glacée glisse sur les cheveux, puis descend jusqu'à la poitrine naissante. Un désir intense l'envahit. Il a faim d'elle, il a soif de sa vie.

Il s'allonge contre elle tout en continuant ses caresses. L'adolescente ouvre les yeux, elle a déjà senti, avant son réveil, la présence à côté d'elle. Son coeur s'affole et la peur entre en elle.
Il est si froid !
Le jeune homme s'étend sur elle. Il saisit doucement le petit visage entre ses mains. Elle plonge son regard dans le sien, se noyant dans ses yeux bleus acier. Le temps semble s'arrêter un instant puis l'enfant tourne lentement sa tête, offrant son cou, où palpite la veine jugulaire.

Le vampire approche son visage, son désir est à son comble. Il pose ses lèvres glacées sur le cou tendu vers lui, et y plante rapidement ses canines. L'enfant se tend brusquement, tentant d'échapper à l'étreinte monstrueuse. Mais il la tient fermement. Alors elle s'abandonne, laissant sa vie s'échapper doucement.

Le sang jaillit et coule en jets saccadés dans la gorge du jeune homme. Ses lèvres sont collées au cou de la jeune fille et aucune goutte ne s'échappe. Il boit sa chaleur, son énergie en reprenant force et vitalité.

L'étreinte diminue un peu. Le jeune homme rassasié a repris des couleurs. Il détache sa bouche rouge de sang du cou gracile et la pose tendrement sur celle de la jeune vierge. Elle entrouvre ses lèvres, essayant de lui rendre son baiser. Elle est très faible.
Il pourrait partir, la laisser, elle est si belle, si fragile.

Mais il ne peut pas. Son désir, un peu apaisé, le tenaille à nouveau. En même temps que sa langue froide pénètre la bouche offerte de l'enfant et avec infiniment de délicatesse et d'amour, il s'enfonce en elle, prenant sa virginité avec autant de désir, de passion et d'amour qu'il a pris son sang et sa vie.

Ses lents va-et-vient arrachent des gémissements à l'adolescente, elle sent la jouissance monter en elle, mais aussi chez l'être inhumain qui la possède. Elle sait qu'elle va mourir, mais son plaisir est tel, qu'elle veut aller jusqu'au bout de l'extase même si la mort en est le prix.
Leurs jouissances éclatent en même temps. La petite fille, son regard bleu perdu dans celui de son amant sanguinaire, laisse échapper sa vie dans un cri .

Le jeune vampire repu, s'écarte lentement de l'enfant étendue, la regardant une dernière fois. Elle est encore plus belle dans la mort. Il hésite, il peut encore la ranimer, la rendre tel que lui.
Il entend un hennissement long, déchirant, presqu'un cri humain. Il regarde l'affiche. Son cheval l'appelle.

D'un bond, sans un regard en arrière cette fois, il saute en selle et s'éloigne.

Il ne reste plus sur le mur, qu'une immense forêt de sapins.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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