Dimanche 1 juin 7 01 /06 /Juin 15:46

Il était une fois, un petit hameau inaccessible, presque à la cime du mont « Rouge ». Il naquit, il y a bien longtemps, en des temps reculés, vécut des faits étranges puis disparut un jour, sans que quiconque en ait jamais soupçonné l'existence.

Il surplombait une vaste vallée. Ses maisons grises étaient faites de grosses pierres arrachées au massif et superposées les unes sur les autres. Les toits d'ardoise bleue étaient légèrement relevés aux extrémités afin de retenir la neige, en hiver. La seule rue qui le traversait, était caillouteuse et creusée d'ornières.

La montagne le protégeait et le cachait. Les sommets avoisinants, semblaient par temps de brume, s'élever tellement haut qu'ils pénétraient le ciel. Nul, dans ce petit hameau ne savait la civilisation, ni le reste du monde.

 


Son unique raison d'exister fut de produire chaque décennie un enfant d'une beauté parfaite afin de l'offrir aux dieux de la montagne.

Lydia était jolie, gracile et douce. Le jour de ses quinze ans, sa mère lui fit prendre un bain dans le torrent glacé puis coiffa ses beaux cheveux noirs et lui enfila une longue robe blanche qui lui donnait l'apparence d'un ange. Elle amena sa fille, comme le voulait la tradition, jusqu'au centre du village, où devait avoir lieu la cérémonie. Tous les habitants y étaient rassemblés.
La jeune fille, tremblante, s'étendit sur la grande table de pierre. L'homme s'approcha d'elle, releva le mince tissu qui la couvrait. Sans brutalité, mais avec force, il la pénétra, déchira sa virginité et fit couler en elle la semence qui lui donnerait le fils dont le village avait besoin.

 


Paul vint au monde un matin de juin, dans la petite maison, au bout du hameau, juste au détour du chemin qui montait vers la cime. Lydia prit contre sa poitrine ce fils qui ne lui appartenait déjà plus, et pleura doucement. A ce moment précis, elle aurait voulu s'enfuir avec son petit, le soustraire à son destin. Mais les immenses sommets qui entouraient le hameau étaient infranchissables. Et puis, le monde ne s'arrêtait-il pas au delà ?
Elle allait devoir l'élever, avec comme seul objectif, le jour ultime. Jour, où elle l'abandonnerait à son destin, là-haut, au sommet du mont « rouge ».

 


Paul grandit à l'écart des autres enfants du hameau. Ce n'était pas un petit garçon comme les autres. Physiquement, il leur ressemblait, bien sûr. Il était grand pour son âge, ses cheveux très noirs et bouclés entouraient son visage fin et pur. Il était d'une beauté indéfinissable.
Il était calme, ne jouait jamais. Il passait des heures entières, allongé dans l'herbe devant la maison, à regarder la montagne, à la respirer, à s'en imprégner. Il fixait un point sur le sommet, au-dessus du village. Il sut très jeune, bien avant que sa mère ne commençât à l'instruire, que la cime du mont « rouge » représentait pour lui un passage obligé.

Dès qu'il fut en âge de comprendre, sa mère lui révéla sa raison de vivre.
Elle lui dit la montagne, elle lui dit les hommes, les animaux et les fleurs. Elle lui dit pourquoi la vie les animait.


Elle lui expliqua comment, par le sacrifice de ses enfants, la montagne pouvait grandir, respirer, monter sans cesse plus haut vers la voûte céleste. Elle lui expliqua comment, un jour, le mont « rouge » percerait le ciel et arriverait jusqu'aux dieux, portant sur ses flancs, les hommes qui au fil du temps, leur avaient offert les plus beaux de leurs enfants.

Lorsqu'il entra dans son ultime année, sa mère lui dit enfin, malgré sa détresse soudaine, la procession, le rituel, mais ne trouva pas les mots pour lui décrire l'instant dernier.
Mais, Paul savait.
Il savait ce qui nourrissait la montagne. Il savait ce qu'elle attendait et ce qu'il allait lui donner.

 


Le jour de ses dix ans, il était encore plus serein que d'habitude. Il se leva bien avant sa mère, sortit de la maison et s'éloigna un peu du hameau. Il s'approcha du bord du ravin, s'agenouilla et pria. Il demanda la force, le courage de ne pas faillir. Ses yeux étaient grands ouverts sur la vallée en contrebas et sur les cimes qui l'encerclaient. Paul respira le silence, l'odeur des fleurs, l'atmosphère de ses chères montagnes. Il resta longtemps immobile.

Puis, il rentra. Sa mère l'attendait sur le pas de la porte. Elle le prit dans ses bras, le serra contre son sein. Elle embrassa doucement ses lèvres, puis le repoussa tendrement.
Elle le baigna, l'habilla de blanc, comme jadis, sa mère l'avait fait pour elle.
Paul monta sur la charrette recouverte d'edelweiss, qui l'attendait. Il s'assit, les jambes repliées et pria à nouveau. Il ne dit plus rien, n'eut plus un regard pour quiconque, jusqu'à ce que la procession des villageois atteigne, quelques heures plus tard, la cime du mont « rouge ».


Au fur et à mesure qu'ils s'en approchaient, le sol changeait de couleur. Il passa du gris beige au pourpre, pour atteindre le rouge carmin au sommet.

Un autel était dressé à cinquante centimètres du sol. Paul descendit lentement de la carriole. Il leva la tête et regarda le ciel tout proche, prit une profonde inspiration, puis sans un mot, il alla s'allonger sur la pierre chauffée par le soleil.


Les villageois l'entourèrent. On l'attacha. Il se laissa faire.
L'homme qui jadis avait fécondé Lydia, s'approcha, écarta la tunique blanche de Paul, découvrant sa jeune poitrine. Il psalmodia des vocables incompréhensibles pendant des minutes interminables. Paul se laissa porter par la musique des mots.
Puis l'homme sortit un long couteau effilé de son fourreau, le prit dans ses deux mains et le dressa au-dessus de Paul. L'enfant leva les yeux. A ce moment-là, il commença à réaliser. Un courant glacé le parcourut. Il se mit à trembler. La peur le submergea d'un coup.
Rempli de terreur, il fixait la lame qui lentement mais inexorablement descendait vers sa poitrine. Il était littéralement hypnotisé et ne pouvait en détacher ses yeux. Lorsqu'elle atteignit sa peau tendre, Paul reteint un cri. Puis elle s'enfonça plus profondément. L'enfant sentit le métal pénétrer sa chair. Il aspira de l'air, ses yeux s'agrandirent d'effroi, mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Il regarda le ciel, y cherchant la force.



Sa vie s'échappa dans un dernier souffle, à l'instant où la longue lame dégoulinante quittait son corps, aussi lentement qu'elle y avait pénétré.
Le sang de l'enfant se mit à couler par la profonde entaille. Il coula par saccades, rempli de la vie et de l'esprit du jeune garçon. Il se répandit sur le sol, le rougissant un peu plus, puis s'insinua dans la terre.

 


Paul fut le dernier enfant sacrifié.
Là-haut, la cime du mont « rouge » a atteint le ciel.

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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 11:33
 
Reveries (fin)


Mélanie était très perturbée par ses découvertes.
Lorsqu'elle rangea le carton, son regard fut attiré par quelque chose de brillant sur sa table de nuit. Elle s'approcha et vit avec stupeur, le petit cœur que lui avait donné le jeune homme.
Mélanie sentit une sueur froide se répandre en elle. Elle eut un vertige et dut s'asseoir sur le lit pour ne pas tomber.
Elle se calma peu à peu, puis descendit dans l'entrée. Elle s'arrêta devant le mur où se trouvait autrefois la porte. Elle ne vit rien de spécial mais resta songeuse en la regardant.
Mélanie prit une brassée de bois et remonta allumer un bon feu dans la cheminée.
Elle passa le restant de la journée à lire et à se reposer devant l'âtre en essayant de ne plus penser à ses découvertes. Elle finit par s'endormir en respirant les effluves dégagées par le feu. Elle sombra immédiatement dans le rêve.

Elle se trouvait devant la porte ! Rêvait-elle ou était-ce la réalité ?
Elle l'ouvrit lentement et s'engagea dans l'escalier. Elle descendit, hésitante.
Soudain, elle entendit des bruits de pas. Quelqu'un montait les marches à sa rencontre !
Les battements de son cœur s'accélérèrent brusquement. Elle allait faire demi-tour et s'enfuir, lorsque le jeune homme blond apparut.
- Bonsoir, Mélanie.
- Bonsoir, répondit-elle timidement.
- Je savais que tu reviendrais. Viens, avec moi.


