nouvelles légères

Dimanche 1 juin 7 01 /06 /Juin 15:46

Il était une fois, un petit hameau inaccessible, presque à la cime du mont « Rouge ». Il naquit, il y a bien longtemps, en des temps reculés, vécut des faits étranges puis disparut un jour, sans que quiconque en ait jamais soupçonné l'existence.

Il surplombait une vaste vallée. Ses maisons grises étaient faites de grosses pierres arrachées au massif et superposées les unes sur les autres. Les toits d'ardoise bleue étaient légèrement relevés aux extrémités afin de retenir la neige, en hiver. La seule rue qui le traversait, était caillouteuse et creusée d'ornières.

La montagne le protégeait et le cachait. Les sommets avoisinants, semblaient par temps de brume, s'élever tellement haut qu'ils pénétraient le ciel. Nul, dans ce petit hameau ne savait la civilisation, ni le reste du monde.

 


Son unique raison d'exister fut de produire chaque décennie un enfant d'une beauté parfaite afin de l'offrir aux dieux de la montagne.

Lydia était jolie, gracile et douce. Le jour de ses quinze ans, sa mère lui fit prendre un bain dans le torrent glacé puis coiffa ses beaux cheveux noirs et lui enfila une longue robe blanche qui lui donnait l'apparence d'un ange. Elle amena sa fille, comme le voulait la tradition, jusqu'au centre du village, où devait avoir lieu la cérémonie. Tous les habitants y étaient rassemblés.
La jeune fille, tremblante, s'étendit sur la grande table de pierre. L'homme s'approcha d'elle, releva le mince tissu qui la couvrait. Sans brutalité, mais avec force, il la pénétra, déchira sa virginité et fit couler en elle la semence qui lui donnerait le fils dont le village avait besoin.

 


Paul vint au monde un matin de juin, dans la petite maison, au bout du hameau, juste au détour du chemin qui montait vers la cime. Lydia prit contre sa poitrine ce fils qui ne lui appartenait déjà plus, et pleura doucement. A ce moment précis, elle aurait voulu s'enfuir avec son petit, le soustraire à son destin. Mais les immenses sommets qui entouraient le hameau étaient infranchissables. Et puis, le monde ne s'arrêtait-il pas au delà ?
Elle allait devoir l'élever, avec comme seul objectif, le jour ultime. Jour, où elle l'abandonnerait à son destin, là-haut, au sommet du mont « rouge ».

 


Paul grandit à l'écart des autres enfants du hameau. Ce n'était pas un petit garçon comme les autres. Physiquement, il leur ressemblait, bien sûr. Il était grand pour son âge, ses cheveux très noirs et bouclés entouraient son visage fin et pur. Il était d'une beauté indéfinissable.
Il était calme, ne jouait jamais. Il passait des heures entières, allongé dans l'herbe devant la maison, à regarder la montagne, à la respirer, à s'en imprégner. Il fixait un point sur le sommet, au-dessus du village. Il sut très jeune, bien avant que sa mère ne commençât à l'instruire, que la cime du mont « rouge » représentait pour lui un passage obligé.

Dès qu'il fut en âge de comprendre, sa mère lui révéla sa raison de vivre.
Elle lui dit la montagne, elle lui dit les hommes, les animaux et les fleurs. Elle lui dit pourquoi la vie les animait.


Elle lui expliqua comment, par le sacrifice de ses enfants, la montagne pouvait grandir, respirer, monter sans cesse plus haut vers la voûte céleste. Elle lui expliqua comment, un jour, le mont « rouge » percerait le ciel et arriverait jusqu'aux dieux, portant sur ses flancs, les hommes qui au fil du temps, leur avaient offert les plus beaux de leurs enfants.

Lorsqu'il entra dans son ultime année, sa mère lui dit enfin, malgré sa détresse soudaine, la procession, le rituel, mais ne trouva pas les mots pour lui décrire l'instant dernier.
Mais, Paul savait.
Il savait ce qui nourrissait la montagne. Il savait ce qu'elle attendait et ce qu'il allait lui donner.

 


Le jour de ses dix ans, il était encore plus serein que d'habitude. Il se leva bien avant sa mère, sortit de la maison et s'éloigna un peu du hameau. Il s'approcha du bord du ravin, s'agenouilla et pria. Il demanda la force, le courage de ne pas faillir. Ses yeux étaient grands ouverts sur la vallée en contrebas et sur les cimes qui l'encerclaient. Paul respira le silence, l'odeur des fleurs, l'atmosphère de ses chères montagnes. Il resta longtemps immobile.

