Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 18:20

Chapitre 5


L’être mystérieux attendait Marion, à la porte lumineuse. Contrairement aux autres fois, il avait repris sa forme véritable. Il paraissait encore plus grand dans sa nudité. Ses longs cheveux noirs couvraient ses épaules. Ses oreilles étaient beaucoup plus grandes que celles des humains et pointues. Il avait un large front, au-dessus d’orbites noires, profondes et vides. Son nez était mince, ses narines pincées. Ses lèvres rouges étaient épaisses et pulpeuses. Il avait un torse lisse, sans poil et un sexe démesuré, en érection. Son apparence était presque humaine, si ce n’est les deux grandes ailes repliées, qu’il avait dans le dos. La surprise laissa Marion sans réaction.

 - Ce soir, je veux que tu te transformes lui dit-il. Reprends pour moi, ton aspect, mais garde tes sensations humaines. Viens ma reine. La jeune femme se laissa faire et ferma les yeux pendant que son corps se modifiait. Ses vêtements disparurent. Des ailes refermées apparurent dans son dos et ses pieds s’étalèrent se transformant en serres puissantes. Elle garda sa poitrine humaine mais ses seins se gonflèrent et grossirent. Son visage ne fut que très peu modifié sauf ses yeux dont les orbites apparurent, sans les yeux. Ses cheveux s’allongèrent et prirent un beau roux foncé. Au bout de ses doigts, ses ongles s’étirèrent et devinrent tranchants comme des rasoirs. L’ange saisit tendrement son visage dans ses mains et prit sa bouche. Elle se serra contre lui, touchant sa langue avec la sienne, lui rendant son baiser passionnément. Son cœur battit plus vite, sa respiration s’accéléra.
 - J’ai envie de toi, lui murmura-t-il. Marion était redevenue elle-même. Leur étreinte fut violente, leur orgasme continu, douloureux et passionné à outrance. Ils s’accouplèrent encore et encore, leur corps d’ange ne ressentant pas la fatigue. Leurs caresses furent précises et leurs ongles trop longs lacérèrent leurs corps. Souffrance et volupté intenses se mélangèrent dans une jouissance démesurée et indescriptible. Ils se prirent et se reprirent mutuellement, s’offrant et se possédant, tout à tour. Leurs ébats durèrent si longtemps que Marion ne put rentrer ce matin-là, le soleil s’étant déjà levé. - Ne retourne pas là-bas dit-il, reste avec moi, mon aimée. - Non, pas encore, accorde-moi un peu plus de temps. - Bien. Mais à une condition répondit l’ange en reprenant forme humaine. - Laquelle ?
- Je veux que tu séduises ton petit humain et qu’il te fasse l’amour.
 -Mais, tu ne voulais pas !
- Eh bien disons que j’ai changé d’avis. Tu vas l’amener dans ta chambre, pour que je ne perde rien du spectacle. - Comme tu voudras, répondit Marion, soumise, en reprenant elle aussi, sa forme humaine. A l’aube du jour suivant, Marion referma la porte dans le mur et partit dans le village en quête de Michel. Elle fit semblant de le rencontrer fortuitement.
- Bonjour, Michel lui dit-elle gentiment.
 - Marion ! Tu n’es plus fâchée ? Pourquoi m’as-tu évité ? Tu me manques tant !
 - Michel ! Tes questions, toujours. Viens je t’invite à manger chez moi, nous discuterons.
Et elle le tira par la main jusque devant sa maison. Elle se fit tendre et douce et insidieusement tenta le jeune homme. Lorsqu’ils eurent mangé, elle l’attira sur le divan, s’approchant de lui. Il ne comprenait pas ce revirement mais tout à son bonheur, il ne vit pas le danger. Elle troubla et excita Michel jusqu'à ce que celui-ci s’enhardisse et commence à la caresser. Elle se laissa faire. Ils étaient allés bien loin, lorsque Michel brusquement la lâcha et se recula.
 - Non ! dit-il, pas comme ça. Marion ! Que se passe-t-il ? Tu me fuis depuis plus de quinze jours et tout d’un coup tu t’offres à moi !