Il la prit par la main. Elle le suivit sans un mot, trop déconcertée pour refuser.
Ils traversèrent la grande cave et pénétrèrent dans un joli petit salon. Là, assis face à eux, l'autre garçon, vêtu de noir, la déshabillait de son regard impassible.
Mélanie eut un mouvement de recul en le voyant.
Il se leva, vint vers elle et avant qu'elle n'ait eu le temps de se dérober, la prit dans ses bras et s'empara de ses lèvres. Un frisson d'extase la parcourut instantanément et elle lui rendit son baiser. Puis, brusquement elle se ressaisit et se dégagea.


- Je suis désolé pour l'autre jour, je ne savais pas que c'était toi, Mélanie, lui dit-il.
- Qui êtes-vous ? arriva-t-elle à articuler, s'adressant aux deux jeunes gens.
- Je suis Juan et voici Paolo, répondit le garçon vêtu de blanc. Nous sommes frères et cette maison est la nôtre.
- Mais, qu'est-ce que je fais ici ?
- Nous ne pouvons pas répondre à tes questions, Mélanie dit Juan, mais tu as découvert le moyen de venir dans notre monde et tu as le choix d'y rester, si tel est ton désir .
- Comment ?
- Je t'expliquerai en temps voulu. Mais tu dois repartir à présent car tu ne vas pas tarder à te réveiller.


Les deux garçons se rapprochèrent l'un de l'autre et à la stupeur de Mélanie se fondirent en un seul ! Il eut un sourire à la fois tendre et cruel.
Elle sortit en courant, remonta les escaliers et ne s'arrêta que la porte refermée derrière elle.
La jeune femme se réveilla. Elle tremblait de peur et de froid. Le feu s'était éteint.

Les jours suivants, Mélanie s'aperçut qu'elle ne retrouvait les deux garçons que lorsqu'elle s'endormait dans la pièce à la cheminée, devant un bon feu crépitant. Elle rencontrait tantôt l'un, tantôt l'autre. Petit à petit, malgré des sentiments contradictoires d'effroi ou de hardiesse, elle ne put s'empêcher de descendre dans les entrailles oniriques de la maison.
Elle était éperdument amoureuse des deux garçons et n'aurait su dire lequel des deux, elle préférait. Ils se complétaient tellement bien qu'elle pensait souvent qu'en réalité il n'y en avait qu'un seul.


Le tas de bois étant fini, Mélanie en fit rentrer deux stères qui vinrent s'empiler proprement sur les quelques bûches restantes. Ses vacances allaient bientôt se terminer et elle voulait laisser la maison prête, pour les prochaines. Pas question de se priver de ses petits voyages dans l'imaginaire.
Elle s'endormit sur le banc de bois, chatouillée par l'odeur subtile du vieux bois puis descendit rapidement à la cave.
Paolo l'attendait, tout de noir vêtu, comme à son habitude. Il prit Mélanie dans ses bras, l'embrassant longuement sur les lèvres. Il la porta sur le grand canapé. Ses caresses se firent plus précises. Mélanie ferma les yeux et se donna.

- Tu sais, lui dit Paolo un peu plus tard, qu'il ne tient qu'à toi de rester ici pour toujours ?
- Mais c'est impossible, en ce moment je dors là-haut !
- Oui, mais tu peux revenir ici avec ton corps et pas dans le monde du rêve. Cela dépend uniquement de toi.
- Mais je ne peux pas continuer à venir en rêve ?
- Non, car tu avais droit à un nombre précis de voyages. Tu les as épuisés. Il ne t'en reste un seul. Si, tu décides de venir une dernière fois, tu ne pourras plus repartir. Réfléchis bien, mon amour. Je t'aime, ajouta-t-il en posant des lèvres sur sa bouche.

Mélanie remonta les escaliers et se réveilla.

Il lui restait deux jours de vacances, elle les passa à peser le pour et le contre. La vie ne l'avait guère gâtée jusqu'ici, pourquoi ne pas tenter l'aventure ?
Elle décida de choisir le rêve.
Elle descendit chercher du bois, alluma le feu dans la cheminée, et ne s'endormit pas !
Elle attendit mais le sommeil ne vint pas. Elle ne comprenait pas. Désespérée, elle monta se coucher dans sa chambre, et s'endormit, mais ne rêva pas.
Le lendemain matin, elle fit à nouveau du feu dans la cheminé, et il ne se passa toujours rien.


Mélanie pleura longtemps, après son départ du village, sur la route qui la ramenait vers la ville. L'incompréhension la rongeait. Elle serra contre sa poitrine le petit cœur que lui avait donné Paolo et la vielle photo du grenier, seuls souvenirs de son aventure.

Paolo ignorait que Mélanie avait recouvert les quelques bûches restantes.
Les seules qui permettaient l'ultime voyage.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 18:03

REVERIES

 

 

On accédait au village par une petite route tortueuse, pleine d'ornières. Elle montait en serpentant, traversait les prés et les bois, pour s'arrêter sur la place du hameau. Il était accolé à la montagne, à plus de 1400 mètres d'altitude, au coeur des Pyrénées espagnoles.
Les maisons étaient grises, du gris des ardoises qui les recouvraient. Elles étaient pelotonnées les unes contre les autres, pour se tenir chaud l'hiver et pour se protéger du soleil l'été. Les rues étaient très étroites, ne laissant passer que les charrettes tirées par les chevaux. De temps à autre, un troupeau de vaches remontait le chemin, troublant quelques minutes, avec leurs cloches, le calme du petit village.


Mélanie descendit de sa voiture, qu'elle avait garé sur la place. Elle s'arrêta devant sa nouvelle maison et resta un long moment à la contempler. Elle était construite en grosses pierres des montagnes. Ses petites fenêtres étaient fermées par de coquets volets de bois. Un étroit balcon courait le long de la façade.
La jeune femme trouva la maison charmante se réjouit des vacances qu'elle allait y passer.
Elle tourna la longue clé dans la serrure. La porte s'ouvrit en grinçant. Elle entra en tâtonnant pour trouver l'interrupteur. La lumière jaillit.


A gauche, se trouvait un tas de bois, bien rangé. C'était un bois beaucoup plus foncé que celui qu'on trouvait dans nos régions. Il était presque noir et Mélanie n'en avait jamais vu. Une odeur troublante et indéfinissable s'en dégageait.
Un escalier partait, face à la porte d'entrée.
Mélanie monta lentement. Au premier, il y avait une grande salle, une cuisine, une chambre et une pièce-cheminée. Deux bancs étaient fixés sur les deux autres murs. La jeune femme imaginait sans peine les soirées au coin du feu qu'elle allait s'offrir, allongée sur un banc à regarder les flammes crépiter.


Elle ouvrit tous les volets laissant entrer la lumière du jour. Toutes les pièces étaient meublées avec rusticité et bon goût. Elle rangea ses affaires, savourant le calme et le silence.

Le soir venu, elle alluma un bon feu dans la cheminée. Le parfum qui se dégageait de l'âtre l'enivrait un peu. Il ressemblait à une essence de bois exotique mais Mélanie ne parvenait pas à le définir. Ses yeux se fermèrent et elle perdit peu à peu conscience de ce qui l'entourait, à mesure qu'elle respirait les émanations du bois embrassé.
Elle s'endormit lentement, s'enfonçant inexorablement dans le monde onirique.


Elle descendait un grand escalier de pierres. Elle était terrorisée. L'homme qui la suivait la poussait de sa lance pointue. Elle avait les bras attachés dans le dos. Elle s'arrêta sur le seuil d'une salle ronde. Au centre, se trouvait une grande table et sur les murs pendaient des menottes. Mélanie chercha à s'échapper mais son geôlier la rattrapa et l'attacha contre le mur. Elle cria.
- Cela ne sert à rien, dit un homme en entrant, on ne vous entendra pas.


Il était d'une beauté à couper le souffle. Mélanie malgré sa peur, ne pouvait en détacher son regard. Il était grand. Ses cheveux d'un noir de jais, bouclés, lui retombaient sur les épaules. Ses yeux étaient d'un bleu profond, ce qui lui donnait un regard d'acier, cruel mais aussi envoûtant. Il était vêtu d'un collant noir et d'une chemise en satin toute aussi noire. Son corps était parfait. Il tenait un long fouet dans sa main.
Mélanie était complètement subjuguée. Elle était partagée entre le désir de vouloir s'échapper et celui de se blottir dans les bras de l'inconnu. Elle était à la fois paniquée et très excitée.


