Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 11:33
 
Reveries (fin)


Mélanie était très perturbée par ses découvertes.
Lorsqu'elle rangea le carton, son regard fut attiré par quelque chose de brillant sur sa table de nuit. Elle s'approcha et vit avec stupeur, le petit cœur que lui avait donné le jeune homme.
Mélanie sentit une sueur froide se répandre en elle. Elle eut un vertige et dut s'asseoir sur le lit pour ne pas tomber.
Elle se calma peu à peu, puis descendit dans l'entrée. Elle s'arrêta devant le mur où se trouvait autrefois la porte. Elle ne vit rien de spécial mais resta songeuse en la regardant.
Mélanie prit une brassée de bois et remonta allumer un bon feu dans la cheminée.
Elle passa le restant de la journée à lire et à se reposer devant l'âtre en essayant de ne plus penser à ses découvertes. Elle finit par s'endormir en respirant les effluves dégagées par le feu. Elle sombra immédiatement dans le rêve.

Elle se trouvait devant la porte ! Rêvait-elle ou était-ce la réalité ?
Elle l'ouvrit lentement et s'engagea dans l'escalier. Elle descendit, hésitante.
Soudain, elle entendit des bruits de pas. Quelqu'un montait les marches à sa rencontre !
Les battements de son cœur s'accélérèrent brusquement. Elle allait faire demi-tour et s'enfuir, lorsque le jeune homme blond apparut.
- Bonsoir, Mélanie.
- Bonsoir, répondit-elle timidement.
- Je savais que tu reviendrais. Viens, avec moi.


Il la prit par la main. Elle le suivit sans un mot, trop déconcertée pour refuser.
Ils traversèrent la grande cave et pénétrèrent dans un joli petit salon. Là, assis face à eux, l'autre garçon, vêtu de noir, la déshabillait de son regard impassible.
Mélanie eut un mouvement de recul en le voyant.
Il se leva, vint vers elle et avant qu'elle n'ait eu le temps de se dérober, la prit dans ses bras et s'empara de ses lèvres. Un frisson d'extase la parcourut instantanément et elle lui rendit son baiser. Puis, brusquement elle se ressaisit et se dégagea.


- Je suis désolé pour l'autre jour, je ne savais pas que c'était toi, Mélanie, lui dit-il.
- Qui êtes-vous ? arriva-t-elle à articuler, s'adressant aux deux jeunes gens.
- Je suis Juan et voici Paolo, répondit le garçon vêtu de blanc. Nous sommes frères et cette maison est la nôtre.
- Mais, qu'est-ce que je fais ici ?
- Nous ne pouvons pas répondre à tes questions, Mélanie dit Juan, mais tu as découvert le moyen de venir dans notre monde et tu as le choix d'y rester, si tel est ton désir .
- Comment ?
- Je t'expliquerai en temps voulu. Mais tu dois repartir à présent car tu ne vas pas tarder à te réveiller.


Les deux garçons se rapprochèrent l'un de l'autre et à la stupeur de Mélanie se fondirent en un seul ! Il eut un sourire à la fois tendre et cruel.
Elle sortit en courant, remonta les escaliers et ne s'arrêta que la porte refermée derrière elle.
La jeune femme se réveilla. Elle tremblait de peur et de froid. Le feu s'était éteint.

Les jours suivants, Mélanie s'aperçut qu'elle ne retrouvait les deux garçons que lorsqu'elle s'endormait dans la pièce à la cheminée, devant un bon feu crépitant. Elle rencontrait tantôt l'un, tantôt l'autre. Petit à petit, malgré des sentiments contradictoires d'effroi ou de hardiesse, elle ne put s'empêcher de descendre dans les entrailles oniriques de la maison.
Elle était éperdument amoureuse des deux garçons et n'aurait su dire lequel des deux, elle préférait. Ils se complétaient tellement bien qu'elle pensait souvent qu'en réalité il n'y en avait qu'un seul.


Le tas de bois étant fini, Mélanie en fit rentrer deux stères qui vinrent s'empiler proprement sur les quelques bûches restantes. Ses vacances allaient bientôt se terminer et elle voulait laisser la maison prête, pour les prochaines. Pas question de se priver de ses petits voyages dans l'imaginaire.
Elle s'endormit sur le banc de bois, chatouillée par l'odeur subtile du vieux bois puis descendit rapidement à la cave.
Paolo l'attendait, tout de noir vêtu, comme à son habitude. Il prit Mélanie dans ses bras, l'embrassant longuement sur les lèvres. Il la porta sur le grand canapé. Ses caresses se firent plus précises. Mélanie ferma les yeux et se donna.

- Tu sais, lui dit Paolo un peu plus tard, qu'il ne tient qu'à toi de rester ici pour toujours ?
- Mais c'est impossible, en ce moment je dors là-haut !
- Oui, mais tu peux revenir ici avec ton corps et pas dans le monde du rêve. Cela dépend uniquement de toi.
- Mais je ne peux pas continuer à venir en rêve ?
- Non, car tu avais droit à un nombre précis de voyages. Tu les as épuisés. Il ne t'en reste un seul. Si, tu décides de venir une dernière fois, tu ne pourras plus repartir. Réfléchis bien, mon amour. Je t'aime, ajouta-t-il en posant des lèvres sur sa bouche.

Mélanie remonta les escaliers et se réveilla.

Il lui restait deux jours de vacances, elle les passa à peser le pour et le contre. La vie ne l'avait guère gâtée jusqu'ici, pourquoi ne pas tenter l'aventure ?
Elle décida de choisir le rêve.
Elle descendit chercher du bois, alluma le feu dans la cheminée, et ne s'endormit pas !
Elle attendit mais le sommeil ne vint pas. Elle ne comprenait pas. Désespérée, elle monta se coucher dans sa chambre, et s'endormit, mais ne rêva pas.
Le lendemain matin, elle fit à nouveau du feu dans la cheminé, et il ne se passa toujours rien.


Mélanie pleura longtemps, après son départ du village, sur la route qui la ramenait vers la ville. L'incompréhension la rongeait. Elle serra contre sa poitrine le petit cœur que lui avait donné Paolo et la vielle photo du grenier, seuls souvenirs de son aventure.

Paolo ignorait que Mélanie avait recouvert les quelques bûches restantes.
Les seules qui permettaient l'ultime voyage.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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