 - Je ne te plais plus ? 
 - Là n’est pas la question, Marion et tu le sais !
- Que veux-tu savoir ? demanda-t-elle.
La question le prit au dépourvu. Il mit quelques instants à réagir. Il reprit ses caresses, glissant sa main sous la jupe de Marion. Elle sourit.
- Où vas-tu chaque soir ? demanda-t-il doucement tandis que sa main progressait. - Nulle part, je vais me coucher dans ma chambre comme tout le monde, répondit-elle. - Qui te fait ces marques sur le corps ? - Quelles marques ? Je n’ai aucune marque ! - Soulève ton polo ! Elle obéit. Sa poitrine était blanche, sans aucune cicatrice. - Où sont-elles ? Elles n’ont pas pu disparaître en quinze jours ! - Mais, Michel, je n’ai jamais eu de marques ! Elle niait avec une telle conviction que Michel fut assaillit de doutes.
- Mais tu m’as dit l’autre jour que tu aimais la souffrance. Il y a bien quelqu’un qui ... Elle l’interrompit. - Caresse-moi dit-elle. Continue ! Michel ne savait plus que penser. Sa main se fit plus précise, comme douée d’une vie propre et pénétra le sexe mouillé de Marion. Elle frissonna de plaisir.
- D’où vient cette lumière vive sur le mur de ta chambre, chaque nuit demanda-t-il, au moment où Marion s’y attendait le moins.
 - ... Quelle lumière ?
 - Marion, je t’en prie répond à mes questions !
- Non, je ne peux pas Michel. Il faut que tu m’acceptes comme je suis, sinon vas-t’en ! dit-elle, en se dégageant brutalement. Elle se précipita dans sa chambre, simulant les larmes et s’effondra sur son lit. Michel la suivit, regrettant son attitude.
 - Pardonne-moi, ma chérie, dit-il. Tu me parleras quand tu le désireras. Viens contre-moi.
Leur étreinte fut classique et sans surprise. Marion, excitée par les caresses trop sages, était loin d’être satisfaite. Elle se rendit compte à ce moment-là que son amant ailé avait raison. Michel était trop gentil et trop sage. Il ne pourrait jamais lui offrir un millième des sensations qu’elle éprouvait avec son amant de l’autre monde. Elle ne pourrait pas non plus attendre la nuit pour être satisfaite.
 - Fais-moi mal, Michel, demanda-t-elle doucement.
 - Non ! Marion, je ne peux pas faire une chose pareille.
 - Je t’en prie insista-t-elle.
En quelque secondes, elle se mit à trembler, à suffoquer. Elle se roula sur le lit en bavant. Puis elle se mit à hurler en le suppliant de la frapper. Les tremblements s’accentuèrent comme si elle avait une crise d’épilepsie. Michel lui caressa le visage et lui parla doucement pour la calmer. Sans le savoir, il faisait tout le contraire de ce qu’il fallait faire. Au bout de quelques minutes, elle prit une belle teinte bleutée et commença à s’étouffer. Michel ne s’en rendit pas compte, mais une légère excroissance apparut dans son dos. Il se précipita dans le salon pour téléphoner. A ce moment-là, la porte de la chambre se referma en claquant violemment. Michel voulut la rouvrir mais rien n’y fit.
 - Marion !
 -  Ouvre-moi, dit-il inutilement. Il secoua la poignée mais il ne put ouvrir la porte. Il décrocha le combiné et appela Paul et une ambulance. Pendant ce temps-là, dans la chambre, malgré la lumière du jour, une ombre apparut, gigantesque. Le vent s’était levé et tous les objets s’envolaient dans tout les sens. Le fracas était épouvantable. La silhouette s’approcha de Marion et la gifla. Elle ouvrit les yeux. 
- Calme-toi ! ordonna son amant, prenant forme.
 - Je ...
 - Ne parle pas ! Ferme les yeux. I
Il prit Marion dans ses bras et l’emporta. Paul et Michel enfoncèrent la porte de la chambre. Le désordre était inouï. La fenêtre était grande ouverte et Marion avait disparu. Le froid régnait dans la chambre et il y avait du givre sur les meubles et une profonde odeur de souffre imprégnait la pièce. Les deux hommes se regardèrent.
 - Mais, où est-elle ? demanda Michel, je n’ai pas quitté la maison.
 - Elle a dû partir par la fenêtre.
 - Dans l’état où elle était ? C’est impossible.
Paul entraîna Michel dehors.
 - Viens, dit-il. Renvoie l’ambulance et partons d’ici.
 - Je crois que j’ai raison dit Paul au bout d’un moment. Tu as vu l’état de sa chambre ? Tu as senti l’odeur de souffre ? J’en tremble encore. Cette fois, j’en suis sur, il y a un être démoniaque là-dessous.
 - Tu es bien comme tous les curés ! Dès que quelque chose est bizarre c’est l’œuvre du diable ! Je t’accorde que ce qui vient de ce passer n’est pas très normal, mais ce n’est pas une raison pour y voir une manifestation démoniaque ! D’ailleurs je ne crois pas au diable !
- Evidemment ! Tu ne crois pas non plus en Dieu, malgré tes visites à l’église. Comment expliques-tu ce froid ?
- Nous sommes en janvier, c’est normal, répliqua Michel.
- Il y avait du chauffage, le radiateur était chaud, la fenêtre a dû rester ouverte au plus cinq minutes et il ne gèle pas dehors ! - Il y a sûrement une explication ! Son amant a du venir la chercher.
 - Tu l’aurais vu ! s’exclama Paul.
 - Peut-être pas, dit Michel qui commençait à être à court d’arguments.
- J’ai un ami qui est spécialisé dans les possessions et tout ce qui touche aux démons et au surnaturel, veux-tu que je l’appelle ? demanda Paul.
 - C’est un exorciste ?
 - Pas tout à fait dit Paul. Il est médium.
- Si tu veux., acquiesça Michel de la lassitude dans la voix.
Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 00:00

Chapitre 4


Dans les jours qui suivirent, elle évita soigneusement Michel. Elle était très froide quand il la croisait et elle refusait obstinément de lui parler. Inquiet, Michel se rendit chez Paul et lui raconta en partie ce qu’il s’était passé, lors de leur dernière rencontre. Il ne pouvait plus garder ce secret pour lui.
- Va la voir, lui demanda Michel, peut être qu’elle t’ouvrira. 
- Non, c’est impossible dit Paul, un peu trop rapidement. Michel fixa son ami, étonné. Paul fuit son regard. Il était embarrassé.
- Pourquoi ? demanda Michel
- C’est difficile. Je ... Ecoute, je suis désolé, mais.... Je ne peux pas aller chez Marion.
- Mais pourquoi ? répéta Michel. J’en ai assez de tous ces mystères. Paul, je l’aime comme un fou, aide-moi, je t’en prie. Paul prit une profonde inspiration.
- Assieds-toi, dit-il écoute-moi et ne m’interromps pas. Paul prit place en face de lui et lui tendit un verre de whisky en lui disant qu’il allait en avoir besoin.