Il s'approcha d'elle et leva le fouet.
A ce moment un jeune homme fit irruption dans la pièce, tendit ses bras en avant. De ses mains partirent deux éclairs aveuglants qui entourèrent l'homme en noir. Celui-ci disparut instantanément.
Mélanie en resta la bouche ouverte de stupeur. Le jeune homme était aussi blond que l'autre était brun. Il était identique à l'homme qui venait de s'évanouir dans l'air, sauf qu'il était vêtu de blanc. Ses yeux étaient du même bleu, mais son regard était très doux.
Il détacha la jeune fille, la prit dans ses bras et l'embrassa sur les lèvres.


- N'aie plus peur, il est parti lui dit-il.
- Qui était-ce ?
- Personne, n'y pense plus.
- Mais ...
- Chut ! Ne dit rien. Je vais te ramener chez toi.


Mélanie se laissa emmener par le jeune homme. Il sortirent de la cave et remontèrent l'escalier. Ils s'arrêtèrent devant une porte massive.
- Derrière cette porte se trouve ta maison, Mélanie. A bientôt. Tiens, voici un petit souvenir.
Il attacha à son cou un petit médaillon en forme de cœur. Puis il l'embrassa à nouveau et la poussa vers la porte qu'il referma sur elle.


Mélanie se réveilla sur le banc de la cheminée. Elle se rappela son rêve avec un soupir, regrettant presque que ce ne fut pas la réalité. Ces garçons étaient tellement beaux !
Elle se leva, éteignit le reste du feu et alla se coucher dans son lit. Elle dormit jusqu'au matin, sans plus rêver.

Le lendemain, elle finit de s'installer puis décida d'aller visiter le grenier.
Il était très encombré par des cartons de vêtements, de livres et des vieux meubles. Tout cela était sans intérêt. Elle allait partir quand elle découvrit dans un coin, une boîte remplie de photos.


Elle prit le carton et descendit s'installer dans un fauteuil pour les regarder. Sur plusieurs d'entre elles, Mélanie reconnut la maison, mais elle était différente. Elle avait été transformée au fil des générations et de ses habitants.


Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'elle découvrit sur l'une des photos, le jeune homme de son rêve ! A en croire ses vêtements, il avait vécu dans la maison, vers le milieu du siècle dernier. Elle s'aperçut de l'existence d'une porte, aujourd'hui disparue, en bas dans l'entrée. Elle menait très certainement à une cave.

 

( à suivre ...)

 

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Vendredi 11 avril 5 11 /04 /Avr 10:55
SOLSTICE D'ETE


Myriam fut réveillée par le piaillement des oiseaux qui tenaient conversation derrière sa fenêtre. Elle se leva et fut éblouie par le soleil matinal en ouvrant ses volets. Elle respira à plein poumon l'air encore frais, parfumé des fraisiers sauvages.


Quelques mois auparavant, elle avait décidé de tout recommencer. Elle avait quitté son ancienne vie, balayé tout son passé, tenté de tout oublier. Et en mai dernier, elle avait loué cette petite maison, dans une clairière, à l'écart du village, au fin fond de la Creuse.


L'annonce l'avait attirée irrésistiblement et elle avait signé le bail sans tenir compte de la mise en garde du notaire : « Cet endroit a très mauvaise réputation, personne ne veut y habiter. On raconte qu'autrefois, dans cette clairière, se pratiquait des rites diaboliques et des sacrifices à l'emplacement même de la maison ».
Mais la jeune femme ne crut pas à ces superstitions et obtint la maison pour un loyer dérisoire.


En ce matin de juin, elle ne regrettait pas sa décision. Comme elle se sentait bien ! Le calme de la forêt la pénétrait, lui redonnant la sérénité et l'apaisement.
Elle occupait le plus clair de son temps à explorer les bois, tout seule. Son esprit imaginatif n'avait plus de frein. Plus personne, désormais ne lui imposait ce qu'elle devait faire ou penser.

La nuit, sur le pas de la porte, allongée sur sa chaise longue, sous l'auvent, elle écoutait les bruits de la forêt. Elle fermait les yeux et laissait son esprit vagabonder. Elle voyageait par la pensée, loin, très loin, dans des contrées oubliées.

Elle avait même vécu à plusieurs reprises des manifestations étranges qui l'excitaient plus qu'elles ne l'inquiétaient.
Elle était endormie et lentement elle se séparait de son enveloppe physique et se regardait dormir ! Myriam sentait que dans ces moments là, elle pourrait, si elle le désirait vraiment, partir avec ce corps invisible en laissant l'autre sur le transat, et que ces voyages ne seraient pas une errance instinctive mais un acte conscient et volontaire. Seule l'appréhension l'empêchait de se laisser aller. Elle réintégrait alors son corps aussi facilement qu'elle enfilait une robe !

Elle confia son secret à Steven, dont elle avait fait la connaissance dans les bois en cherchant des champignons. Lorsqu'ils en discutèrent, il pâlit et lui conseilla de déménager au plus tôt. Cette maison est ensorcelée, lui dit-il et les promeneurs l'évitent depuis toujours. Il eut vraiment l'air inquiet et il lui fit promettre de l'appeler si elle avait besoin de lui.
Mais pour rien au monde Myriam ne serait partie. Elle adorait sa clairière et son calme, ce n'était pas quelques bizarreries qui la feraient s'en aller, au contraire !

Aujourd'hui, vingt-quatre juin, elle fêtait ses vingt ans. Bien reposée, et après un bon petit déjeuner, elle s'apprêtait à partir se promener lorsque le téléphone sonna.

- Allô ?
- Myriam ? C'est Steven, comment vas-tu, ce matin ?
- Très bien, j'allais sortir faire un tour.
- Ce soir, je vais à la fête à Villeneuve, veux-tu m'accompagner ?
- Non, je regrette, je ne suis pas libre, je reçois des amis.
Les mots sortaient de ses lèvres, comme dotés d'une vie propre.

- Ah, bon ! dit-il surpris. Tout va bien Myriam?
- Oui, oui très bien ! Bon, il faut que je parte. On se verra dimanche, si tu veux. Passe à la maison !
Et elle raccrocha rapidement, ne comprenant pas pourquoi elle avait menti à Paul.


Elle sortit, traversa la clairière et s'enfonça dans les bois. Elle se promena toute la journée, explorant des parties de la forêt qu'elle ne connaissait pas encore, et découvrant çà et là des dolmens enfouis dans la mousse du temps et oubliés des hommes.

Myriam revint chez elle, alors que le soleil, lentement, disparaissait derrière les arbres. La clairière était déjà plongée dans la pénombre, mais il faisait encore très chaud.

Elle prit une douche, laissant l'eau se répandre le long de son corps, ses longs cheveux dorés, ruisselant sur son dos. Elle se parfuma et enfila une longue robe blanche, transparente, qui ne cachait rien de sa jeune féminité.
Après un repas frugal, elle s'étendit sur sa chaise longue, allumant comme à l'accoutumée un bâton d'encens. La nuit était tombée et seule la lumière de l'entrée, empêchait la jeune fille d'être dans l'obscurité totale.


Myriam ferma les yeux, laissant l'odeur ensorcelante de l'encens pénétrer ses narines et monter jusqu'à son esprit. C'était comme une drogue, qui prenait possession d'elle, lui ôtant toute volonté.
Peu à peu, elle perdit la notion du temps et de l'espace environnant.
Comme cela lui était arrivé si souvent, son esprit se détacha lentement et se mit à errer autour d'elle, mais peu à peu l'environnement habituel se modifia. Les arbres étaient toujours à leur place, mais ils étaient plus petits. Puis elle sut qu'elle était toujours chez elle, mais bien des années plus tôt.
Là-bas, dans la clairière, un grand feu flambait.


Des hommes et des femmes, vêtus d'une étrange manière, étaient rassemblés tout autour. Ils portaient de longues robes noires, resserrées à la taille par une simple cordelière et la tête recouverte d'un grand capuchon dissimulant leur visage. Ils semblaient attendre tout en psalmodiant de curieuses incantations, leurs corps vibrant au son de la mélopée.

L'une des femmes se leva et se dirigea vers le corps de Myriam allongé sur la chaise. A l'instant où la femme lui toucha la main, son esprit se retrouva brutalement dans son corps et elle ouvrit les yeux.

Elle se redressa, comme une automate et suivit la femme qui se dirigeait vers le feu. Autour d'elle, les complaintes et les incantations montaient en crescendo. Toute l'assistance était en transe. La jeune fille frissonna malgré la chaleur du brasier d'où se dégageait un parfum enivrant d'herbes et de feuilles brûlées. Elle était consciente mais elle n'avait plus aucun pouvoir de décision.