Puis, il rentra. Sa mère l'attendait sur le pas de la porte. Elle le prit dans ses bras, le serra contre son sein. Elle embrassa doucement ses lèvres, puis le repoussa tendrement.
Elle le baigna, l'habilla de blanc, comme jadis, sa mère l'avait fait pour elle.
Paul monta sur la charrette recouverte d'edelweiss, qui l'attendait. Il s'assit, les jambes repliées et pria à nouveau. Il ne dit plus rien, n'eut plus un regard pour quiconque, jusqu'à ce que la procession des villageois atteigne, quelques heures plus tard, la cime du mont « rouge ».


Au fur et à mesure qu'ils s'en approchaient, le sol changeait de couleur. Il passa du gris beige au pourpre, pour atteindre le rouge carmin au sommet.

Un autel était dressé à cinquante centimètres du sol. Paul descendit lentement de la carriole. Il leva la tête et regarda le ciel tout proche, prit une profonde inspiration, puis sans un mot, il alla s'allonger sur la pierre chauffée par le soleil.


Les villageois l'entourèrent. On l'attacha. Il se laissa faire.
L'homme qui jadis avait fécondé Lydia, s'approcha, écarta la tunique blanche de Paul, découvrant sa jeune poitrine. Il psalmodia des vocables incompréhensibles pendant des minutes interminables. Paul se laissa porter par la musique des mots.
Puis l'homme sortit un long couteau effilé de son fourreau, le prit dans ses deux mains et le dressa au-dessus de Paul. L'enfant leva les yeux. A ce moment-là, il commença à réaliser. Un courant glacé le parcourut. Il se mit à trembler. La peur le submergea d'un coup.
Rempli de terreur, il fixait la lame qui lentement mais inexorablement descendait vers sa poitrine. Il était littéralement hypnotisé et ne pouvait en détacher ses yeux. Lorsqu'elle atteignit sa peau tendre, Paul reteint un cri. Puis elle s'enfonça plus profondément. L'enfant sentit le métal pénétrer sa chair. Il aspira de l'air, ses yeux s'agrandirent d'effroi, mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Il regarda le ciel, y cherchant la force.



Sa vie s'échappa dans un dernier souffle, à l'instant où la longue lame dégoulinante quittait son corps, aussi lentement qu'elle y avait pénétré.
Le sang de l'enfant se mit à couler par la profonde entaille. Il coula par saccades, rempli de la vie et de l'esprit du jeune garçon. Il se répandit sur le sol, le rougissant un peu plus, puis s'insinua dans la terre.

 


Paul fut le dernier enfant sacrifié.
Là-haut, la cime du mont « rouge » a atteint le ciel.

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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 11:33
 
Reveries (fin)


Mélanie était très perturbée par ses découvertes.
Lorsqu'elle rangea le carton, son regard fut attiré par quelque chose de brillant sur sa table de nuit. Elle s'approcha et vit avec stupeur, le petit cœur que lui avait donné le jeune homme.
Mélanie sentit une sueur froide se répandre en elle. Elle eut un vertige et dut s'asseoir sur le lit pour ne pas tomber.
Elle se calma peu à peu, puis descendit dans l'entrée. Elle s'arrêta devant le mur où se trouvait autrefois la porte. Elle ne vit rien de spécial mais resta songeuse en la regardant.
Mélanie prit une brassée de bois et remonta allumer un bon feu dans la cheminée.
Elle passa le restant de la journée à lire et à se reposer devant l'âtre en essayant de ne plus penser à ses découvertes. Elle finit par s'endormir en respirant les effluves dégagées par le feu. Elle sombra immédiatement dans le rêve.

Elle se trouvait devant la porte ! Rêvait-elle ou était-ce la réalité ?
Elle l'ouvrit lentement et s'engagea dans l'escalier. Elle descendit, hésitante.
Soudain, elle entendit des bruits de pas. Quelqu'un montait les marches à sa rencontre !
Les battements de son cœur s'accélérèrent brusquement. Elle allait faire demi-tour et s'enfuir, lorsque le jeune homme blond apparut.
- Bonsoir, Mélanie.
- Bonsoir, répondit-elle timidement.
- Je savais que tu reviendrais. Viens, avec moi.


Il la prit par la main. Elle le suivit sans un mot, trop déconcertée pour refuser.
Ils traversèrent la grande cave et pénétrèrent dans un joli petit salon. Là, assis face à eux, l'autre garçon, vêtu de noir, la déshabillait de son regard impassible.
Mélanie eut un mouvement de recul en le voyant.
Il se leva, vint vers elle et avant qu'elle n'ait eu le temps de se dérober, la prit dans ses bras et s'empara de ses lèvres. Un frisson d'extase la parcourut instantanément et elle lui rendit son baiser. Puis, brusquement elle se ressaisit et se dégagea.