- Lorsque je suis arrivé au village, il y a une dizaine d’années, Marion était là depuis bien longtemps. Le vieux curé que j’ai remplacé, m’a raconté des choses troublantes à son sujet. Il avait pris son poste quarante ans auparavant et elle était déjà là.
 - Et alors ? l’interrompit Michel, sur la défensive.
 - Tu oublies qu’elle a environ vingt-cinq et que je te parle de cinquante ans en arrière ! Attends ! poursuivit-il, laisse-moi parler. Ceci n’est qu’un des mystère et je lui laisse le bénéfice du doute. C’est peut-être sa sœur ou sa mère, avec une incroyable ressemblance, ce dont je doute fort. Déjà à cette époque, elle avait ce pouvoir de guérison qui fait le bonheur de tous. Il n’a jamais changé, ni baissé, depuis toutes ces années. Mais, laissons cela. Quand je me suis établi, je l’ai rencontré, comme tous les autres. Elle était gentille, agréable et si je n’avais pas été prêtre, tu peux croire que je lui aurais fait la cour. Mais, un jour j’ai voulu aller lui rendre visite, chez elle. C’était en été, en début de soirée, il commençait à faire sombre. J’ai frappé et quand elle m’a vu, sa première réaction a été de refermer la porte. J’ai frappé à nouveau et elle m’a dit de m’en aller, à travers la porte. Je ne comprenais pas son attitude. J’ai insisté, mal m’en prit. Elle m’ouvrit, le visage pâle et défait. « Allez-vous en, je vous en supplie, me dit-elle ». Elle n’avait pas fini de parler que toute la maison se mit à trembler. Les cadres tombèrent des murs, les meubles se renversèrent. Il y avait un vent violent et glacé qui tourbillonnait dans la pièce et une odeur indéfinissable, un peu comme du souffre. Marion se tenait face à moi, tremblante, une main sur sa bouche comme pour s’empêcher de hurler. Elle avait manifestement peur, et je t’assure que je n’étais guère rassuré non plus. Le vent devint encore plus violent et il se mit soudainement à geler. Tout se recouvrit d’une pellicule blanche, glacée, moi également, mais pas Marion. Je commençais à avoir très froid. Je ne pouvais pas parler et je me mis à grelotter. Il faisait de plus en plus froid, je pense que le thermomètre devait être à moins vingt, si pas davantage. J’étais en chemisette et j’ai pensé « tu vas mourir de froid en plein été ».
Marion s’est approché de moi et a voulu me tirer vers la porte, mais celle-ci était bloquée. Elle a pris une couverture sur le canapé, mais elle était gelée aussi. Alors elle a crié « Laisse-le » mais le froid augmentait de plus en plus. Marion s’est laissée tombée à genoux, elle a levé les bras et a dit : « Arrête, tu vas le tuer ! Arrête ! et je ferai tout ce que tu voudras ». Quelques secondes plus tard, la température était remontée et toutes les traces de ce qui venait de se passer avaient disparues. Les cadres étaient de nouveau au mur et tout était redevenu normal. J’étais choqué. Marion m’a enveloppé dans une couverture, m’a frictionné, m’a fait boire un breuvage de sa composition. Ses mains m’ont caressé et elle m’a guéri de mes gelures. Quand j’ai été mieux, elle m’a accompagné jusqu'à la porte, qui s’est ouverte. « Ne revenez jamais, m’a-t-elle dit. La prochaine fois, je ne pourrai pas l’arrêter et il vous tuera ». Voilà, je t’ai tout dit. Michel avait écouté son ami. Il aurait voulu ne pas le croire mais il savait bien que Paul lui disait la vérité.

 - Tu me crois ? demanda Paul.
 - Oui, bien sûr. Quelle est ton explication ?
 - J’en ai deux. Ou bien elle a des pouvoirs qu’elle ne contrôle pas et qui prennent le dessus sur sa propre personnalité, mais j’en doute. Ou bien elle est liée d’une manière ou d’une autre à une entité quelconque, peut-être bien démoniaque, ajouta-t-il.
 - Paul ! Tu n’es pas sérieux ! - Si, hélas. Les forces du mal existent et sous bien des formes. Marion est jeune, toujours jeune. Elle n’a pas de soucis financier. Elle a des pouvoirs extraordinaires et pas seulement de guérison. - Qu’est ce que je dois faire ?
 - C’est à toi de décider. Mais si cette entité a une telle puissance et si Marion lui appartient, je pense que tu n’as aucune chance. Et en plus, tu es peut-être en danger, ajouta Paul.
 - Et si c’était la maison ? demanda Michel.
 - Il est sûr qu’elle est partie prenante, car je n’ai jamais entendu parler de ce genre de phénomène ailleurs dans le village.
- Si on parlait à Marion, ici ?
 - Je ne sais pas, Michel. Il est possible que cet être voit ce qui la touche, même si ce n’est pas dans la maison. Mais il y a une chose dont je suis sûr. Nous ne devons pas les approcher, ni elle, ni la maison après la tombée de la nuit. Rentre chez toi et demain, on avisera. Michel repartit, mais ne put s’empêcher de faire un crochet par chez la jeune femme. La nuit était noire et aucune lumière ne filtrait de la maison. Elle doit dormir, se dit-il. Il allait faire demi-tour quand il vit une lueur à l’arrière de la maison. Il s’approcha. Un grand rectangle de lumière, comme un porte ouverte sur une pièce brillamment éclairée, se dessinait sur le mur. Les bords étaient flous et il ne vit rien qu’une clarté aveuglante. C’est alors qu’il remarqua l’odeur de soufre.
Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Jeudi 3 avril 4 03 /04 /Avr 18:44
Marion avait laissé Michel, l'appeler et n'avait pas ouvert, car elle se rappelait l'incident avec Paul.