Puis, il y eut un mouvement, là-bas, dans les fourrés : un soupir, un froissement, un murmure. Myriam sentit, plus qu'elle ne vit, l'ombre qui s'approchait, et l'odeur infâme qui la précédait. Alors, en un instant, elle comprit. Elle avait été transportée, Dieu sait comment, dans une époque reculée, au même endroit, un vingt-quatre juin, nuit du solstice d'été, et allait être offerte au Démon, lors d'un rite satanique !


Les sorcières la firent allonger sur le sol. Elle n'offrit aucune résistance, elle en était incapable. Il était tout proche, à présent. Elle ne le voyait toujours pas, mais une odeur infecte de pourriture, et de chair en décomposition remplit l'air.
Soudain, il fut sur elle. Le froid glacial la pénétra brutalement, s'insinuant dans son intimité. Quelque chose d'énorme la déchira. La douleur éclata violemment dans son ventre, puis l'envahit toute entière. Elle voulut hurler, mais ses cris s'étranglèrent dans sa gorge. Au fur et mesure que le monstre la possédait, disposant de son sexe et de son corps, elle perdit toute notion d'elle-même.


Elle entendait l'horrible essoufflement qui semblait venir de partout, comme si l'air lui-même avait décidé de la prendre. La souffrance et l'horreur la submergeaient, la paralysaient et lui enlevaient ce qui lui restait de volonté. Elle était soumise à l'être le plus abject qui puisse exister. Elle sentait une hideuse et effroyable excitation grandir dans la puissance infernale qui disposait d'elle. Elle s'abandonna, laissant l'être démoniaque assouvir ses instincts bestiaux.
Myriam sombra peu à peu dans un état proche de la folie, finissant presque par prendre du plaisir à l'horreur qu'elle subissait. Elle sentit que le démon allait se répandre en elle, tant ses mouvements s'accéléraient, la déchirant de plus belle. Elle hurla cette fois, un long cri déchirant dans la nuit.

- Myriam ! Réveille-toi, c'est fini, tu as fait un cauchemar ! Myriam !

Steven tentait vainement de la réveiller, en la secouant. Elle était agitée de soubresauts et continuait de hurler comme une damnée. Elle finit par ouvrir les yeux et vit Steven qui la tenait dans ses bras.
Le soulagement la fit éclater en sanglots. Elle se blottit contre lui, le serrant éperdument.

Elle s'aperçut alors, que sa robe blanche était maculée de sang.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mercredi 9 avril 3 09 /04 /Avr 09:54
L'affiche


Le rideau de satin bleu s'écarte de lui-même, découvrant la porte dissimulée. Elle s'ouvre sans bruit, glissant sur le tapis, tandis que derrière elle, le rideau retombe lourdement.

La pièce est très claire. La moquette qui recouvre le sol est épaisse et moelleuse. Quelques nuages blancs parsèment ça et là, le plafond bleu ciel. Le calme et la quiétude règnent dans la petite chambre. L'éclairage semble venir de nulle part. Aucun plafonnier, aucune lampe n'est visible. Pourtant c'est la lumière du jour qui l'envahit, on peut sentir la chaleur des rayons du soleil.
Un subtil parfum de pot pourri imprègne la pièce, émanant des fleurs peintes avec délicatesse sur la soie tendue couvrant les murs. Sur celui face à la porte, s'étend une immense affiche qui le recouvre entièrement.
Un lit rond est suspendu à un mètre du sol, au centre de la pièce. Aucun socle ne le soutient, aucun fil ne le supporte. Il flotte là, immobile, une épaisse peau d'ourse jetée dessus. Le pelage de l'ourson enveloppe l'unique oreiller.

On est irrésistiblement attiré par le grand panneau mural. Un jeune homme, au teint extrêmement pâle et d'une beauté invraisemblable, semble vous fixer de son regard perçant. Un léger sourire figé, laisse entrevoir ses petites dents pointues. Son corps est mince et svelte. Ses longues jambes sont recouvertes d'un collant blanc. Une grande cape rouge tombe de ses épaules. Son port de tête est royal et fier.
Autour de lui, la forêt s'étend, faite de sapins centenaires. Elle est très sombre. Seule, la pleine lune que l'on aperçoit à travers les arbres, éclaire le visage du jeune vampire. Son cheval blanc est attaché non loin de lui.

Dans la chambre, la luminosité s'atténue insensiblement, au fur et à mesure que le soleil baisse vers l'horizon. Elle s'assombrit peu à peu, le plafond perd son bleu ciel pour un bleu plus foncé.
Curieusement, l'immense affiche se trouve maintenant à gauche de l'oreiller, mais toujours face à la porte.
Est ce le lit qui tourne sur lui-même ou bien est-ce la pièce qui tourne autour du lit ?
A mesure que le temps s'écoule, et que le soir tombe, de petits points brillants apparaissent sur le plafond. Lentement, imperceptiblement, un disque lumineux monte du coin supérieur de la petite chambre, juste au-dessus de l'affiche.

Il fait de plus en plus sombre et seule la lune illumine la pièce.
La porte s'ouvre laissant entrer une ravissante adolescente. De longs cheveux blonds recouvrent ses épaules, ne cachant que partiellement la nudité de sa poitrine. Ses yeux sont bleus, légèrement bridés, sa bouche aux lèvres pulpeuses donne envie de l'embrasser, sa fragilité apparente donne envie de la protéger. Sa peau est d'une blancheur extrême et de petites veines bleues parsèment son corps parfait.

Elle se dirige vers son lit. Celui-ci descend jusqu'au sol, lui permettant de monter, puis reprend sa position initiale, à un mètre du sol. La jeune fille rejette la couverture, et s'allonge. Elle se tourne et se retourne en s'étirant lascivement. Elle ne semble nullement étonnée par les va-et-vient de son lit.
Maintenant l'affiche est presque derrière elle. Là-haut, l'astre remplit une bonne moitié du plafond donnant à la pièce sa clarté de pleine lune.

L'adolescente s'endort, plongeant rapidement dans les hautes terres du rêve. Elle sait que c'est pour cette nuit. Elle le sent depuis plusieurs jours et elle est prête.
Elle s'enfonce dans le pays onirique, passe le portail magique.

Alors qu'au loin sonnent les douze coups de minuit, la chambre est baignée d'une lumière blanche et froide. L'affiche, imperceptiblement s'anime. Les yeux du jeune homme s'ouvrent, inspectent la pièce et se posent sur l'adolescente endormie devant lui. Peu à peu, son corps se met en mouvement, respire. Il tourne la tête, s'étire, reprend vie. Son visage est éclairé par la lune, ce qui lui donne un aspect un peu effrayant. Il sourit, un sourire de convoitise. Sa langue exsangue, passe et repasse sur ses lèvres pâles. Son sourire s'accentue laissant apercevoir ses petites canines, très effilées, très pointues comme deux petites aiguilles affûtées.

Lentement, il s'avance au bord de l'affiche, puis d'un bond léger, rapide et sans bruit, se laisse retomber derrière le lit et s'agenouille près de la jeune fille. Lentement, tendrement, avec des gestes d'une douceur diabolique, il commence à caresser l'enfant endormie.
Sa main glacée glisse sur les cheveux, puis descend jusqu'à la poitrine naissante. Un désir intense l'envahit. Il a faim d'elle, il a soif de sa vie.

Il s'allonge contre elle tout en continuant ses caresses. L'adolescente ouvre les yeux, elle a déjà senti, avant son réveil, la présence à côté d'elle. Son coeur s'affole et la peur entre en elle.
Il est si froid !
Le jeune homme s'étend sur elle. Il saisit doucement le petit visage entre ses mains. Elle plonge son regard dans le sien, se noyant dans ses yeux bleus acier. Le temps semble s'arrêter un instant puis l'enfant tourne lentement sa tête, offrant son cou, où palpite la veine jugulaire.

Le vampire approche son visage, son désir est à son comble. Il pose ses lèvres glacées sur le cou tendu vers lui, et y plante rapidement ses canines. L'enfant se tend brusquement, tentant d'échapper à l'étreinte monstrueuse. Mais il la tient fermement. Alors elle s'abandonne, laissant sa vie s'échapper doucement.

Le sang jaillit et coule en jets saccadés dans la gorge du jeune homme. Ses lèvres sont collées au cou de la jeune fille et aucune goutte ne s'échappe. Il boit sa chaleur, son énergie en reprenant force et vitalité.