- Je suis désolé pour l'autre jour, je ne savais pas que c'était toi, Mélanie, lui dit-il.
- Qui êtes-vous ? arriva-t-elle à articuler, s'adressant aux deux jeunes gens.
- Je suis Juan et voici Paolo, répondit le garçon vêtu de blanc. Nous sommes frères et cette maison est la nôtre.
- Mais, qu'est-ce que je fais ici ?
- Nous ne pouvons pas répondre à tes questions, Mélanie dit Juan, mais tu as découvert le moyen de venir dans notre monde et tu as le choix d'y rester, si tel est ton désir .
- Comment ?
- Je t'expliquerai en temps voulu. Mais tu dois repartir à présent car tu ne vas pas tarder à te réveiller.


Les deux garçons se rapprochèrent l'un de l'autre et à la stupeur de Mélanie se fondirent en un seul ! Il eut un sourire à la fois tendre et cruel.
Elle sortit en courant, remonta les escaliers et ne s'arrêta que la porte refermée derrière elle.
La jeune femme se réveilla. Elle tremblait de peur et de froid. Le feu s'était éteint.

Les jours suivants, Mélanie s'aperçut qu'elle ne retrouvait les deux garçons que lorsqu'elle s'endormait dans la pièce à la cheminée, devant un bon feu crépitant. Elle rencontrait tantôt l'un, tantôt l'autre. Petit à petit, malgré des sentiments contradictoires d'effroi ou de hardiesse, elle ne put s'empêcher de descendre dans les entrailles oniriques de la maison.
Elle était éperdument amoureuse des deux garçons et n'aurait su dire lequel des deux, elle préférait. Ils se complétaient tellement bien qu'elle pensait souvent qu'en réalité il n'y en avait qu'un seul.


Le tas de bois étant fini, Mélanie en fit rentrer deux stères qui vinrent s'empiler proprement sur les quelques bûches restantes. Ses vacances allaient bientôt se terminer et elle voulait laisser la maison prête, pour les prochaines. Pas question de se priver de ses petits voyages dans l'imaginaire.
Elle s'endormit sur le banc de bois, chatouillée par l'odeur subtile du vieux bois puis descendit rapidement à la cave.
Paolo l'attendait, tout de noir vêtu, comme à son habitude. Il prit Mélanie dans ses bras, l'embrassant longuement sur les lèvres. Il la porta sur le grand canapé. Ses caresses se firent plus précises. Mélanie ferma les yeux et se donna.

- Tu sais, lui dit Paolo un peu plus tard, qu'il ne tient qu'à toi de rester ici pour toujours ?
- Mais c'est impossible, en ce moment je dors là-haut !
- Oui, mais tu peux revenir ici avec ton corps et pas dans le monde du rêve. Cela dépend uniquement de toi.
- Mais je ne peux pas continuer à venir en rêve ?
- Non, car tu avais droit à un nombre précis de voyages. Tu les as épuisés. Il ne t'en reste un seul. Si, tu décides de venir une dernière fois, tu ne pourras plus repartir. Réfléchis bien, mon amour. Je t'aime, ajouta-t-il en posant des lèvres sur sa bouche.

Mélanie remonta les escaliers et se réveilla.

Il lui restait deux jours de vacances, elle les passa à peser le pour et le contre. La vie ne l'avait guère gâtée jusqu'ici, pourquoi ne pas tenter l'aventure ?
Elle décida de choisir le rêve.
Elle descendit chercher du bois, alluma le feu dans la cheminée, et ne s'endormit pas !
Elle attendit mais le sommeil ne vint pas. Elle ne comprenait pas. Désespérée, elle monta se coucher dans sa chambre, et s'endormit, mais ne rêva pas.
Le lendemain matin, elle fit à nouveau du feu dans la cheminé, et il ne se passa toujours rien.


Mélanie pleura longtemps, après son départ du village, sur la route qui la ramenait vers la ville. L'incompréhension la rongeait. Elle serra contre sa poitrine le petit cœur que lui avait donné Paolo et la vielle photo du grenier, seuls souvenirs de son aventure.

