Le blog de Marion

REVERIES

 

 

On accédait au village par une petite route tortueuse, pleine d'ornières. Elle montait en serpentant, traversait les prés et les bois, pour s'arrêter sur la place du hameau. Il était accolé à la montagne, à plus de 1400 mètres d'altitude, au coeur des Pyrénées espagnoles.
Les maisons étaient grises, du gris des ardoises qui les recouvraient. Elles étaient pelotonnées les unes contre les autres, pour se tenir chaud l'hiver et pour se protéger du soleil l'été. Les rues étaient très étroites, ne laissant passer que les charrettes tirées par les chevaux. De temps à autre, un troupeau de vaches remontait le chemin, troublant quelques minutes, avec leurs cloches, le calme du petit village.


Mélanie descendit de sa voiture, qu'elle avait garé sur la place. Elle s'arrêta devant sa nouvelle maison et resta un long moment à la contempler. Elle était construite en grosses pierres des montagnes. Ses petites fenêtres étaient fermées par de coquets volets de bois. Un étroit balcon courait le long de la façade.
La jeune femme trouva la maison charmante se réjouit des vacances qu'elle allait y passer.
Elle tourna la longue clé dans la serrure. La porte s'ouvrit en grinçant. Elle entra en tâtonnant pour trouver l'interrupteur. La lumière jaillit.


A gauche, se trouvait un tas de bois, bien rangé. C'était un bois beaucoup plus foncé que celui qu'on trouvait dans nos régions. Il était presque noir et Mélanie n'en avait jamais vu. Une odeur troublante et indéfinissable s'en dégageait.
Un escalier partait, face à la porte d'entrée.
Mélanie monta lentement. Au premier, il y avait une grande salle, une cuisine, une chambre et une pièce-cheminée. Deux bancs étaient fixés sur les deux autres murs. La jeune femme imaginait sans peine les soirées au coin du feu qu'elle allait s'offrir, allongée sur un banc à regarder les flammes crépiter.


Elle ouvrit tous les volets laissant entrer la lumière du jour. Toutes les pièces étaient meublées avec rusticité et bon goût. Elle rangea ses affaires, savourant le calme et le silence.

Le soir venu, elle alluma un bon feu dans la cheminée. Le parfum qui se dégageait de l'âtre l'enivrait un peu. Il ressemblait à une essence de bois exotique mais Mélanie ne parvenait pas à le définir. Ses yeux se fermèrent et elle perdit peu à peu conscience de ce qui l'entourait, à mesure qu'elle respirait les émanations du bois embrassé.
Elle s'endormit lentement, s'enfonçant inexorablement dans le monde onirique.


Elle descendait un grand escalier de pierres. Elle était terrorisée. L'homme qui la suivait la poussait de sa lance pointue. Elle avait les bras attachés dans le dos. Elle s'arrêta sur le seuil d'une salle ronde. Au centre, se trouvait une grande table et sur les murs pendaient des menottes. Mélanie chercha à s'échapper mais son geôlier la rattrapa et l'attacha contre le mur. Elle cria.
- Cela ne sert à rien, dit un homme en entrant, on ne vous entendra pas.


Il était d'une beauté à couper le souffle. Mélanie malgré sa peur, ne pouvait en détacher son regard. Il était grand. Ses cheveux d'un noir de jais, bouclés, lui retombaient sur les épaules. Ses yeux étaient d'un bleu profond, ce qui lui donnait un regard d'acier, cruel mais aussi envoûtant. Il était vêtu d'un collant noir et d'une chemise en satin toute aussi noire. Son corps était parfait. Il tenait un long fouet dans sa main.
Mélanie était complètement subjuguée. Elle était partagée entre le désir de vouloir s'échapper et celui de se blottir dans les bras de l'inconnu. Elle était à la fois paniquée et très excitée.


Il s'approcha d'elle et leva le fouet.
A ce moment un jeune homme fit irruption dans la pièce, tendit ses bras en avant. De ses mains partirent deux éclairs aveuglants qui entourèrent l'homme en noir. Celui-ci disparut instantanément.
Mélanie en resta la bouche ouverte de stupeur. Le jeune homme était aussi blond que l'autre était brun. Il était identique à l'homme qui venait de s'évanouir dans l'air, sauf qu'il était vêtu de blanc. Ses yeux étaient du même bleu, mais son regard était très doux.
Il détacha la jeune fille, la prit dans ses bras et l'embrassa sur les lèvres.


- N'aie plus peur, il est parti lui dit-il.
- Qui était-ce ?
- Personne, n'y pense plus.
- Mais ...
- Chut ! Ne dit rien. Je vais te ramener chez toi.


Mélanie se laissa emmener par le jeune homme. Il sortirent de la cave et remontèrent l'escalier. Ils s'arrêtèrent devant une porte massive.
- Derrière cette porte se trouve ta maison, Mélanie. A bientôt. Tiens, voici un petit souvenir.
Il attacha à son cou un petit médaillon en forme de cœur. Puis il l'embrassa à nouveau et la poussa vers la porte qu'il referma sur elle.


Mélanie se réveilla sur le banc de la cheminée. Elle se rappela son rêve avec un soupir, regrettant presque que ce ne fut pas la réalité. Ces garçons étaient tellement beaux !
Elle se leva, éteignit le reste du feu et alla se coucher dans son lit. Elle dormit jusqu'au matin, sans plus rêver.

Le lendemain, elle finit de s'installer puis décida d'aller visiter le grenier.
Il était très encombré par des cartons de vêtements, de livres et des vieux meubles. Tout cela était sans intérêt. Elle allait partir quand elle découvrit dans un coin, une boîte remplie de photos.


Elle prit le carton et descendit s'installer dans un fauteuil pour les regarder. Sur plusieurs d'entre elles, Mélanie reconnut la maison, mais elle était différente. Elle avait été transformée au fil des générations et de ses habitants.


Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'elle découvrit sur l'une des photos, le jeune homme de son rêve ! A en croire ses vêtements, il avait vécu dans la maison, vers le milieu du siècle dernier. Elle s'aperçut de l'existence d'une porte, aujourd'hui disparue, en bas dans l'entrée. Elle menait très certainement à une cave.

 

( à suivre ...)

 

Mar 15 avr 2008 1 commentaire
Bonsoir, Marion, je t'invite à la découverte de mon blog, merci, Pascal.
Djemaa Pascal - le 01/08/2008 à 20h58