L'étreinte diminue un peu. Le jeune homme rassasié a repris des couleurs. Il détache sa bouche rouge de sang du cou gracile et la pose tendrement sur celle de la jeune vierge. Elle entrouvre ses lèvres, essayant de lui rendre son baiser. Elle est très faible.
Il pourrait partir, la laisser, elle est si belle, si fragile.

Mais il ne peut pas. Son désir, un peu apaisé, le tenaille à nouveau. En même temps que sa langue froide pénètre la bouche offerte de l'enfant et avec infiniment de délicatesse et d'amour, il s'enfonce en elle, prenant sa virginité avec autant de désir, de passion et d'amour qu'il a pris son sang et sa vie.

Ses lents va-et-vient arrachent des gémissements à l'adolescente, elle sent la jouissance monter en elle, mais aussi chez l'être inhumain qui la possède. Elle sait qu'elle va mourir, mais son plaisir est tel, qu'elle veut aller jusqu'au bout de l'extase même si la mort en est le prix.
Leurs jouissances éclatent en même temps. La petite fille, son regard bleu perdu dans celui de son amant sanguinaire, laisse échapper sa vie dans un cri .

Le jeune vampire repu, s'écarte lentement de l'enfant étendue, la regardant une dernière fois. Elle est encore plus belle dans la mort. Il hésite, il peut encore la ranimer, la rendre tel que lui.
Il entend un hennissement long, déchirant, presqu'un cri humain. Il regarde l'affiche. Son cheval l'appelle.

D'un bond, sans un regard en arrière cette fois, il saute en selle et s'éloigne.

Il ne reste plus sur le mur, qu'une immense forêt de sapins.

Par Marion - Publié dans : nouvelles légères - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Lundi 7 avril 1 07 /04 /Avr 18:09


Vous qui me lisez et qui avez aimé "Une porte sur ailleurs", soyez heureux et heureuse, je publirai dans ces colonnes d'autres de mes écrits érotiques.

Avant que les blogs n'existent, ils s'entassaient dans des cartons, je vais pouvoir, grâce à celui ci vous faire partager quelques uns de mes écrits pas très sages !


Marion
Par Marion
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Dimanche 6 avril 7 06 /04 /Avr 15:32
Chapitre 9 (fin)

Michel s'éveilla pour sentir les premières gouttes de sang couler sur ses joues. Il était très fatigué. Son corps s'épuisait comme s'il se vidait réellement de son sang. Il avait l'impression de se trouver dans un espace légèrement décalé du monde réel et se sentait léger.

Marion posa ses mains sur ses joues et le sang à nouveau se tarit. Elle le caressa tendrement, le câlina.
-Est-ce que je guérirai ? demanda Michel.
- Je ne peux pas répondre dit Marion. Ta guérison ne dépend pas de moi.
- Et de qui ? De ton maître ?
- Ce n'est pas mon maître, répondit-elle doucement. Il est beaucoup plus que cela.
- Parle-moi, Marion. Je t'en prie. Je veux bien mourir, si c'est ta volonté, mais je voudrais savoir, avant.
- Je te répondrai demain.

Paul rendit visite à Michel dans l'après-midi et lui dit son inquiétude au sujet de Gabriel.
- Il n'est pas revenu ce matin dit-il.
- Peut-être est-il rentré chez lui ? dit Michel.
- Sans me dire au revoir ? Non, ce n'est pas son style. Je suis sûr qu'il lui est arrivé malheur.
- Il a sûrement été se promener ou prier !
- Non. Je les ai suivis hier soir. Il n'est pas ressorti de chez Marion. Je vais appeler la police.
- Ils ne le trouveront pas, dit Marion en entrant.
- Où est-il ? hurla Paul.
- Il a choisi son destin Paul. Tu ne peux faire qu'une seule chose pour lui, c'est prier.
Paul la regarda avec des yeux ronds.
Marion s'occupa de Michel et comme la veille, elle l'embrassa et il s'endormit jusqu'au lendemain.
Elle passa devant Paul en souriant, poussant l'audace jusqu'à lui caresser le visage.
- Veille sur lui, dit-elle.

Le démon l'attendait de l'autre côté de la porte. Il la serra contre lui, la posséda et jouit d'elle.
- Fais quelque chose pour Michel, demanda-t-elle.
- J'aime le voir souffrir.
- Oui, je sais, mais il va mourir s'il continue à saigner.
- Et bien qu'il meure ! jeta-t-il.
- Luc ! Je t'en prie ! Je te donnerai ce que tu voudras !
- Vraiment ? Tu es sérieuse ?
- Oui.
- Ce que je voudrai ? Sans concession ?

La jeune femme savait qu'en répondant par l'affirmative, elle s'engagerait dans quelque chose qu'elle regretterait peut-être, mais c'était le seul moyen de sauver Michel.
- Oui, dit-elle.
- Bien.
Il marqua un temps, puis continua :
- Tu vas l'amener chez toi, demain soir, face à la porte et je te permets de le préparer à ma vue dit-il.
- Que désires-tu en échange ?
- Toi.
- Mais tu m'as déjà !
- Oui, mais je romps notre pacte.
- Non ! supplia-t-elle. Je ne pourrai jamais me passer de la souffrance physique. Je ne peux la ressentir que dans un corps humain !
- Tu redeviendras un démon, continua-t-il imperturbable et tu resteras à mes côtés éternellement. Mais rassure-toi je continuerai à profiter de ton corps. Nos ébats seront différents c'est tout. Mais peut-être y gagneras-tu, ajouta-t-il souriant.

Marion était bouleversée. Mais elle savait que de toute façon aucun humain ne pouvait faire jouir son corps, alors à quoi bon ! Elle était persuadée que Luc trouverait le moyen de transformer ses sensations d'une autre manière. Il était profondément sadique et pour qu'il puisse jouir il lui faudrait bien une victime !
Elle rentra au petit matin et se rendit tout de suite chez Michel.

Paul était à son chevet. Michel dormait toujours mais le sang coulait abondamment de son visage. Marion se précipita et sans un mot et y posa ses mains. Mais il n'y eut aucun changement. Elle fit des passes, le magnétisa, souffla doucement, mais sans succès.
- Il faut l'amener chez moi, tout de suite ! dit-elle à Paul.
Ils le portèrent jusqu'à la voiture. Paul conduisait et Marion tentait d'éponger le sang.
- Dépêche-toi Paul !
Ils montèrent le petit perron et Paul s'arrêta.
- Je ne peux pas entrer, gémit-il.
- Si, viens ! Tu ne risques rien, je te le promets dit Marion.

Paul tremblait comme une feuille agitée par le vent, en franchissant le seuil, mais rien ne se passa.
- Mettons le sur mon lit, dit-elle. Et maintenant attends-moi dans la cuisine Paul.
Le prêtre obéit sans demander son reste.
La jeune femme se dirigea vers la porte du mur mais ne l'ouvrit pas.

- Donne-moi le pouvoir, aujourd'hui encore, et ma vie sera tienne dit-elle les paumes dirigées vers le mur, la tête renversée en arrière et les jambes légèrement écartées.
Un vent doux passa à travers le mur et l'enveloppa. Elle se retourna et s'approcha de Michel. Elle tendit ses mains au-dessus de son visage et le sang s'arrêta.
- Il va mieux, dit-elle en revenant dans le salon, près de Paul.
- Tu ne vas pas me prendre aussi, celui-là ? demanda-t-il.
- Non. Il te sera rendu sain et sauf demain. Mais tu dois nous laisser, à présent.
Elle le raccompagna jusqu'au seuil.
- Adieu, Paul dit-elle. Ne cherche pas les réponses, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir.