Paolo ignorait que Mélanie avait recouvert les quelques bûches restantes.
Les seules qui permettaient l'ultime voyage.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 18:03

REVERIES

 

 

On accédait au village par une petite route tortueuse, pleine d'ornières. Elle montait en serpentant, traversait les prés et les bois, pour s'arrêter sur la place du hameau. Il était accolé à la montagne, à plus de 1400 mètres d'altitude, au coeur des Pyrénées espagnoles.
Les maisons étaient grises, du gris des ardoises qui les recouvraient. Elles étaient pelotonnées les unes contre les autres, pour se tenir chaud l'hiver et pour se protéger du soleil l'été. Les rues étaient très étroites, ne laissant passer que les charrettes tirées par les chevaux. De temps à autre, un troupeau de vaches remontait le chemin, troublant quelques minutes, avec leurs cloches, le calme du petit village.


Mélanie descendit de sa voiture, qu'elle avait garé sur la place. Elle s'arrêta devant sa nouvelle maison et resta un long moment à la contempler. Elle était construite en grosses pierres des montagnes. Ses petites fenêtres étaient fermées par de coquets volets de bois. Un étroit balcon courait le long de la façade.
La jeune femme trouva la maison charmante se réjouit des vacances qu'elle allait y passer.
Elle tourna la longue clé dans la serrure. La porte s'ouvrit en grinçant. Elle entra en tâtonnant pour trouver l'interrupteur. La lumière jaillit.


A gauche, se trouvait un tas de bois, bien rangé. C'était un bois beaucoup plus foncé que celui qu'on trouvait dans nos régions. Il était presque noir et Mélanie n'en avait jamais vu. Une odeur troublante et indéfinissable s'en dégageait.
Un escalier partait, face à la porte d'entrée.
Mélanie monta lentement. Au premier, il y avait une grande salle, une cuisine, une chambre et une pièce-cheminée. Deux bancs étaient fixés sur les deux autres murs. La jeune femme imaginait sans peine les soirées au coin du feu qu'elle allait s'offrir, allongée sur un banc à regarder les flammes crépiter.


Elle ouvrit tous les volets laissant entrer la lumière du jour. Toutes les pièces étaient meublées avec rusticité et bon goût. Elle rangea ses affaires, savourant le calme et le silence.

Le soir venu, elle alluma un bon feu dans la cheminée. Le parfum qui se dégageait de l'âtre l'enivrait un peu. Il ressemblait à une essence de bois exotique mais Mélanie ne parvenait pas à le définir. Ses yeux se fermèrent et elle perdit peu à peu conscience de ce qui l'entourait, à mesure qu'elle respirait les émanations du bois embrassé.
Elle s'endormit lentement, s'enfonçant inexorablement dans le monde onirique.


Elle descendait un grand escalier de pierres. Elle était terrorisée. L'homme qui la suivait la poussait de sa lance pointue. Elle avait les bras attachés dans le dos. Elle s'arrêta sur le seuil d'une salle ronde. Au centre, se trouvait une grande table et sur les murs pendaient des menottes. Mélanie chercha à s'échapper mais son geôlier la rattrapa et l'attacha contre le mur. Elle cria.
- Cela ne sert à rien, dit un homme en entrant, on ne vous entendra pas.


Il était d'une beauté à couper le souffle. Mélanie malgré sa peur, ne pouvait en détacher son regard. Il était grand. Ses cheveux d'un noir de jais, bouclés, lui retombaient sur les épaules. Ses yeux étaient d'un bleu profond, ce qui lui donnait un regard d'acier, cruel mais aussi envoûtant. Il était vêtu d'un collant noir et d'une chemise en satin toute aussi noire. Son corps était parfait. Il tenait un long fouet dans sa main.
Mélanie était complètement subjuguée. Elle était partagée entre le désir de vouloir s'échapper et celui de se blottir dans les bras de l'inconnu. Elle était à la fois paniquée et très excitée.


Il s'approcha d'elle et leva le fouet.
A ce moment un jeune homme fit irruption dans la pièce, tendit ses bras en avant. De ses mains partirent deux éclairs aveuglants qui entourèrent l'homme en noir. Celui-ci disparut instantanément.
Mélanie en resta la bouche ouverte de stupeur. Le jeune homme était aussi blond que l'autre était brun. Il était identique à l'homme qui venait de s'évanouir dans l'air, sauf qu'il était vêtu de blanc. Ses yeux étaient du même bleu, mais son regard était très doux.
Il détacha la jeune fille, la prit dans ses bras et l'embrassa sur les lèvres.


- N'aie plus peur, il est parti lui dit-il.
- Qui était-ce ?
- Personne, n'y pense plus.
- Mais ...
- Chut ! Ne dit rien. Je vais te ramener chez toi.