Elle avait attendu la nuit et avait ouvert la porte. La porte sur ailleurs, le passage vers un autre lieu, un lieu magique et infernal.

Elle fut absorbée par la lumière et se retrouva au centre d'une grande pièce, sans fenêtre, drapée de velours rouge.
Un homme d'une beauté diabolique était allongé sur un immense lit, au centre de la pièce. Il se leva souriant et vint à sa rencontre. Il était plus grand qu'elle, entièrement vêtu de noir, le regard sombre et perçant. Ses longs cheveux étaient retenus dans un ruban de satin rouge.

Marion se précipita dans ses bras et un baiser passionnée les réunit. Il lui caressa la poitrine en la pinçant légèrement. Sa main était incroyablement chaude. Un frisson descendit le long de l'échine de la jeune femme. Elle s'abandonna dans l'étreinte. Elle se colla contre lui, frottant son ventre contre son pubis. Son érection fut rapide.
Il la souleva et la posa sur le lit.
- Tu m'as contrarié, aujourd'hui lui dit-il à l'oreille d'une voix suave et tendre, tout en continuant à la caresser.

Son haleine était brûlante.
- Je ne te satisfait plus ? Tu as besoin d'un humain fade ?
- Tu sais très bien que je ne pourrais pas vivre sans toi, dit la jeune femme. Tu es mon souffle vital et ma force. Sans toi, je ne suis rien. Mon cœur et mon corps sont tiens. Rien n'a d'importance que toi, mais il est gentil, ajouta-t-elle.

- Est ce que je dois t'interdire de le voir ?
- Non !
- Oh ! mais dis-moi, tu ne serais pas amoureuse ?
- Bien sûr que non ! protesta Marion.
- J'espère que tu n'as pas oublié notre pacte ? Ni ta promesse ?

Ses ongles étaient très longs. Il enleva la robe de Marion et planta un de ses ongles, juste sous sa clavicule et ses yeux fixés dans les siens, il descendit lentement, très lentement. Marion prit une très profonde inspiration. Elle ne baissa par son regard, n'émit aucune plainte, respira juste un peu plus vite, à mesure que l'ongle aiguisé comme un couteau, fendait sa poitrine puis son ventre. Lorsqu'il toucha son pubis, les larmes avaient envahi ses yeux et son cœur battait bien plus vite. L'être surnaturel l'embrassa. Elle lui rendit son baiser, s'accrochant à lui. Ses lèvres tremblaient, sa salive était salée. La douleur s'était engouffrée en elle, rapidement. Il enfonça son ongle un peu plus. Marion se tordit, mordant sa lèvre inférieure. Elle gémit.

- Chut ! Tais-toi, lui murmura son amant. Aspire la souffrance, mon amour, laisse-la te posséder.
- Je continue ? demanda-t-il encore.
- Non.
Lorsque l'ongle sortit de son ventre, elle cria et son vagin fut inondé.
- Reprenons, dit-il, en s'allongeant à côté d'elle pendant qu'elle récupérait un peu. Je vais te rafraîchir ta mémoire. Je te rappelle que tu es identique, à moi. Que je t'ai permis de vivre dans un corps humain, pour que tu puisses en ressentir les satisfactions, à commencer par la souffrance que tu affectionnes tant. Je t'ai donné de grands pouvoirs et la jeunesse éternelle. Mais il y avait deux conditions. Tu t'en souviens ?
- Oui. Que je ne fasse jamais l'amour avec un homme et que chaque soir, je revienne ici, livrer mon corps d'humaine, à tous tes désirs.
- Tu as désobéi ! cria-t-il. Tu m'as trahi.
- Non ! Je n'ai rien fait. Il a juste voulu cicatriser mes blessures avec une pommade.
Il éclata de rire.
- L'imbécile ! s'exclama-t-il.
- Il voulait juste me soulager, dit Marion.
- Pourquoi n'avais-tu pas effacer les marques en revenant chez toi ? demanda-t-il.
- Parce que j'étais fatiguée. Je voulais le faire en me levant. Au matin, il était devant ma porte et comme je n'avais plus mal, j'ai oublié.
- Et lorsqu'il t'a caressé et tu t'en es souvenu, continua le démon.
- Comment le sais-tu ?
- Je sais tout Marion, même quand tu n'es pas chez toi, je sais ce que tu fais.