Elle retourna près de Michel.
- Réveille-toi ! ordonna-t-elle.
Le jeune homme ouvrit les yeux et regarda Marion.
- Mais, nous sommes chez toi ! s'exclama-t-il.
- Oui, il n'y a qu'ici que tu pourras guérir.
- Tu m'as dit hier, que tu ne pouvais pas.
- C'est vrai. Mais ce n'est pas moi qui vais le faire.
- Qui ? Vas-tu enfin me parler, Marion ?
- Ce n'est pas facile. Vois-tu, je ne suis pas la jeune fille que tu crois. Tu me vois sous une certaine apparence, mais ce n'est pas moi. En réalité, je suis une entité invisible, un ange déchu, chassé jadis avec mon maître. Il m'a permis de prendre forme humaine, avec la liberté d'en faire ce que je veux, sauf de me donner à un homme. J'ai pu ainsi faire le bien et guérir des tas de gens. Mais toutes les nuits je dois lui revenir, avec cette apparence-là et me soumettre à tous ses instincts même les plus cruels.
- Mais..
- Non, ne dis rien, laisse-moi continuer. Cet arrangement, je l'ai accepté librement et avec joie, car j'aime la souffrance. La possession d'un corps humain me donne la possibilité de ressentir la douleur et d'en jouir indéfiniment tant que dure le supplice.
- Je ne peux pas le croire ! C'est impossible !
- C'est vrai, Michel. J'ai obtenu de vivre avec un corps magnifique et toujours jeune. Paul a entrevu la vérité et Gabriel l'a payé de sa vie.
- Mon Dieu ! dit Michel. Où est-il ?
- Là-bas dit-elle en montrant le mur. Près de mon maître.
- C'est un démon, n'est ce pas ? demanda Michel.
- Il est plus que ça, répondit Marion. Il est Lucifer, ange de lumière, Prince des Enfers et des Démons, chassé par Dieu et exilé avec d'autres, dans le monde des ténèbres.
Michel la regarda les yeux exorbités.
- Que va-t-il se passer, maintenant ? demanda-t-il enfin.
- Il va venir te guérir, car lui seul, en a le pouvoir.
Soudain, il réalisait tout ce que Marion venait de lui apprendre, qu'il avait tant voulu savoir et qu'à présent il regrettait de connaître. Comment, un simple mortel, pourrait-il supporter la vue d'une telle monstrueuse entité ?
Il se mit à trembler de terreur.

Marion le caressa tendrement, comprenant sa peur. Elle ne lui dit plus rien, car elle n'était pas certaine de la suite. Allait-il se contenter de soigner Michel et de repartir ?
Elle était loin d'en être persuadée.
Ils restèrent sans parler très longtemps. Marion étanchait le sang toutes les heures.

En fin d'après-midi, un léger souffle se leva dans la pièce. Il était doux.
- C'est lui ? demanda Michel.
Marion acquiesça et posa ses lèvres sur la bouche du jeune homme. Leur baiser fut déchirant et bref, comme un baiser d'adieu.

Elle se dirigea vers la porte dans le mur et l'ouvrit. La lumière était aveuglante. Michel chercha à y plonger son regard, mais il fut ébloui par tant de clarté. Une ombre gigantesque s'avança. Le jeune homme déglutit. Tout ce qu'il savait sur le diable lui revenait en mémoire : l'aspect du bouc, l'odeur infâme, le feu de l'enfer, etc.... Toutes ses croyances terrifiantes d'enfant.
Mais il n'était rien de tel.
Face à lui, apparut un homme d'une beauté inimaginable. Son visage était fin, ses lèvres rouges, son regard intelligent et perçant. Ses longs cheveux noirs étaient retenus sur sa nuque. Il était grand avec de larges épaules. Il était entièrement vêtu de noir.
Il sourit en s'approchant de Michel qui était tellement terrifié qu'il faisait un effort incroyable pour ne pas s'évanouir. Mais il se sentait irrésistiblement attiré par cet être diabolique.
Il eut envie de s'offrir à lui. Il eut envie de lui donner son âme pour l'éternité. Il eut envie de lui offrir son corps en cadeau, pour son seul plaisir, pour qu'il en jouisse à tout jamais.
Il en était ainsi du pouvoir du diable.
Michel s'abandonna et ferma les yeux.

Le Prince des Enfers approcha sa main du visage mutilé. Ses ongles se posèrent sur chacune des stries qui s'étaient remises à saigner, et s'y plantèrent profondément. Michel frémit et se tendit, mais ne cria pas. Avec une lenteur exaspérante, les ongles de démon descendirent le long des entailles, semblant vouloir les creuser davantage. Mais après leur passage, la peau se refermait à vue d'œil. Michel souffrait bien plus que lorsque Marion l'avait blessé. La douleur s'était répandue dans tout son être comme une jouissance. Il la sentait, la respirait. Il aurait voulu que jamais, elle ne cessât.
Il comprenait, maintenant, ce que ressentait Marion lorsqu'elle s'abandonnait à la souffrance pour son plaisir mais aussi pour celui de cet être infernal et diabolique.
Puis tout fut fini. Michel ouvrit les yeux. Satan le regardait de ses yeux de braises.
- Prends-moi ! supplia le jeune homme.
- Non, Michel. C'est Marion que je veux. Elle s'est offerte pour toi, pour que tu guérisses. Aujourd'hui, je te laisse à la vie, je te laisse loin de moi. C'est ton prix à payer.
- NON ! hurla Michel.


Il voulut se lever, mais il était engourdi. Il vit partir Marion, la main dans celle de son amant infernal.
La porte lumineuse disparut et le mur se referma à jamais.


 


 

FIN

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Samedi 5 avril 6 05 /04 /Avr 19:33
Chapitre 8

Marion referma la porte d'entrée. Elle était épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir. Elle avait mis toute son énergie et sa rage dans son action contre Michel. A présent, elle regrettait. Il devait beaucoup souffrir.
Elle attendit le soir et traversa la porte sur l'autre monde.

La pièce où elle arriva n'était pas la même, mais Luc aimait les farces. Il la prit dans ses bras. Son baiser fut gourmand et possessif. Il lui arracha sa robe, la renversa à terre. Il lui écarta les cuisses brutalement, les plaquant au sol. Elle hurla lorsque ses deux fémurs se déboîtèrent de leur logement. Luc se laissa tomber sur elle de toute sa force et la prit sauvagement, déchirant son sexe. Le sang coula se mélangeant au sperme.
Elle ne put supporter une telle souffrance et perdit connaissance.
Il la frappa en plein visage.

Elle bredouilla :
- Pourquoi ?
- Je suis en colère et j'avais besoin de me défouler ! Tes humains me fatiguent ! explosa Luc. En paiement de la fillette, je veux le prêtre !
- Paul ?
- Non. Celui-là n'est pas dangereux, l'autre celui qui s'appelle Gabriel. Ah ! Il a bien choisi son nom !
- Je t'en prie Luc, j'ai mal ! supplia-t-elle.
- Je croyais que tu aimais ça ! dit-il en souriant. J'ai envie que tu souffres, pour me faire plaisir.

Marion regarda son amant, les yeux pleins de larmes. Elle ne dit plus rien et supporta puisque tel était son plaisir.
Luc posa ses lèvres sur son sexe et la lécha tendrement, puis il prit son visage dans ses mains et lécha aussi ses larmes tout le temps qu'elles coulèrent. Lorsqu'il en eut assez, il prit les cuisses de sa maîtresse et d'un coup sec les remit en place. Elle hurla à nouveau, mais un long baiser l'empêcha de s'évanouir.

- Tu vas m'amener Gabriel, ici, dit enfin Luc
- Ici ! mais tu vas devoir le tuer !
- C'est bien ce que j'ai l'intention de faire, mais avant je veux m'amuser un peu avec lui. Il veut savoir ce qui se passe dans ta maison et si le diable s'y trouve ? Et bien nous allons répondre à ses questions !
- Luc ! s'exclama Marion.
- Obéis ! En échange, je te permets de soulager ton Michel qui est en train de mourir.
- Comment ça ? interrogea-t-elle.
- Oui, je ne te l'avais pas dit, mais les blessures que tu lui as faites ne cicatriseront jamais !
- Luc ! Tu ne peux pas faire ça, supplia Marion.
- Tu sais très bien que je fais ce que je veux ! Va ! Retourne là-bas et sers-moi !

Marion se leva et se dirigea en tremblant vers la porte scintillante.
Elle se laissa tomber sur son lit après avoir fait disparaître toutes les traces de son étreinte nocturne.

Chez Michel, les deux prêtres étaient à court de compresses. Ils priaient à tour de rôle pour tenter de trouver un secours dans les cieux. Mais, il leur vint des enfers !
- Gabriel, il saigne à nouveau ! dit Paul. Qu'allons-nous faire ?
- Michel ! Réveille-toi, le stimula Gabriel.
- J'appelle l'hôpital dit Paul.
- Ça ne servirait à rien, dit Marion.
Elle venait d'apparaître comme par magie, dans la pièce.
- Comment es-tu entrée ! s'exclama Paul.

Puis se reprenant :
- Sors d'ici ! Tu as fait suffisamment de mal, sorcière !
- Je suis peut-être une sorcière, mais je suis la seule à pouvoir le soulager. Ecarte-toi ordonna-t-elle.