Mélanie se laissa emmener par le jeune homme. Il sortirent de la cave et remontèrent l'escalier. Ils s'arrêtèrent devant une porte massive.
- Derrière cette porte se trouve ta maison, Mélanie. A bientôt. Tiens, voici un petit souvenir.
Il attacha à son cou un petit médaillon en forme de cœur. Puis il l'embrassa à nouveau et la poussa vers la porte qu'il referma sur elle.


Mélanie se réveilla sur le banc de la cheminée. Elle se rappela son rêve avec un soupir, regrettant presque que ce ne fut pas la réalité. Ces garçons étaient tellement beaux !
Elle se leva, éteignit le reste du feu et alla se coucher dans son lit. Elle dormit jusqu'au matin, sans plus rêver.

Le lendemain, elle finit de s'installer puis décida d'aller visiter le grenier.
Il était très encombré par des cartons de vêtements, de livres et des vieux meubles. Tout cela était sans intérêt. Elle allait partir quand elle découvrit dans un coin, une boîte remplie de photos.


Elle prit le carton et descendit s'installer dans un fauteuil pour les regarder. Sur plusieurs d'entre elles, Mélanie reconnut la maison, mais elle était différente. Elle avait été transformée au fil des générations et de ses habitants.


Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'elle découvrit sur l'une des photos, le jeune homme de son rêve ! A en croire ses vêtements, il avait vécu dans la maison, vers le milieu du siècle dernier. Elle s'aperçut de l'existence d'une porte, aujourd'hui disparue, en bas dans l'entrée. Elle menait très certainement à une cave.

 

( à suivre ...)

 

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Vendredi 11 avril 5 11 /04 /Avr 10:55
SOLSTICE D'ETE


Myriam fut réveillée par le piaillement des oiseaux qui tenaient conversation derrière sa fenêtre. Elle se leva et fut éblouie par le soleil matinal en ouvrant ses volets. Elle respira à plein poumon l'air encore frais, parfumé des fraisiers sauvages.


Quelques mois auparavant, elle avait décidé de tout recommencer. Elle avait quitté son ancienne vie, balayé tout son passé, tenté de tout oublier. Et en mai dernier, elle avait loué cette petite maison, dans une clairière, à l'écart du village, au fin fond de la Creuse.


L'annonce l'avait attirée irrésistiblement et elle avait signé le bail sans tenir compte de la mise en garde du notaire : « Cet endroit a très mauvaise réputation, personne ne veut y habiter. On raconte qu'autrefois, dans cette clairière, se pratiquait des rites diaboliques et des sacrifices à l'emplacement même de la maison ».
Mais la jeune femme ne crut pas à ces superstitions et obtint la maison pour un loyer dérisoire.


En ce matin de juin, elle ne regrettait pas sa décision. Comme elle se sentait bien ! Le calme de la forêt la pénétrait, lui redonnant la sérénité et l'apaisement.
Elle occupait le plus clair de son temps à explorer les bois, tout seule. Son esprit imaginatif n'avait plus de frein. Plus personne, désormais ne lui imposait ce qu'elle devait faire ou penser.

La nuit, sur le pas de la porte, allongée sur sa chaise longue, sous l'auvent, elle écoutait les bruits de la forêt. Elle fermait les yeux et laissait son esprit vagabonder. Elle voyageait par la pensée, loin, très loin, dans des contrées oubliées.

Elle avait même vécu à plusieurs reprises des manifestations étranges qui l'excitaient plus qu'elles ne l'inquiétaient.
Elle était endormie et lentement elle se séparait de son enveloppe physique et se regardait dormir ! Myriam sentait que dans ces moments là, elle pourrait, si elle le désirait vraiment, partir avec ce corps invisible en laissant l'autre sur le transat, et que ces voyages ne seraient pas une errance instinctive mais un acte conscient et volontaire. Seule l'appréhension l'empêchait de se laisser aller. Elle réintégrait alors son corps aussi facilement qu'elle enfilait une robe !

Elle confia son secret à Steven, dont elle avait fait la connaissance dans les bois en cherchant des champignons. Lorsqu'ils en discutèrent, il pâlit et lui conseilla de déménager au plus tôt. Cette maison est ensorcelée, lui dit-il et les promeneurs l'évitent depuis toujours. Il eut vraiment l'air inquiet et il lui fit promettre de l'appeler si elle avait besoin de lui.
Mais pour rien au monde Myriam ne serait partie. Elle adorait sa clairière et son calme, ce n'était pas quelques bizarreries qui la feraient s'en aller, au contraire !