Il se leva prit le long fouet posé contre le lit et la frappa. Les premiers coups lui arrachèrent un gémissement. Marion respira profondément. A chaque inspiration elle avait l'impression d'aspirer la souffrance infligée par la lanière. Lorsqu'elle fut sur le point de s'évanouir, le corps humain ayant ses limites, il posa le fouet et s'allongea sur elle, accentuant sa douleur.

Marion était dans un état second :
- Prends-moi supplia-t-elle, fort !
Le membre énorme la pénétra brutalement lui arrachant un hurlement. Il la déchira. Elle gémit et se débattit, mais son amant la maintenait fermement et il accentua sa pénétration. La souffrance intense déclencha son plaisir et elle jouit en criant d'extase.
Il lui mordit le cou, jusqu'au sang en se répandant dans son ventre.
Un long baiser les réunit.
- Tu m'appartiens, tu m'entends ? Ne l'oublie pas, lui dit-il.

Marion savait très bien qu'elle ne pourrait jamais se passer de son étreinte monstrueuse, ni de sa violence. Il était le seul à pouvoir la faire jouir.
Marion se dirigea vers la porte lumineuse qui venait d'apparaître au milieu de la pièce.
- Reviens Marion, ordonna-t-il.
Il la serra contre lui et prit sa bouche.
- Je t'aime lui dit-il. Je ne peux me passer de toi. Mais n'oublie pas mon amour, s'il t'arrivait de succomber aux charmes de ton petit humain, rappelle-toi que c'est lui qui serait puni.
Marion regagna sa chambre et effaça les marques sur son corps.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mercredi 2 avril 3 02 /04 /Avr 17:25
CHAPITRE 2

Michel n'alla pas au réveillon et ne ferma pas l'œil de la nuit.

Au petit matin, il se dirigea vers la petite église. Il entra, s'agenouilla et pria. Il sentait que le secret de Marion était important et grave. Il pria longtemps. Une main sur son épaule, le sortit de sa méditation.

- Tout va bien, Michel ? demanda le prêtre.
- Non, rien ne va, Paul, je ne savais pas ou me réfugier, mes pas m'ont dirigé vers ici.
- Tu veux parler ?
Michel ne savait même pas quoi dire. Finalement, il raconta au jeune ecclésiastique qui était aussi son ami, sa discussion avec Marion.

- Elle porte un lourd secret, Michel, tu ne dois pas la brusquer. Peut-être ne te dira-t-elle jamais rien, mais si vous vous aimez vraiment, elle finira par se confier. Laisse-lui le temps.
- Tu sais quelque chose que j'ignore ? demanda Michel, soupçonneux.
- Peut-être, mais ce n'est pas à moi, d'en parler. Tu dois beaucoup l'aimer , si tu veux l'aider.
- Mais, comment puis-je l'aider si je ne sais rien ? demanda Michel.
- Prie pour elle, dit Paul.

Après sa conversation avec Paul, Michel était encore plus perturbé. Il se dirigea néanmoins vers la maison de Marion.
Les volets étaient clos et aucun bruit ne lui parvenait. Il s'assit, comme la veille et attendit.

Ce n'est qu'en fin de matinée que la jeune femme, ouvrant sa porte, le trouva sur le seuil.

- Michel ! Mais qu'est ce que tu fais là ?
- Je t'attendais. As-tu bien dormi ?
Marion sourit gentiment.
- Viens, entre.
Michel, étonné, obtempéra. Il comprenait de moins en moins. Marion était redevenue la même qu'avant, souriante et gentille.

- Est-ce que je peux te parler ? demanda-t-il.
- Oui, mais ...
Puis se reprenant :
- Je t'écoute dit-elle, mais pas de questions.
- Je sais que beaucoup de mystères t'entourent, commença Michel. Mais ce que je veux c'est ton bonheur. Je t'aime, Marion, et je veux te rendre heureuse. Si tu ne veux pas me parler de toi, j'en serai très triste, mais je l'accepte si tel est ton désir. Si un jour tu veux te confier, je serai là. Je te promets d'essayer de ne plus te poser de questions sur toi, mais cela va m'être très difficile.
Il l'attira dans ses bras.

- Je veux que tu deviennes ma femme, dit-il.
Marion ne répondit pas tout de suite. Ses yeux virèrent au bleu foncé, mais Michel ne s'en aperçut pas. Ils se remplirent de larmes et elle les essuya avec sa manche.

- Ne pleure pas, ma chérie.
Michel ne savait plus à quel saint se vouer. Il était complètement désemparé. Soudain, il eut froid, comme si la température avait brusquement chuté.
Marion parvint à se ressaisir.

- Je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà. Il y a des événements dans ma vie et de lourds secrets qui ne m'appartiennent pas. Je ne peux ni répondre à tes questions, ni t'épouser, Michel ajouta-t-elle doucement.

- Pourquoi ?
- C'est une question !
- Marion ! Tu me rends cinglé, je ne sais plus ce que je dois faire.
- Alors, ne fais rien.
- Je pourrai continuer à te voir ? On pourra sortir de temps en temps ?
- Bien sûr !

Il voulut l'embrasser, mais elle le gifla.
Il la regarda, sidéré.

- Excuse-moi dit-elle. Viens sortons d'ici.
Ils descendirent vers le village. Michel prit la main de Marion, s'attendant à une autre gifle qui ne vint pas.