Le ton de sa voix était sans réplique. Paul la laissa s'approcher de Michel.
Elle regarda son amant d'un jour, presque tendrement. Elle posa ses paumes sur le visage sanguinolent. Le sang s'arrêta de couler immédiatement. Elle souffla doucement.
- Réveille-toi Michel dit-elle doucement.
Le jeune homme ouvrit les yeux et immédiatement la souffrance et la terreur les remplirent.
- J'ai mal, implora-t-il.
- Je sais. Calme-toi et respire profondément.

Marion fit de grands gestes amples au-dessus du visage de Michel et au bout de quelques instants, la douleur avait totalement disparu.

Paul et Gabriel regardaient, sidérés. La puissance de guérison que dégageait Marion était extraordinaire.
- Tu l'as guéri ! s'étonna Gabriel.
- Pas tout à fait, dit Marion en se retournant vers lui. Simplement, il ne souffrira plus. Mais je ne peux pas arrêter le saignement.
- Mais, il ne saigne plus ! dit Paul.
- Pour l'instant, mais ce n'est qu'une accalmie, dans une heure environ cela recommencera.
- Mais pourquoi ne l'arrêtes-tu pas définitivement ? demanda Gabriel.
- Parce que la décision ne m'appartient pas, dit Marion lentement.
- Et à qui appartient-elle ? demanda Gabriel.
- Tu poses beaucoup trop de questions, mais si tu veux les réponses, viens chez moi, ce soir ! répondit-elle avec un air de défi dans la voix.

Avant de partir Marion se retourna vers Michel.
- Je te demande pardon dit-elle, je ne voulais pas aller si loin. Appelle-moi chaque fois que le saignement recommencera.

Les trois hommes se regardèrent. Michel se redressa et voulut aller se regarder dans la glace.
- Reste allongé Michel dit Paul.
- Mais je ne vais pas rester couché le restant de mes jours !
- Non, dit Gabriel. Ce soir j'irai là-bas et je ramènerai de quoi te guérir.
- Si tu y vas, tu n'en reviendras pas dit Paul. Et tu le sais très bien.
- Peut-être, mais cela vaut la peine d'essayer.

Maintenant, je vais vous laisser et aller prier.
Le saignement reprenait toutes les heures avec une régularité diabolique. Chaque fois, Marion magnétisait le visage du jeune homme et l'hémorragie s'arrêtait.
Au coucher du soleil, Michel demanda :
- Tu viendras cette nuit ?
- Non, tu sais bien que je ne peux pas. Mais ne t'inquiète pas. Tu n'auras pas besoin de moi avant demain matin. Je serai à tes côtés lorsque les premières gouttes de sang apparaîtront, je te le promets.
Elle se pencha sur son visage et posa tendrement ses lèvres sur sa bouche, puis elle sortit rapidement. Michel sentit ses paupières se fermer et il s'endormit.

Marion passa devant la petite église. La porte était ouverte et elle vit Gabriel à genoux devant l'autel. Elle s'avança dans la nef. Le prêtre sentit sa présence et se retourna.
- C'est l'heure, dit-elle simplement.
- Je suis prêt répondit Gabriel. Puis-je te poser une question ?
- Dis toujours.
- Comment fais-tu pour entrer dans cette église, car tu es bien d'essence démoniaque n'est ce pas ?
- Là, où tu te rends ce soir, il sera répondu à toutes tes questions. Mais sache qu'il y a des tas d'humains et d'esprits dans les églises et pas seulement des bons ou des purs. Ne retarde pas l'échéance. Viens, Gabriel.
Marion lui tendit la main, souriante. Il la prit et la suivit.

Paul essaya de le retenir, mais Gabriel leva la main.
- Laisse-moi, Paul. Je dois y aller.
Le calme régnait dans la petite maison,. Marion amena Gabriel dans sa chambre et fit apparaître la porte dans le mur. Elle scintillait. Les bords en étaient toujours flous, mais cette fois des flammes s'en échappaient. La chaleur qu'elle dégageait était suffocante. Gabriel recula.
- Déshabille-toi ! ordonna Marion. Tu dois laisser derrière toi, ce que fut ta vie et tous les objets qui représentent ton ministère.
- Non, Marion, je ne peux pas, dit Gabriel soudain paniqué.
- Mais, si tu peux. Tu dois aller à Satan, Maître des Enfers, dans le même état que tu es venu au monde humain ; entièrement nu. Tu vas lui offrir ton corps pour qu'il en jouisse et ton esprit pour qu'il en soit le maître. Tu vas lui donner tout ce que tu offris jadis à Dieu.

Elle se mit face à lui et plongea ses yeux bleu foncé dans les siens. Son regard le prit, imposant sa volonté. Elle l'aida à se dévêtir.
Il s'approcha de la porte malgré la fournaise. Ses cheveux commencèrent à se consumer, son corps rougit, son sexe se dressa.
- Avance, dit-elle.

Et Gabriel traversa la porte de feu, suivi de Marion.
Paul et Michel ne le revirent jamais.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Samedi 5 avril 6 05 /04 /Avr 19:15
Chapitre 7

Un après-midi, elle fut appelée à l'école car une fillette était tombée d'un mur sur lequel elle s'était réfugiée poursuivie par un garçonnet.
La petite fille souffrait beaucoup et pleurait bruyamment. Elle était allongée sur une table et s'accrochait désespérément à Michel. Marion, sans regarder le jeune homme, examina rapidement l'enfant.

- Sa jambe est brisée en plusieurs endroits, dit-elle. Il faut l'emmener à l'hôpital.
- Ce n'est pas possible dit Michel. Il y a eu un éboulement sur la route et elle est coupée. Nous sommes isolés du monde pour un jour ou deux, peut-être plus. Tu dois la soigner Marion, ici.
- Mais ce sont des fractures ! Il faut les réduire chirurgicalement, je ne suis pas médecin.
- Tu es beaucoup plus et je suis sûr que tu peux, si tu le veux dit-il l'air narquois. Tes pouvoirs ne sont-ils pas immenses ?
Marion ne releva pas l'ironie tout juste aimable de Michel.

- Je vais voir ce que je peux faire dit-elle. Mais il faut la transporter chez moi.
Le père de la fillette la prit dans ses bras. Michel les accompagna.

L'enfant fut allongée sur le lit de Marion. La jeune femme fit quelques passes avec ses mains au-dessus de la fillette qui s'endormit aussitôt.
- Maintenant, sortez dit-elle. Toi aussi, Michel.
- Non.
Il la regarda bien dans les yeux, la défiant.
- Ne me provoque pas, Michel, s'il te plaît, dit-elle, soudain nerveuse.
- Je reste là, répondit-il. Je veux te voir à l'œuvre.
- Venez Michel, dit le père de la fillette.
- Sors ! ordonna-t-elle. Tout de suite ! Cet enfant a besoin de soins et je n'ai pas le temps de m'occuper de toi.
- Il n'en est pas question ! cria-t-il.
- Très bien. Si tu le prends comme ça tu vas voir une partie de mes pouvoirs qui t'intéresse tant.
Marion était furibonde. Pourquoi Michel était-il aussi têtu ? Il la poussait dans ses limites, sans se rendre du compte du danger. Alors, elle fit quelque chose d'irrémédiable. Elle se dirigea vers la porte du mur, mais ne l'ouvrit pas. Elle ferma les yeux.
- Luc ! dit-elle simplement, en présentant les paumes de ses mains, à la porte.

Il était très rare qu'elle utilise ce prénom. Il lui servait uniquement dans les cas extrêmes.
Michel regarda la jeune femme.
Elle sembla grandir, devenir lumineuse. Puis, elle se retourna. L'éclat sombre de ses yeux, le terrifia.
Un instant, il regretta, mais c'était trop tard. Le vent se leva dans la pièce faisant voler les longs cheveux de Marion. Elle tendit les bras vers lui et souffla. Il fut projeté à travers la pièce, manqua de peu l'ouverture de la porte de la chambre et se retrouva à terre, au milieu de la cuisine. Elle s'approcha de lui et leva la main vers le visage du jeune homme, écartant légèrement les doigts. Michel vit nettement ses ongles et frémit. Ils étaient pointus, légèrement recourbés et mesuraient au moins cinq centimètres. La main droite de Marion lui cingla le visage et ses ongles creusèrent cinq profondes ornières sur sa joue. Il hurla, posa sa main sur son visage et vit le sang. Il gémit de douleur et recula jusqu'à la porte.
- Sors ! Ou je continue dit-elle avec une voix entourée d'écho.
Cette fois le jeune homme, paniqué, obéit.
Il sortit hébété et s'évanouit sur le perron.
Paul qui avait été averti, se précipita et l'emmena rapidement.