Aujourd'hui, vingt-quatre juin, elle fêtait ses vingt ans. Bien reposée, et après un bon petit déjeuner, elle s'apprêtait à partir se promener lorsque le téléphone sonna.

- Allô ?
- Myriam ? C'est Steven, comment vas-tu, ce matin ?
- Très bien, j'allais sortir faire un tour.
- Ce soir, je vais à la fête à Villeneuve, veux-tu m'accompagner ?
- Non, je regrette, je ne suis pas libre, je reçois des amis.
Les mots sortaient de ses lèvres, comme dotés d'une vie propre.

- Ah, bon ! dit-il surpris. Tout va bien Myriam?
- Oui, oui très bien ! Bon, il faut que je parte. On se verra dimanche, si tu veux. Passe à la maison !
Et elle raccrocha rapidement, ne comprenant pas pourquoi elle avait menti à Paul.


Elle sortit, traversa la clairière et s'enfonça dans les bois. Elle se promena toute la journée, explorant des parties de la forêt qu'elle ne connaissait pas encore, et découvrant çà et là des dolmens enfouis dans la mousse du temps et oubliés des hommes.

Myriam revint chez elle, alors que le soleil, lentement, disparaissait derrière les arbres. La clairière était déjà plongée dans la pénombre, mais il faisait encore très chaud.

Elle prit une douche, laissant l'eau se répandre le long de son corps, ses longs cheveux dorés, ruisselant sur son dos. Elle se parfuma et enfila une longue robe blanche, transparente, qui ne cachait rien de sa jeune féminité.
Après un repas frugal, elle s'étendit sur sa chaise longue, allumant comme à l'accoutumée un bâton d'encens. La nuit était tombée et seule la lumière de l'entrée, empêchait la jeune fille d'être dans l'obscurité totale.


Myriam ferma les yeux, laissant l'odeur ensorcelante de l'encens pénétrer ses narines et monter jusqu'à son esprit. C'était comme une drogue, qui prenait possession d'elle, lui ôtant toute volonté.
Peu à peu, elle perdit la notion du temps et de l'espace environnant.
Comme cela lui était arrivé si souvent, son esprit se détacha lentement et se mit à errer autour d'elle, mais peu à peu l'environnement habituel se modifia. Les arbres étaient toujours à leur place, mais ils étaient plus petits. Puis elle sut qu'elle était toujours chez elle, mais bien des années plus tôt.
Là-bas, dans la clairière, un grand feu flambait.


Des hommes et des femmes, vêtus d'une étrange manière, étaient rassemblés tout autour. Ils portaient de longues robes noires, resserrées à la taille par une simple cordelière et la tête recouverte d'un grand capuchon dissimulant leur visage. Ils semblaient attendre tout en psalmodiant de curieuses incantations, leurs corps vibrant au son de la mélopée.

L'une des femmes se leva et se dirigea vers le corps de Myriam allongé sur la chaise. A l'instant où la femme lui toucha la main, son esprit se retrouva brutalement dans son corps et elle ouvrit les yeux.

Elle se redressa, comme une automate et suivit la femme qui se dirigeait vers le feu. Autour d'elle, les complaintes et les incantations montaient en crescendo. Toute l'assistance était en transe. La jeune fille frissonna malgré la chaleur du brasier d'où se dégageait un parfum enivrant d'herbes et de feuilles brûlées. Elle était consciente mais elle n'avait plus aucun pouvoir de décision.


Puis, il y eut un mouvement, là-bas, dans les fourrés : un soupir, un froissement, un murmure. Myriam sentit, plus qu'elle ne vit, l'ombre qui s'approchait, et l'odeur infâme qui la précédait. Alors, en un instant, elle comprit. Elle avait été transportée, Dieu sait comment, dans une époque reculée, au même endroit, un vingt-quatre juin, nuit du solstice d'été, et allait être offerte au Démon, lors d'un rite satanique !


Les sorcières la firent allonger sur le sol. Elle n'offrit aucune résistance, elle en était incapable. Il était tout proche, à présent. Elle ne le voyait toujours pas, mais une odeur infecte de pourriture, et de chair en décomposition remplit l'air.
Soudain, il fut sur elle. Le froid glacial la pénétra brutalement, s'insinuant dans son intimité. Quelque chose d'énorme la déchira. La douleur éclata violemment dans son ventre, puis l'envahit toute entière. Elle voulut hurler, mais ses cris s'étranglèrent dans sa gorge. Au fur et mesure que le monstre la possédait, disposant de son sexe et de son corps, elle perdit toute notion d'elle-même.