- Allons chez toi, dit-elle.
Michel se dit qu'il était en train de devenir fou.
Le facteur les voyant passer, leur cria : « Salut les amoureux » !
Ils se regardèrent, chacun sondant l'autre.

Une fois chez le jeune homme, Marion se détendit un peu. Elle s'assit sur le canapé et Michel fit du café. Puis ils discutèrent de tout et de rien. Michel s'approcha d'elle, lui prenant la main. Il la caressa lentement, remontant le long de son bras.

- Tu n'as pas trop chaud, lui demanda-t-il ?
Marion leva les bras pour passer son gros pull sur sa tête et en même temps, sans le vouloir, tira son tee-shirt. La peau nue de son ventre apparut. Deux grandes stries rouge foncé le traversaient de part en part. Elle rabaissa le polo et sourit à Michel.

- Qu'est ce que c'est que ça ? demanda-t-il.
- Quoi ? dit-elle étonnée.
- Ce que tu as sur le ventre.
- Ce ....

Elle releva le polo, regarda et le rabaissa aussitôt. Son visage pâlit brusquement. Elle regarda Michel, ses yeux avaient la couleur de l'acier.

- Rien, dit-elle.
- Marion !
- Je t'en prie, Michel, pas de questions dit-elle sèchement.
- Très bien, dit-il.

Il l'attira brusquement à lui, passa ses mains sous le tee-shirt et la caressa. Elle ne répondit pas, mais se laissa faire, contre toute attente. Michel lui fit mal, lorsque ses mains passèrent sur les plaies, les rouvrant. Seule l'accélération de sa respiration montrait au jeune homme que ses blessures la faisaient souffrir. Il insista dans ses caresses pour voir jusqu'où elle irait dans le mutisme. Mais à ce jeu, elle était beaucoup plus entraînée et beaucoup plus maligne que lui.

Il céda le premier. Ses mains étaient rouges du sang de la jeune femme. Il se leva du canapé et se précipita dans la salle de bain.
Il laissa couler l'eau sur ses doigts, puis sur son visage la mêlant à ses larmes
Marion s'approcha de lui et lui caressa les cheveux.

- Je crois que nous ferions bien d'en rester là, dit-elle. Je ne peux pas te laisser m'aimer et je ne veux pas te voir souffrir. Il y a des tas de choses qui vont avec moi, que tu ne pourras jamais supporter.
- Dis m'en un minimum, ma chérie. J'ai tellement besoin de toi.

Son visage dégoulinait de larmes. Marion posa ses lèvres sur les siennes, sa bouche s'entrouvrit et leurs langues se touchèrent. Ils étaient tous les deux très excités par la situation pour le moins ambiguë. Et Marion, à ce moment-là fit une grosse bêtise. Elle se colla contre le jeune homme, lui caressa le visage, le cou, la poitrine. Leurs cœurs s'emballèrent, leurs esprits s'échauffèrent.

Michel la prit contre lui et commença à la déshabiller. Elle se leva brusquement. Il la rattrapa et la caressa. Elle était très excitée, mais elle ne voulait pas aller trop loin.

- Arrête, Michel, je ne veux pas.
Michel se domina et n'insista pas. Ils restèrent allongés, silencieux. Puis, Michel montra son polo.
- Je veux voir, dit-il.

Il voulut l'attirer à lui, Marion se débattit et essaya de s'échapper, mais Michel était plus fort qu'elle. Ils luttèrent encore, puis elle abandonna, résignée. Le jeune homme lui enleva son polo complètement.
Son ventre et sa poitrine étaient traversés de deux longs sillons qui saignaient. Il l'obligea à se retourner, et ne put retenir une exclamation horrifiée en voyant l'état de son dos.

- Es-tu satisfait ? demanda-t-elle, narquoise. J'aurai préféré que tu ne vois pas cela.

- Je veux que tu m'expliques dit Michel en lui caressant le visage. Je t'en prie, Marion.
- Je ne peux rien te dire, dit-elle le visage impénétrable.
- Mais Marion quelqu'un te fait du mal ! Je ne peux pas le laisser faire.
La jeune femme le regarda bien dans les yeux, comme si elle voulait l'hypnotiser.
- Très bien, dit-elle. Tu veux savoir un de mes secrets ? Je vais te le dire, mais tu vas jurer de n'en parler à personne.

- Je le jure, dit le jeune homme.
Marion s'assit au bord du lit, lui tournant le dos.
- C'est très simple, Michel. Personne ne me fait du mal. Je suis consentante.
Elle attendit un peu que les mots pénètrent bien puis ajouta :
- La douleur est pour moi, source de plaisir intense. Je ne peux pas jouir d'un homme sans douleur, la souffrance m'est aussi vitale que boire et manger. Tout à l'heure j'ai ressenti un grand plaisir, car tes mains ont rouvert toutes mes blessures. Savoir que mon sang mouillait tes doigts m'a procuré beaucoup de volupté. A présent tu vas me prendre pour un monstre, et c'est sans doute ce que je suis.