Une fois seule, Marion ouvrit la porte dans le mur et Luc entra. Il ressemblait à un humain comme tous les autres, juste un peu plus grand et avec un regard fascinant.
- Je vais t'aider, dit-il. Mais c'est exceptionnel et je veux quelque chose en échange.
- Tout ce que tu voudras, mon aimé, mais guéris cette petite fille, elle souffre beaucoup.
- Je te dirai mon souhait ce soir, répondit-il.

Il s'approcha de l'enfant et posa ses mains sur sa jambe, quelques secondes. Les os se remirent en place instantanément. La petite fille soupira dans son sommeil.
L'être se tourna vers Marion, lui caressa la joue, puis il franchit la porte lumineuse qui se referma derrière lui.
Marion prit la fillette dans ses bras et la rendit à son père qui la remercia sans poser de questions.

Le village, un peu reculé dans une campagne oubliée, avait depuis longtemps accepté Marion. On la prenait pour une fée, plutôt que pour une sorcière. Même si parfois, comme avec la fillette de l'école, ses guérisons étaient pour le moins extraordinaires, personne ne posait de questions, ni ne cherchait d'explication.

Seuls, Paul et Michel étaient trop curieux. Marion pensait qu'en ce qui concernait le premier, l'avertissement avait porté ses fruits, mais Michel ne s'avouerait pas battu, malgré la douleur et la peur qu'elle lui avait faites, elle en était certaine. L'autre homme l'inquiétait aussi. Celui-là était plus subtil que les deux autres et ne mettrait pas longtemps à découvrir son secret, elle en avait bien peur.

Michel n'avait pas repris connaissance. Paul était penché sur lui. Il avait lavé les sillons profonds. Mais le sang coulait toujours malgré les compresses hémostatiques. Il les avait déjà changées plusieurs fois, mais rien n'y faisait.
- Ecarte-toi, une seconde dit Gabriel.
Il tendit ses deux mains à quelques centimètres du visage de Michel et ferma les yeux. Il se concentra. Tout à coup, il respira plus vite et se mit à trembler. Paul l'observait mais ne fit rien jusqu'au moment où Gabriel fut agité de secousses violentes. Il ouvrit les yeux. Ils étaient écarquillés et brouillés de larmes. La terreur se lisait dans son regard. Et pendant une seconde, Paul eut l'impression que quelqu'un d'autre regardait par ses yeux. Quelque chose de noir et de puissant. Il frissonna.
Gabriel bredouilla quelque chose que Paul ne comprit pas. Celui-ci le prit par les épaules et le secoua quand il s'aperçut qu'il était ailleurs.
- Gabriel ! Reviens avec nous ! Réveille-toi !
Il le gifla.
Gabriel le regarda avec étonnement puis réalisa.
- C'est un démon, qui a fait ça, Paul et pas n'importe lequel. Il est extrêmement puissant.
- Ce n'est pas Marion ?
- Non, elle n'a été que le bras. Mais elle est très forte, elle aussi.
- Il faut que je te dise quelque chose, dit Paul.
Et il raconta l'épisode qu'il avait vécu, chez Marion, peu après son arrivée.
- Alors, il n'y a plus de doute dit-il. Nous nous trouvons devant un phénomène satanique très important.
- Qu'allons-nous faire ? demanda Paul.
- Tout d'abord, trouver le moyen de soigner Michel, car s'il continue à saigner, il n'en a pas pour bien longtemps.

Par Marion - Publié dans : Une porte sur ailleurs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 19:16

Chapitre 6


Un mois plus tard, Paul accueillit son ami Gabriel, à la descente du bus. Après leur conversation téléphonique, ce dernier avait expédié ses affaires en cours et il était venu se rendre compte sur place.
Les deux prêtres entrèrent à l'église, se recueillir quelques minutes.

Puis, ils allèrent chercher Michel à l'école et décidèrent de profiter de l'absence de Marion pour visiter sa maison.
Paul refusa de pénétrer dans la maison. Gabriel précéda Michel qui resta prudemment dans la cuisine.
Le prêtre posa sa main sur le radiateur. Il était chaud. Il s'avança vers la chambre, mais ne put en franchir la porte.
- Michel ? appela-t-il.
- Que se passe-t-il ?
- Je ne peux pas entrer ! On dirait un champ de forces.
- Laisse-moi essayer, dit Michel.
Mais ils eurent beau faire. La porte était ouverte, ils voyaient le givre sur les meubles, ils sentaient le froid, mais un mur invisible et impénétrable se dressait devant eux.
Gabriel promenait ses mains sur la surface dure, cherchant un point plus souple. Il les immobilisa bien au centre.
- Pose tes mains à côté des miennes dit-il à Michel.
Il se concentra et tenta de percer le mur par la pensée.
Une violente bourrasque, venue de la chambre, s'engouffra soudainement dans le salon, renversant les deux hommes, sur son passage. Le froid glacial gagna le reste de la maison, gelant tout sur son passage. L'odeur de souffre se répandit, lourde, entêtante. Un mini tornade s'enroula autour de Gabriel, le lançant dans les airs. Il retomba durement sur le plancher. Michel fut poussé brutalement contre le mur de la cuisine et reçu la table sur le bras, qu'elle faillit bien lui briser.

- Foutons le camp ! hurla Paul depuis le seuil.
Les trois hommes sortirent en courant. Ils se retournèrent vers la maison, où le calme était déjà revenu.
- Mais ce n'est pas possible ! dit Michel. Nous n'avons pourtant pas rêvé !
- Non, mon ami, dit Gabriel. Mais si tout ceci n'est pas l'œuvre du démon, cela y ressemble fortement.
- Qu'en penses-tu ? demanda Paul.
- Je ne suis pas resté assez longtemps répondit Gabriel, mais je pense qu'il s'agit d'entités, dont une est extrêmement puissante. Elle protège la maison, c'est indéniable.

- Comment cela ? Il y en a plusieurs ? demanda Michel.
- Oui, il y a deux. Et votre amie est l'une d'entre elle, ajouta-t-il.
- Que veux-tu dire ? demanda Paul éberlué.
- Je ne sais pas au juste, il faudrait que je retourne dans la maison, mais je sens deux présences distinctes et elles ne sont pas humaines.
- Tout ça n'est pas sérieux ! s'écria Michel. Marion est une jeune femme, en chair et en os, victime d'un sadique et d'un fou et vous me parlez d'entités démoniaques !
- C'est très sérieux Michel, dit Gabriel. Mais je n'ai pas dit qu'elles étaient démoniaques, du moins pas encore.
- Vous êtes aussi fous l'un que l'autre dit Michel.
Et, il tourna les talons.
Gabriel fit le tour de la maison pour chercher un détail pouvant appuyer sa théorie mais ne trouva rien. Il décida de rester encore quelques jours afin d'attendre le retour éventuel de Marion.

Le lendemain, Michel s'apprêtait à partir pour l'école lorsque la sonnette retentit. Il fut cloué sur place en voyant Marion.
- Toi ?
- Je suis revenue, dit-elle simplement.
- Mais j'étais fou d'inquiétude dit Michel. Où étais-tu ?
- J'ai été malade, répondit-elle. Tu me laisses entrer ?
- Bien sûr, excuse-moi, mais je ne m'attendais vraiment pas à toi.

Il la prit par les épaules et l'emmena sur le canapé. Il lui prit les mains et les caressa, mais Marion se dégagea.
- Non ! dit-elle. Je ne veux plus te voir, Michel, ajouta-t-elle doucement.
- Mais pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fait ?
- Rien. Justement. Tu n'as rien fait. Mais nous en avions déjà discuté et je crois que cette fois, nous en resterons là. Je veux bien rester ton amie, mais rien de plus.
- Mais, Marion, je t'aime.
- Je sais, Michel, mais rien n'est possible entre nous.
Le jeune homme voulut la prendre dans ses bras, pour la faire changer d'avis, mais elle se déroba et s'enfuit en claquant la porte.

Michel ivre de tristesse, la laissa partir. Il ne savait plus que penser, ni que faire. Ses amis auraient-ils raison ?
Il décida d'élucider le mystère de Marion.
Accompagné de Gabriel, il se rendit tous les soirs observer le rectangle lumineux dans le mur de la maison. Ils voulurent plusieurs fois approcher tout près pour voir à l'intérieur mais le même champ de forces que dans la maison les en empêchèrent.
Marion les avait vus mais ne les avait pas chassés. Elle en avait parlé à son amant gigantesque qui avait simplement sourit énigmatiquement. Il aurait pu effacer la lumière sur le mur, mais il n'en avait rien fait et Marion ne lui en avait pas demandé la raison.

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