Elle entendait l'horrible essoufflement qui semblait venir de partout, comme si l'air lui-même avait décidé de la prendre. La souffrance et l'horreur la submergeaient, la paralysaient et lui enlevaient ce qui lui restait de volonté. Elle était soumise à l'être le plus abject qui puisse exister. Elle sentait une hideuse et effroyable excitation grandir dans la puissance infernale qui disposait d'elle. Elle s'abandonna, laissant l'être démoniaque assouvir ses instincts bestiaux.
Myriam sombra peu à peu dans un état proche de la folie, finissant presque par prendre du plaisir à l'horreur qu'elle subissait. Elle sentit que le démon allait se répandre en elle, tant ses mouvements s'accéléraient, la déchirant de plus belle. Elle hurla cette fois, un long cri déchirant dans la nuit.

- Myriam ! Réveille-toi, c'est fini, tu as fait un cauchemar ! Myriam !

Steven tentait vainement de la réveiller, en la secouant. Elle était agitée de soubresauts et continuait de hurler comme une damnée. Elle finit par ouvrir les yeux et vit Steven qui la tenait dans ses bras.
Le soulagement la fit éclater en sanglots. Elle se blottit contre lui, le serrant éperdument.

Elle s'aperçut alors, que sa robe blanche était maculée de sang.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mercredi 9 avril 3 09 /04 /Avr 09:54
L'affiche


Le rideau de satin bleu s'écarte de lui-même, découvrant la porte dissimulée. Elle s'ouvre sans bruit, glissant sur le tapis, tandis que derrière elle, le rideau retombe lourdement.

La pièce est très claire. La moquette qui recouvre le sol est épaisse et moelleuse. Quelques nuages blancs parsèment ça et là, le plafond bleu ciel. Le calme et la quiétude règnent dans la petite chambre. L'éclairage semble venir de nulle part. Aucun plafonnier, aucune lampe n'est visible. Pourtant c'est la lumière du jour qui l'envahit, on peut sentir la chaleur des rayons du soleil.
Un subtil parfum de pot pourri imprègne la pièce, émanant des fleurs peintes avec délicatesse sur la soie tendue couvrant les murs. Sur celui face à la porte, s'étend une immense affiche qui le recouvre entièrement.
Un lit rond est suspendu à un mètre du sol, au centre de la pièce. Aucun socle ne le soutient, aucun fil ne le supporte. Il flotte là, immobile, une épaisse peau d'ourse jetée dessus. Le pelage de l'ourson enveloppe l'unique oreiller.

On est irrésistiblement attiré par le grand panneau mural. Un jeune homme, au teint extrêmement pâle et d'une beauté invraisemblable, semble vous fixer de son regard perçant. Un léger sourire figé, laisse entrevoir ses petites dents pointues. Son corps est mince et svelte. Ses longues jambes sont recouvertes d'un collant blanc. Une grande cape rouge tombe de ses épaules. Son port de tête est royal et fier.
Autour de lui, la forêt s'étend, faite de sapins centenaires. Elle est très sombre. Seule, la pleine lune que l'on aperçoit à travers les arbres, éclaire le visage du jeune vampire. Son cheval blanc est attaché non loin de lui.

Dans la chambre, la luminosité s'atténue insensiblement, au fur et à mesure que le soleil baisse vers l'horizon. Elle s'assombrit peu à peu, le plafond perd son bleu ciel pour un bleu plus foncé.
Curieusement, l'immense affiche se trouve maintenant à gauche de l'oreiller, mais toujours face à la porte.
Est ce le lit qui tourne sur lui-même ou bien est-ce la pièce qui tourne autour du lit ?
A mesure que le temps s'écoule, et que le soir tombe, de petits points brillants apparaissent sur le plafond. Lentement, imperceptiblement, un disque lumineux monte du coin supérieur de la petite chambre, juste au-dessus de l'affiche.

Il fait de plus en plus sombre et seule la lune illumine la pièce.
La porte s'ouvre laissant entrer une ravissante adolescente. De longs cheveux blonds recouvrent ses épaules, ne cachant que partiellement la nudité de sa poitrine. Ses yeux sont bleus, légèrement bridés, sa bouche aux lèvres pulpeuses donne envie de l'embrasser, sa fragilité apparente donne envie de la protéger. Sa peau est d'une blancheur extrême et de petites veines bleues parsèment son corps parfait.