Marion voulut se lever et partir. Michel la retint par le bras.
- Reste ici ! ordonna-t-il.
Le ton de sa voix, envoya un frisson agréable dans le dos de la jeune femme. Elle se rassit.
- Ces marques de fouet, sont fraîches. Elles datent au plus de cette nuit. Où étais-tu ?
- Ce n'est pas un fouet et tu me demandes un autre secret, répondit Marion.
- Si ce n'est pas un fouet qui a fait ces profonds sillons, qu'est ce que c'est ?
Marion le regarda, les yeux légèrement humides. Puis lentement, elle fit non, avec la tête.
- Jamais, tu ne le sauras dit-elle la voix chevrotante.

Michel était sous le choc. Il se leva et revint avec un tube de pommade.
- Allonge-toi dit-il. C'est une pommade apaisante et cicatrisante très efficace.
- Non. Je n'en veux pas dit Marion.
- Mais, tu vas garder les marques ! Elles sont tellement profondes !
- Non, rassure-toi. Elles disparaîtront toutes seules.
- Mais, c'est impossible.
- Ça suffit, Michel !. Tu m'ennuies avec toutes tes questions. Laisse-moi partir.

Michel n'en était qu'au début d'un parcours compliqué et douloureux.
Il la raccompagna sur le pas de la porte.
- Tu reviendras ?
Elle ne lui répondit pas et s'en alla sans se retourner.

Dans la maison, le froid glacial la surprit, en entrant. La porte lui échappa des doigts et claqua violemment. Les autres portes de la maison s'ouvraient et se refermaient bruyamment. Des tourbillons de vent faisaient tout voler et il y avait un incroyable désordre.
Marion frissonna, mais pas de froid.

- Je t'en prie, dit-elle à voix haute, calme-toi.

Le vent redoubla et lui cingla le visage. L'ombre noire d'un homme très grand apparut sur le mur. Elle leva le bras et une gifle d'une violence inouïe s'abattit sur la joue de la jeune femme. Marion releva la tête d'un air de défi, malgré sa peur. L'ombre se matérialisa un peu et frappa la jeune femme à plusieurs reprises. Marion suffoqua et perdit son souffle. Elle tomba à genoux. Un coup de genou sur son menton l'envoya à terre et elle perdit connaissance.

Lorsqu'elle revint à elle, l'après-midi se terminait et tout était rentré dans l'ordre, dans la maison. Elle alla dans la salle de bain. Son visage était couvert de grosses ecchymoses. Les larmes coulèrent sur ses joues. Ce qu'Il venait de lui faire n'était pas grave, Il avait fait bien pire, mais Marion était paniquée à l'idée qu'Il s'en prenne à Michel. Et pour qu'Il se manifeste de jour, il fallait qu'Il soit très en colère.

Elle plaça ses mains de chaque côté de son visage et ferma les yeux. Les ecchymoses s'estompèrent et disparurent. Elles fit de même avec les marques sur son ventre et son dos.

Le téléphone sonna :
- Marion, tu viens manger avec moi, ce soir ? demanda Michel.
- Non ! cria-t-elle. Laisse-moi tranquille, Michel, je ne veux plus te voir, plus jamais !
Et elle raccrocha.

Marion regrettait de le faire souffrir. Parfois ses deux natures se mélangeaient et elle était un peu perdue. Elle ressentait une profonde amitié pour le jeune homme, mais pas suffisamment pour oublier ce qu'elle était, ni qui elle aimait réellement. Elle eut soudain peur de jouer avec Michel, entraînée par ses instincts et de ne pas se maîtriser.

Michel se précipita chez elle, assailli d'un lourd pressentiment. Il sonna, frappa, mais Marion ne répondit pas.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mardi 1 avril 2 01 /04 /Avr 17:08
CHAPITRE 1


Marion habitait une jolie petite maison, aux pierres apparentes, entourée d'un jardinet rempli de fleurs. Personne n'aurait pu dire, quel jour, quel mois ou quelle année, elle s'était établie dans le petit village. Il semblait qu'elle avait toujours été là, ravissante et sans âge.

Elle quittait rarement le petit bourg, sauf le samedi pour se rendre au marché de la ville voisine. Elle passait la plupart de son temps à se promener dans les bois ou à rendre visite aux nécessiteux.
Tous les habitants la considéraient comme une bonne fée. Elle avait un fantastique don de guérison. Elle avait soulagé et guéri plus d'un voisin. Les enfants l'adoraient. Elle était gentille, agréable et toujours prête à rendre service. Si bien, que le mystère qui l'entourait ne préoccupait plus beaucoup les villageois, ils s'étaient fait une raison depuis bien longtemps.
Elle était très jolie, avec un beau visage entouré de cheveux châtains et des yeux d'un bleu très clair. Parfois son regard plongeait au fond de vous et ses yeux fonçaient brusquement. Elle pouvait lire dans les corps et les soulager, mais elle lisait aussi dans les pensées.

A la rentrée de septembre, Michel, le nouvel instituteur arriva au village. Toutes les jeunes filles s'accordaient à le trouver séduisant. Il était élancé, sportif, le visage rieur, avec une tignasse blonde et de grands yeux noirs. Marion et lui se rencontrèrent à la fête du village. Ils passèrent un moment ensemble et se sentirent attirés l'un par l'autre.
Elle le seconda de tant à autre pendant la classe et des liens affectifs se tissèrent rapidement entre eux. Les jours de congé, ils partaient se promener dans la campagne vallonnée, main dans la main.