Elle se dirige vers son lit. Celui-ci descend jusqu'au sol, lui permettant de monter, puis reprend sa position initiale, à un mètre du sol. La jeune fille rejette la couverture, et s'allonge. Elle se tourne et se retourne en s'étirant lascivement. Elle ne semble nullement étonnée par les va-et-vient de son lit.
Maintenant l'affiche est presque derrière elle. Là-haut, l'astre remplit une bonne moitié du plafond donnant à la pièce sa clarté de pleine lune.

L'adolescente s'endort, plongeant rapidement dans les hautes terres du rêve. Elle sait que c'est pour cette nuit. Elle le sent depuis plusieurs jours et elle est prête.
Elle s'enfonce dans le pays onirique, passe le portail magique.

Alors qu'au loin sonnent les douze coups de minuit, la chambre est baignée d'une lumière blanche et froide. L'affiche, imperceptiblement s'anime. Les yeux du jeune homme s'ouvrent, inspectent la pièce et se posent sur l'adolescente endormie devant lui. Peu à peu, son corps se met en mouvement, respire. Il tourne la tête, s'étire, reprend vie. Son visage est éclairé par la lune, ce qui lui donne un aspect un peu effrayant. Il sourit, un sourire de convoitise. Sa langue exsangue, passe et repasse sur ses lèvres pâles. Son sourire s'accentue laissant apercevoir ses petites canines, très effilées, très pointues comme deux petites aiguilles affûtées.

Lentement, il s'avance au bord de l'affiche, puis d'un bond léger, rapide et sans bruit, se laisse retomber derrière le lit et s'agenouille près de la jeune fille. Lentement, tendrement, avec des gestes d'une douceur diabolique, il commence à caresser l'enfant endormie.
Sa main glacée glisse sur les cheveux, puis descend jusqu'à la poitrine naissante. Un désir intense l'envahit. Il a faim d'elle, il a soif de sa vie.

Il s'allonge contre elle tout en continuant ses caresses. L'adolescente ouvre les yeux, elle a déjà senti, avant son réveil, la présence à côté d'elle. Son coeur s'affole et la peur entre en elle.
Il est si froid !
Le jeune homme s'étend sur elle. Il saisit doucement le petit visage entre ses mains. Elle plonge son regard dans le sien, se noyant dans ses yeux bleus acier. Le temps semble s'arrêter un instant puis l'enfant tourne lentement sa tête, offrant son cou, où palpite la veine jugulaire.

Le vampire approche son visage, son désir est à son comble. Il pose ses lèvres glacées sur le cou tendu vers lui, et y plante rapidement ses canines. L'enfant se tend brusquement, tentant d'échapper à l'étreinte monstrueuse. Mais il la tient fermement. Alors elle s'abandonne, laissant sa vie s'échapper doucement.

Le sang jaillit et coule en jets saccadés dans la gorge du jeune homme. Ses lèvres sont collées au cou de la jeune fille et aucune goutte ne s'échappe. Il boit sa chaleur, son énergie en reprenant force et vitalité.

L'étreinte diminue un peu. Le jeune homme rassasié a repris des couleurs. Il détache sa bouche rouge de sang du cou gracile et la pose tendrement sur celle de la jeune vierge. Elle entrouvre ses lèvres, essayant de lui rendre son baiser. Elle est très faible.
Il pourrait partir, la laisser, elle est si belle, si fragile.

Mais il ne peut pas. Son désir, un peu apaisé, le tenaille à nouveau. En même temps que sa langue froide pénètre la bouche offerte de l'enfant et avec infiniment de délicatesse et d'amour, il s'enfonce en elle, prenant sa virginité avec autant de désir, de passion et d'amour qu'il a pris son sang et sa vie.

Ses lents va-et-vient arrachent des gémissements à l'adolescente, elle sent la jouissance monter en elle, mais aussi chez l'être inhumain qui la possède. Elle sait qu'elle va mourir, mais son plaisir est tel, qu'elle veut aller jusqu'au bout de l'extase même si la mort en est le prix.
Leurs jouissances éclatent en même temps. La petite fille, son regard bleu perdu dans celui de son amant sanguinaire, laisse échapper sa vie dans un cri .

Le jeune vampire repu, s'écarte lentement de l'enfant étendue, la regardant une dernière fois. Elle est encore plus belle dans la mort. Il hésite, il peut encore la ranimer, la rendre tel que lui.
Il entend un hennissement long, déchirant, presqu'un cri humain. Il regarde l'affiche. Son cheval l'appelle.

D'un bond, sans un regard en arrière cette fois, il saute en selle et s'éloigne.

Il ne reste plus sur le mur, qu'une immense forêt de sapins.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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