Michel se confia à elle, lui raconta les raisons de sa venue dans la région et lui dit tout sur sa vie. Il avait beaucoup de mal à contrôler ses élans pour Marion, mais ne pouvait se résoudre à lui déclarer sa flamme. Quelque chose dans l'attitude de la jeune femme le retenait. Elle avait un côté mystérieux qu'il ne comprenait pas, parfois un regard triste. Elle ne s'était pas livrée contrairement à lui et il ne savait absolument rien d'elle. Le mystère de sa vie restait entier.

Avec décembre, le froid arriva. Noël était proche. Les préparatifs de la fête allaient bon train. Les sapins se couvraient de guirlandes et le village s'exila sous la neige. Les communications étant pour ainsi dire nulles, on décida de fêter Noël dans la salle des fêtes, tous ensemble. Marion et Michel aidèrent à tout installer. Mais Michel était contrarié car il sentait Marion de plus en plus nerveuse au fur et à mesure que la journée s'avançait.

Elle ne souriait plus et de temps en temps son visage se fermait. Il l'attira à l'écart des autres.

-  Marion, tu veux bien me dire, ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il.

 - Mais, tout va bien lui dit-elle avec un sourire qu'elle voulait rassurant.

Il la prit par la main et leva son menton vers lui. Elle détourna la tête.

-  Regarde-moi ! dit-il.
L'éclat de ses yeux, le glaça. Ils étaient bleu foncé, et un instant il vit quelque chose d'indéfinissable et de terrifiant, les traverser.

- Je vais bien, Michel répondit-elle d'une voix qui n'était pas la sienne, une voix sourde, comme entourée d'écho.
Je suis juste un peu fatiguée. Laisse-moi, ajouta-t-elle un peu plus sèchement qu'elle n'aurait voulu.

Elle se dégagea et repartit dans la salle. Michel était perplexe.
Il savait bien que par moment, elle se fermait, s'isolait, devenait encore plus secrète, mais cette réaction ne lui ressemblait pas.
Il retourna dans la salle, et ne l'y trouva pas. Il la chercha en vain et décida d'aller chez elle.
Il craignait de la mécontenter davantage, mais il devait savoir. Peut-être était-elle souffrante ?

Un long silence lui répondit. Il insista.
 - Je t'en prie, Marion, ouvre-moi !
Il frappa, longtemps et ne reçut aucune réponse. Il savait qu'elle était là. Il l'entendait et la sentait derrière la porte. Elle n'ouvrit pas.
Il s'assit sur le petit perron, prit sa tête dans ses mains, soupira et attendit.
Juste avant que le soir tombe, elle entrebâilla la porte.

 - Va t'en Michel, dit-elle simplement.
 - Mais Marion, qu'y a-t-il ? dit-il en se relevant. Tout allait bien et puis tout à coup tu t'en vas, explique-moi !
Elle voulut refermer la porte, mais le jeune homme la coinça avec son pied. Il la repoussa et entra.
Il prit Marion par les épaules et la retint fermement.

 - Maintenant, tu vas me répondre !
La jeune femme éclata en sanglot.
 - Je ... , laisse-moi, supplia-t-elle, s'il te plaît. Tu ne dois pas venir ici. Pars, tout de suite.
 - Marion, je t'aime, lui dit-il.

Ses sanglots redoublèrent, et elle se blottit dans ses bras.

Il la serra contre lui, lui caressant les cheveux, puis avec une infinie douceur approcha ses lèvres de sa bouche. Il s'attendait à un refus, mais elle se laissa faire et lui rendit son baiser. Leurs lèvres se prirent, se soudèrent et ne voulurent plus se quitter.

Une fenêtre s'ouvrit laissant entrer le vent glacial.
Marion se dégagea, brusquement.
 - Michel, il y a des tas de choses que je ne peux pas te dire. Maintenant, si tu m'aimes réellement, tu dois partir. On se verra demain.
 - Comment cela, demain ? Et le réveillon ?
 - Je suis désolée, dit-elle, je ne peux pas sortir le soir. Je te demande pardon, mais je ne savais pas comment te le dire.
Les larmes inondèrent à nouveau son beau visage. Elle le prit par la main et le poussa dehors.
Michel partit chez lui, complètement abasourdi.

Marion referma la porte et s'appuya dessus. Elle était bouleversée. Elle avait du faire un effort énorme pour repousser son ami. Sa déclaration l'avait prise au dépourvu, même si elle s'y attendait. Elle avait eu un instant d'égarement et s'en voulait terriblement. En répondant à l'étreinte de Michel, elle l'avait encouragé, et elle n'avait ni le droit de l'aimer, ni celui de le laisser espérer.

Elle alla dans sa chambre et se prépara, l'heure approchait. Ce soir c'était la nuit de Noël et ce qu'elle s'apprêtait à faire, prenait encore plus de signification. Pendant, juste un instant, Marion faillit tout abandonner pour rejoindre Michel, puis elle se reprit et ouvrit la porte encastrée dans le mur de sa chambre.

Derrière l'ouverture, un rectangle lumineux d'un mètre cinquante de haut se dessinait sur le mur. Les contours étaient un peu flous et il semblait flotter à quelques centimètres du sol. C'était une porte. Une porte sur ailleurs.
Marion prit une profonde inspiration, fit un pas, puis deux et franchit le passage rayonnant qui l'absorba. Elle disparut et la porte s'effaça. Il ne restait plus que le mur lisse.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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